À propos de la bande dessinée Les Fins limiers de Koffi Roger N’Guessan et Christophe Cassiau-Haurie
Cette BD se composent de plusieurs courtes histoires mettant en scène les deux personnages principaux confrontés à un délit dont ils doivent identifiés le responsable. Tel un épisode de Columbo, le lecteur est invité à faire preuve de beaucoup d’attention avant de parvenir à la résolution énoncée dans les dernières cases de chacune des histoires. À la différence de Columbo, on est ici bien plus proche du buddy movie opposant deux personnages antithétiques : le vieux commissaire Koro qui a toujours une longueur d’avance dans la résolution des enquêtes, même si sur le terrain il ne peut égaler les talents d’homme d’action du jeune inspecteur Kouamé. La trame de chaque histoire est toujours identique, invitant le lecteur à participer de manière ludique. Cette interaction s’appuie également sur la volonté de partager l’argot local : le nouchi. Les oppositions entre les personnages nourrissent aussi bien la nécessité de la transmission entre eux qu’elles sont l’opportunité de scènes cocasses.
Le traitement graphique est des plus simples et ne cherche jamais à affirmer une personnalité quelconque, comme si ces histoires pouvaient se fondre par leur légèreté et leur ton irrévérencieux au sein d’un journal quotidien pour rééquilibrer la gravité générale des informations. Car ces récits s’inscrivent au cœur de la société ivoirienne de l’après guerre civile, ce qui est présenté notamment par la présence, dans un épisode, de militaires dont le vol de la solde peut entraîner un nouveau conflit. La légèreté apparente du récit cache une volonté de documenter la réalité quotidienne en Côte-d’Ivoire et les policiers deviennent ainsi des personnages prétextes à s’immiscer dans toutes les sphères de la société. Ici, la violence n’a jamais le dernier mot, la réflexion et la subtilité du jugement se révélant toujours plus efficaces que n’importe quelle arme militaire.

Les Fins limiers
de Koffi Roger N’Guessan et Christophe Cassiau-Haurie
Nombre de pages : 60
Date de sortie (France) : mars 2016
Éditeur : L’Harmattan