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Billet de blog 12 décembre 2025

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"Dracula" de Luc Besson

Le prince Vladimir est condamné à l’immortalité après avoir renié sa foi chrétienne. Depuis, il est en quête de l’âme de sa bien-aimée à travers les siècles.

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Illustration 1
Dracula de Luc Besson © M6 Vidéo

Sortie DVD : Dracula de Luc Besson

En panne d’inspiration, Luc Besson s’empare du récit le plus adapté au cinéma et qui a trouvé un nouvel engouement ces dernières années. Que souhaite apporter de plus le réalisateur du Grand Bleu ? Une histoire d’amour selon ses propres mots, ainsi que le Paris du centenaire de la Révolution française qui remplace le Londres victorien, le tout en langue anglaise sans aucune justification contextuelle. Sans trop de difficultés, le film remporta un franc succès dans le monde et plus particulièrement en Russie où fut vendu le plus grand nombre de billets.

Tout commence par le désir sincère de Luc Besson de diriger l’acteur Caleb Landry Jones dans son prochain film. Offrir le rôle éponyme de Dracula est un cadeau mais à condition que le film soit accompagné d’une vraie vision de cinéaste, ce que Luc Besson a perdu depuis un moment, alors que sa vision épique et romantique aurait très bien pu s’approprier avec talent le récit original de Bram Stoker. Or, l’intrigue est portée avec le désir de revenir sur le mythe avec maladresse, comme le fait que les vampires ne craignent pas le jour, sauf la lumière directe. L’histoire est racontée sans aucune surprise et souffre beaucoup de la comparaison avec son modèle direct explicite : le Dracula (1992) de Francis Ford Coppola.

Non seulement les personnages ne sont pas habités mais encore le récit s’accélère sans raison pour placer le maximum d’éléments narratifs incontournables à la compréhension tout en ajoutant des artifices vains, comme cette histoire de parfum capable d’éveiller le désir pour Dracula de la part de toutes les femmes et non pas les hommes (d’où vient cette vision hétéronormée des molécules ?), donnant droit à des scènes de danses en groupe en costumes comme une fantaisie de comédie musicale que se permet Luc Besson sans cohérence avec l’ensemble du film. Comme si la volonté de moderniser l’intrigue originale passait par un humour obligé sous les traits de l’auto-dérision qui fonctionne rarement.

Quant au modèle mal digéré de la version de Coppola, il parasite jusqu’à l’interprétation de Caleb Landry Jones qui fait pâle figure par rapport à celle de Gary Oldman. Il aurait été plus pertinent d’offrir plus de liberté à l’acteur de s’approprier à sa manière son rôle. Quant à ladite histoire d’amour, elle n’est à aucun moment crédible et les premières séquences entre Elisabeta et Dracula donnent plus l’impression de deux adolescents épris, avant que cet amour se transforme en une relation entre un homme de plus de quatre cents ans et une jeune femme : doit-on y voir une promotion des amours pédophiliques traversant la vie et l’œuvre du cinéaste ? La vision puérile de l’amour et la romantisation de la violence d’un amant capable d’une monstrueuse agressivité n’est ici pas pour dédouaner Luc Besson sur ce sujet.

Que reste-t-il de ce film où Guillaume de Tonquédec est non seulement une erreur de casting mais en outre son rôle rend d’autant plus artificielle l’intrigue ? Il reste cependant un grand soin apporté à la conception des costumes, notamment ceux de Dracula combattant et celui d’Elisabeta en majesté. Cependant, les costumes ne font pas un film et Luc Besson se trouve tel un cinéaste exsangue du désir de mise en scène qui avait pourtant habité ses débuts.

Illustration 2

Dracula
Dracula: A Love Tale

de Luc Besson
Avec : Caleb Landry Jones (le prince Vladimir / Dracula), Zoë Bleu (Elisabeta / Mina Murray), Ewens Abid (Jonathan Harker), Christoph Waltz (le prêtre), Guillaume de Tonquédec (le docteur Dumont), Matilda De Angelis (Maria), David Shields (Henry Spencer), Raphael Luce (le jeune assistant du docteur Dumont), Haymon Maria Buttinger (le cardinal), Ivan Franěk (le capitaine qui accompagne Elisabeta), Bertrand-Xavier Corbi (le capitaine Targol), Romain Levi (le capitaine Wernus)
France – 2025.
Durée : 129 min
Sortie en salles (France) : 30 juillet 2025
Sortie France du DVD : 2 décembre 2025
Format : 2,39 – Couleur
Langues : anglais, français - Sous-titres : français.
Éditeur : M6 Vidéo

Bonus :
Making of

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