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Billet de blog 11 novembre 2014

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Quand la testostérone revisite les années 1970

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Sortie DVD de X-Men : Days of Future Past, de Bryan Singer

En 2023, la Terre est devenue la scène d’un véritable holocauste, où les mutants ainsi que leurs alliés et potentiels géniteurs sont traqués et exterminés sans merci par de redoutables armes de guerre : les Sentinelles. L’équipe des X-Men dirigée par Charles Xavier et Magneto se retrouve incapable de faire face. Leur seule solution : retourner dans le passé pour éviter un assassinat perpétré par Mystique/ Raven à l’origine du péril à venir. C’est Logan qui est envoyé en 1973 pour tenter l’impossible.

Illustration 1
© 20th Century Fox

En 2011, la saga des X-Men se poursuivait après la trilogie à succès (à l’exception du dernier opus) des années 2000 avec un reboot réalisé par Matthew Vaughn : X-Men : Le commencement (X-Men : First Class). C’était là une belle manière de faire revivre l’univers des X-Men en se basant sur un judicieux choix de casting : James McAvoy et Michael Fassbender, respectivement dans les rôles de Charles Xavier et Magneto, avant qu’ils ne deviennent les figures charismatiques plus âgées. En faisant renaître la saga dans le contexte historique des années 1960 aux États-Unis alors en pleines luttes pour les droits sociaux des minorités, la métaphore du combat des mutants pour avoir une place dans la société prenait toute sa portée. Chaque personnage avait le temps de naître à l’écran, avec sa complexité psychologique, ses dilemmes propres à tout être humain : la différence qu’apportait le mutant se comprenait alors aisément comme la métaphore de l’altérité que recèle chaque individu. La suite du premier opus de cette nouvelle trilogie (annoncée puisque Apocalypse est prévu pour 2016) était enthousiasmante. Dans Days of Future Past, c’est Bryan Singer himself, réalisateur des deux premiers opus des années 2000 et producteur du premier reboot, qui revient aux commandes, reprenant quelques idées seulement du scénario initial de Matthew Vaughn. Comme pour mieux s’approprier cette nouvelle histoire aux yeux de tous, il commence par retrouver les X-Men des années 2000, cédant la place rapidement à la nouvelle génération. Leur présence est brève mais hautement symbolique : Bryan Singer semble soucieux de vouloir récupérer pour lui seul son jouet à succès dans lequel il put si brillamment inclure tous ses thèmes de prédilection. Mais le résultat rend malheureusement l’œuvre désarticulée : la greffe entre le film de Matthew Vaughn et les films de Singer a du mal à prendre, parasitée par une figure omniprésente, volonté explicite des producteurs : Wolverine. On y perd tout l’intérêt du film choral des X-Men, où chaque altérité peut être présentée incarnée par un personnage métaphore d’une minorité sociale marginalisée par un certain ordre social dominant, oppressant et intolérant. Ici, c’est le mâle tout en muscles qu’est Wolverine qui est censé représenter presque à lui tout seul tous les faibles, les marginaux de la société. À travers lui, dominent dans le film des relents nauséabonds de revanche machiste d’hommes qui s’unissent pour vaincre une femme qui a osé prendre son indépendance : Mystique / Raven. Telle une nouvelle Ève biblique, il s’agit aux hommes de revenir sur le passé contrer la faute originelle de la femme pour éviter l’enfer sur Terre. Il est éloquent qu’aucune femme n’ait le droit à la parole parmi les personnages principaux (confère une Tornade interprétée par Halle Berry totalement muette) alors que le seul personnage vraiment intéressant, Mystique, aurait gagné à être étoffé, elle qui prend son indépendance face aux deux figures masculines qui tentent de la dominer : Magneto et Charles Xavier (se rappeler du passage où ce dernier lui demande mot pour mot de « rentrer à la maison »). Il faut lire à cet égard l’analyse détaillée et très éclairante de Paul Rigouste sur le site Le cinéma est politique.

Illustration 2
© 20th Century Fox

Le scénario est globalement très déséquilibré, peu convainquant dans ses propositions et dans ses pires moments foncièrement misogyne. Côté action, on peut relever un véritable moment de bravoure que constitue la scène d’évasion de Magneto des sous-sols de la Maison Blanche, dominée par la performance d’un nouveau venu : Evan Peters dans le rôle de Vif Argent (Quicksilver). Il faut préciser qu’il s’agit d’une prouesse technique réalisée grâce à une caméra enregistrant 3600 images par seconde ! Hélas, c’est le seul temps fort d’action du film. On ne s’ennuie pas, mais difficile d’attiser son intérêt lorsque l’on fait si peu de découvertes du côté des péripéties comme du côté des personnages. Il y a du moins une scène finale assez ambiguë dont on attend avec impatience la révélation dans l’épisode final de la trilogie. Mais c’est bien peu par rapport aux attentes de First Class, comme des Singer’s X-Men des années 2000.

Illustration 3

X-Men : Days of Future Past

X-Men : Days of Future Past

de Bryan Singer

Avec : Hugh Jackman (Logan / Wolverine), James McAvoy (Charles Xavier), Michael Fassbender (Erik Lehnsherr / Magneto), Jennifer Lawrence (Raven / Mystique), Halle Berry (Storm), Nicholas Hoult (Hank / Beast), Anna Paquin (Rogue), Ellen Page (Kitty Pryde), Peter Dinklage (Dr. Bolivar Trask), Shawn Ashmore (Bobby / Iceman), Omar Sy (Bishop), Evan Peters (Peter / Quicksilver), Josh Helman (Maj. Bill Stryker), Daniel Cudmore (Colossus Bingbing), Bingbing Fan (Blink)

États-Unis – Royaume-Uni - 2014.

Durée : 126 min

Sortie en salles (France) : 21 mai 2014

Sortie France du DVD : 8 octobre 2014

Format : Scope – Couleur

Langues : anglais, français – Sous-titres : anglais, français.

Éditeur : 20th Century Fox

Bonus :

Une actrice oscarisée : Jennifer Lawrence
Bêtiser
Trask Industries
Bandes-annonces

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