Sortie DVD de Kamikaze, de Takashi Yamazaki
Aux obsèques de leur grand-mère, un frère et une sœur apprennent que leur véritable grand-père biologique est décédé à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La sœur décide de mener son enquête entraînant son frère réticent. Ils découvrent que leur grand-père était un pilote d’élite mort en kamikaze. Les premiers témoignages d’anciens combattants font de lui un lâche qui refusait de sacrifier sa vie à la patrie. Mais la vérité est autre.
Soixante-dix ans après la fin de le Seconde Guerre mondiale, le moment est propice pour le cinéma japonais d’interroger cette période traumatique de son histoire. C’est dans cet objectif qu’est réalisé Kamikaze, le dernier assaut. Ainsi, l’enquête sur l’histoire passée est menée par un jeune homme (sa sœur pourtant plus énergique au début s’éclipse en cours de route) nonchalant, qui ne semble guère avoir de perspective en l’avenir. La découverte de ce grand-père oublié de l’histoire officielle et familiale est ainsi un parfait prétexte à interroger la jeunesse d’aujourd’hui mise au miroir de la jeunesse des kamikazes passés. Car toute une période a été occultée et le kamikaze a nourri davantage les fantasmes qu’une véritable réflexion sur la réalité historique. Comme il est évoqué à un moment donné dans le film, les kamikazes peuvent être promptement associés aux terroristes du XXIe siècle, dans une volonté incessante de refuser de se confronter à ce que fut réellement l’histoire nippone. La situation est plus complexe et le réalisateur du film à science-fiction Space Battleship (2010) utilise le récit de Naoki Hyakuta dont il adapte le roman Eien no Zero (2006). Le sujet de ce roman trouve un rôle écho auprès du public japonais car en plus de l’adaptation cinéma, il fut adapté sous forme de manga par Soichi Sumoto (2010-2012), publié en France sous le titre Zéro pour l’éternité et qu’il est devenu un drama (série télévisée japonaise) diffusé en février 2015 sur TV Tokyo. L’histoire constitue ainsi un tel enjeu pour la société contemporaine japonaise, que le réalisateur a pu en faire une production au budget conséquent. Ainsi, les scènes de batailles aériennes n’ont rien à envier à une production hollywoodienne de film de guerre. Malgré tout, les scènes de combat ne sont aucunement l’enjeu du récit, alors qu’il était facile pour le réalisateur de se laisser emporter par les moyens techniques mis à sa disposition. Le personnage principal du kamikaze se veut résolument pacifiste : contrairement à l’idéologie officielle de son époque, résolument nationaliste et patriotique, cette attitude est révolutionnaire. Ce qui conduit à faire de la destinée du personnage principal une tragédie, dont les luttes intérieures, dans un contexte densément belliciste, sont sans commune mesure plus importantes que celles extérieures.
Le devoir de mémoire est l’enjeu de cette reconstitution historique réalisée à grands frais. L’histoire est solide mais son traitement en images n’évite hélas pas les longueurs, une direction d’acteurs des plus molles et un rythme assez convenu. Le film a néanmoins le mérite de se pencher avec sincérité sur cette période historique et d’éviter de faire de la guerre un spectacle, ce qui aurait été d’une ignoble hypocrisie pour un film résolument pacifiste. Même si le réalisateur n’impose aucunement son point de vue, sa « patte » personnelle, son traitement et le respect du récit originel est plutôt appréciable.
Kamikaze : le dernier assaut
Eien no Zero
de Takashi Yamazaki
Avec : Jun'ichi Okada (Kyuzo Miyabe), Haruma Miura (Kentarô Saeki), Mao Inoue (Matsuno), Isao Natsuyagi (Kenichiro Oishi), Jun Fubuki (Keiko Saeki), Min Tanaka (Kageura), Shôta Sometani (Kenichiro Oishi, jeune)
Japon – 2013.
Durée : 143 min
Sortie en salles (France) : inédit
Sortie France du DVD : 24 août 2015
Format : 1,85 – Couleur
Langues : anglais, français, espagnol, portugais - Sous-titres : français.
Éditeur : Condor Entertainment
lien vers le site de l’éditeur : http://www.condor-entertainment.com/kamikaze-le-film