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Billet de blog 13 octobre 2015

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Un regard moraliste sur les tentations de la jeunesse déçue de l’après 1968

Sortie DVD : Les Chemins de Katmandou, d’André CayatteOlivier, jeune homme déçu des espoirs trahis des mouvements de Mai 1968 à Paris, décide de partir pour Katmandou où il doit retrouver son père qu’il n’a jamais connu afin de lui réclamer la totalité de la pension alimentaire qu’il ne lui a jamais versé.

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Illustration 1
© LCJ Éditions

Sortie DVD : Les Chemins de Katmandou, d’André Cayatte

Olivier, jeune homme déçu des espoirs trahis des mouvements de Mai 1968 à Paris, décide de partir pour Katmandou où il doit retrouver son père qu’il n’a jamais connu afin de lui réclamer la totalité de la pension alimentaire qu’il ne lui a jamais versé.

René Barjavel, à travers son roman à succès La Nuit des temps (1968)avait quelque peu anticipé le mouvement de 1968 en saisissant les préoccupations du moment. Ce scénario qu’il écrit pour André Cayatte est ensuite repris sous la forme d’un roman du même nom : Les Chemins de Katmandou. Dans sa volonté de saisir la société dans ses drames et ses injustices par ses films, André Cayatte s’intéresse à la jeunesse déçue de 1968 qui risque de se perdre dans la drogue et les mouvements hippies. Le film ne cache aucunement sa volonté moralisatrice dont le porte-parole prend les traits du personnage principal, Olivier, qui va faire l’expérience de la tentation d’une vie alternative. Contrairement à la série de films que Louis Malle consacre à l’Inde la même année, cette région du monde devenue la destination privilégiée de toute une jeunesse à travers le monde, n’intéresse aucunement Cayatte qui la réduit à un simple décor dont la traduction est toujours occidentale. En d’autres termes, il s’agit d’une vision exotique de l’Inde qui ne dépasse jamais les premiers clichés. Tout le récit étant destiné à condamner la tentation de ce que d’aucuns nomment les « drogues » sans le moindre discernement, les motivations de ces jeunes, à l’exception du personnage principal, ne sont nullement abordées : elles sont niées. Les hippies sont présentés par André Cayatte comme les enfants du conte Le Joueur de flûte de Hamelin : comme eux, ils sont définitivement séparés de la société bourgeoise en représailles de leur trahison. On voit également dans cette représentation de Cayatte, les enfants qui fuguent et souhaitent des vacances perpétuelles dans Pinocchio et se retrouvent transformés en ânes, perdant à tout jamais leur humanité. C’est bien sous la forme d’un conte moralisateur, où les hippies sont infantilisés, que le réalisateur et son scénariste installent leur récit. C’est loin d’être le film le plus mémorable de l’histoire du cinéma et dans la volonté de lancer sa morale le plus rapidement à la jeunesse française, le scénario et la mise en scène ont quelque peu été bâclés : personnages monolithiques, maladroits effets de champ-contre-champ pour des dialogues décousus et irréalistes, insertion de prises de vues documentaires de l’Inde portés par de nombreux préjugés, etc. Le film n’en reste pas moins une réelle curiosité concentrant l’appréhension d’une partie de la société française à l’égard de sa jeunesse qu’elle ne comprend plus. Serge Gainsbourg joue comme à son accoutumée dans les productions italiennes de cette époque (le film est une coproduction avec l’Italie) le rôle de la crapule, le personnage le plus détestable, mais avec une maladresse patente : Serge Gainsbourg est un piètre acteur de cinéma. Jane Birkin se contente de son côté de jouer les jeunes et jolies écervelées, que l’esprit résolument bourgeois d’Olivier (ses valeurs reposent sur la propriété et le non partage de ses biens comme de ses plaisirs) tentera de remettre sur le droit chemin. Olivier affirme par là son opposition à la révolution sexuelle, frappant sa bien-aimée pour lui rendre la raison, justifiant implicitement la violence conjugale sous le prétexte que les hippies sont certes séduisants mais restent des êtres puérils à prendre en charge… fin de commentaires.

Illustration 2

Les Chemins de Katmandou

d’André Cayatte

Avec : Renaud Verley (Olivier), Jane Birkin (Jane), Serge Gainsbourg (Ted), Pascale Audret (Yvonne), Elsa Martinelli (Martine), David O’Brien (Jacques), Arlene Dahl (Laureen)

France  - Italie, 1969.

Durée : 100 min

Sortie en salles (France) : 26 septembre 1969

Sortie France du DVD : 7 mars 2013

Format : 1,66 – Couleur

Langue : français.

Éditeur : LCJ Éditions

Bonus :

Filmographies

lien vers le site de l’éditeur : http://www.lcj-editions.com/films-/1039-les-chemins-de-katmandou-3550460042791.html

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