Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

3743 Billets

6 Éditions

Billet de blog 11 avril 2019

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

De l'interdiction d'épouser son psychiatre

Le psychiatre Richard Diver promu à un brillant avenir professionnel tombe amoureux de sa patiente Nicole Diver, riche héritière, et l'épouse.

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
© DR

Sortie du combo Blu-ray / DVD : Tendre est la nuit de Henry King

Après avoir réalisé avec Un matin comme les autres (Beloved Infidel, 1959) une adaptation d'une autobiographie de Sheilah Graham où l'écrivain Francis Scott Fitzgerald était l'un des personnages principaux, Henry King pour son dernier film retrouve cet auteur qu'il affectionne en adaptant son livre Tendre est la nuit (1934). Le livre est nourri de l'expérience personnelle de l'écrivain et des crises de schizophrénie de sa femme Zelda. La peinture psychologique de personnages déchirés au cœur de leur amour devient une exploration de l'âme humaine et plus particulièrement d'une élite oisive dans laquelle les grands esprits brûlent leur âme. On imagine très bien à quel point l'écrivain a mis ses propres souffrances dans cette histoire. Pour son dernier film, Henry King qui a traversé près d'un demi-siècle de cinéma, voyant le développement colossal de l'industrie hollywoodienne jusqu'à ses premiers signes de faiblesse, tourne en Europe, en France, en Suisse et en Italie. C'est une manière de dire adieu à Hollywood en prenant un sérieux recul et aussi de s'imprégner pleinement du mal être de ces richissimes américains qui ne veulent pas s'intégrer à la réalité sociale locale et deviennent alcooliques par mondanité affichée.
Le film est un peu long pour arriver à son dénouement et aurait mérité un développement conséquent du personnage féminin pour faire comprendre toute la complexité de l'amour qui unit et déchire ce couple. Jennifer Jones n'a pas d'opportunités pour déployer la complexité de son jeu et le déroulement du film ne permet pas de comprendre l'évolution psychologique de son personnage. Pourtant, la relation amoureuse entre le psychiatre et sa patiente, leur mariage et l'évolution au fil du temps de leurs personnalités en interdépendance l'un vis-à-vis de l'autre, aurait été passionnante à suivre. Il n'en reste que la lente déchéance d'un homme promise à une gloire certaine et qui se brûle les ailes dans un monde qui lui offre les facilités de briller en société mais laisse un immense creux insondable au plus profond de lui. Jason Robards est hélas peu convaincant dans le rôle du psychiatre même s'il l'est davantage en tant que play-boy. La psychanalyse tout comme la psychiatrie sont très vite évacués et l'on ne saura jamais exactement l'origine de la souffrance du personnage féminin principal interprété par Jennifer Jones, laissant vaguement planer l'éventualité d'un inceste entre le père et sa fille.
Dans ce monde fastueux, ce qui ressort le plus souvent, c'est à quel point la puissance de l'argent rend putrides les relations entre les personnes, qu'il s'agisse de ce puissant homme d'affaires torturant son fils placé en maison de santé parce qu'il ne répond pas à ses critères de virilité, de l'attitude de toute une cours attirée par l'argent et qui ne joue que des relations artificielles et hypocrites... Henry King qui a souvent bénéficié de budgets conséquents pour la réalisation de ses films, semble dresser avec cet ultime film un constat d'amertume à l'égard de l'industrie hollywoodienne qui lui aurait brûler les ailes de son intégrité créative, à l'instar du personnage F. Scott Fitzgerald qui s'autodétruit après avoir été exclu d'Hollywood dans son film Un matin comme les autres incarné par son acteur fétiche Gregory Peck.

Illustration 2

Tendre est la nuit
Tender Is the Night
de Henry King
Avec : Jennifer Jones (Nicole Diver), Jason Robards (docteur Richard « Dick » Diver), Joan Fontaine (Baby Warren), Tom Ewell (Abe North), Cesare Danova (Tommy Barban), Jill St John (Rosemary Hoyt), Paul Lukas (docteur Dohmler), Bea Benaderet (Mme McKisco), Charles E. Fredericks (M. Albert Charles McKisco), Sanford Meisner (docteur Franz Gregorovious), Mac McWhorter (Colis Clay), Albert Carrier (Louis), Jean De Briac (docteur Faurore), Michael Crisalli (Daniel), Louis Mercier (le concierge)
USA, 1962.
Durée : 142 min
Sortie France du combo Blu-ray / DVD : 27 février 2019
Couleur
Langues : anglais, français - Sous-titres : français.
Éditeur : BQHL Éditions
Bonus :
Livret 28 pages : « Jennifer Jones, l'indomptable captive »

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.