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Billet de blog 14 novembre 2020

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"V pour Vendetta" ou la dystopie politique de 2020

Autour de 2038, le Royaume-Uni est dirigé par un régime fasciste qui a imposé l’ordre et le couvre-feu suite à la propagation d’un virus. Un mystérieux personnage caché derrière le masque d’un personnage historique qui tenta de renverser le parlement britannique en 1605 est déterminé à faire triompher l’anarchisme.

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Illustration 1
"V pour Vendetta" (V for Vendetta) de James McTeigue © Warner Bros.

Sortie de l’édition Titans of Cult - SteelBook 4K Ultra HD + Blu-ray + goodies : V pour Vendetta de James McTeigue

Dans cette dystopie qui parle d’un monde sous couvre-feu où l’ordre fasciste a été imposé à la suite d’une épidémie mortelle de virus qui a fait plus de 40 000 morts dans le pays, il semblerait que soit évoqué un certain état du monde de 2020 sous pandémie. Et pourtant, il s’agit bien d’un film réalisé quinze ans plus tôt, adapté du roman graphique éponyme d’Alan Moore, croisant différentes inspirations dont la plus marquante est 1984, le roman de George Orwell. Le film décrivait déjà dans les années 2000 les dérives totalitaires des gouvernements tentés par la diminution drastique des libertés individuelles et de la protection de la vie privée aux noms de la sacro-sainte sécurité à l’ère des ravages du terrorisme. Le film est produit et scénarisé par les sœurs Wachowski et réalisé pour la première fois pour un long métrage par James McTeigue, premier assistant réalisateur de la trilogie Matrix : V pour Vendetta s’inscrit dans le prolongement direct de la réflexion politique de Matrix autour de la révolte anarchiste contre une organisation totalitaire foncièrement fachiste. En revanche, la réflexion est ici bien plus complexe en ce qui concerne le positionnement de la révolte anarchiste qui utilise sans complexe les outils du terrorisme dont on l’a affublé pour arriver à ses fins.
Le film évoque explicitement aussi bien l’Allemagne nazie des années 1930 et 1940 que le contexte ultrasécuritaire du début des années 2000 qui ont conduit les USA aux tortures pratiquées à Abou Ghraib et au camp de Guantánamo. Le film a en son temps tellement bien saisi les problématiques d’excès de pouvoir étatique qu’il est devenu l’image iconique repris notamment par les Anonymous pour créer une communauté d’activistes mondialisés contre un ordre capitaliste qui se voulait incontesté. L’héritier direct de V pour Vendetta plus d’une décennie plus tard est sans conteste Joker (2019) de Todd Phillips qui allait un cran de plus dans la représentation de la folie d’un personnage dans lequel toute une communauté de laissés pour contre se retrouvaient, à l’écran comme dans la vie réelle.
V pour Vendetta pour toutes ces raisons et d’autres encore a bien acquis son statut d’œuvre culte, construit sur une sobriété de scènes d’action contrairement à ce que pourrait laisser supposer une histoire de « super-héros » issu d’un roman graphique. Ces quelques scènes d’action sont maîtrisées avec perspicacité, enrichis par des dialogues d’une grande finesse de réflexion politique et un casting enlevé par des acteurs inspirés, qu’il s’agisse de Natalie Portman reprenant un statut proche, dans sa relation avec son bourreau-sauveteur, du personnage qui l’a fait connaître dans Léon (1994) de Luc Besson, d’Hugo Weaving caché sous le masque de V après avoir été l’agent Smith dans Matrix, Stephen Rea assumant son statut politique d’Irlandais dans le rôle de l’inspecteur consciencieux capable d’évoluer dans sa réflexion et son engagement, John Hurt qui est passé du rôle de victime de l’oppression dans 1984 de Michael Radford au statut de clone hitlérien de dictateur. Quant aux références cinématographiques et littéraires, elles convoquent à la fois Le Comte de Monte Cristo, La Belle et la Bête, Le Fantôme de l’Opéra, etc. Un film qui n’a pas perdu ni de la perspicacité de son propos pour traduire la société contemporaine ni de sa dynamique pour toucher les nouvelles générations de spectateurs.

Illustration 2

V pour Vendetta
V for Vendetta
de James McTeigue
Avec : Hugo Weaving (V / William Rockwood), Natalie Portman (Evey Hammond), Stephen Rea (l’inspecteur Eric Finch), Stephen Fry (Gordon Deitrich), John Hurt (le Haut Chancelier Adam Sutler), Tim Pigott-Smith (Peter Creedy), Rupert Graves (l’inspecteur Adjoint Dominic Stone), Roger Allam (Lewis Prothero), Sinéad Cusack (le docteur Delia Surridge), John Standing (l’évêque Anthony James Lilliman), Natasha Wightman (Valerie Page), Ben Miles (Roger Dascomb), Guy Henry (Conrad Heyer), Eddie Marsan (Brian Etheridge), Clive Ashborn (Guy Fawkes)
USA, Allemagne, 2006.
Durée : 132 min
Sortie en salles (France) : 19 avril 2006
Sortie France de l’édition Titans of Cult - SteelBook 4K Ultra HD + Blu-ray + goodies : 4 novembre 2020
Format : 2,39 – Couleur
Éditeur : Warner Bros. Entertainment France

Bonus :
4K Ultra HD (VOST) :
Conversation entre James McTeigue et Lana Wachowski : retour sur le film (13’18”)
L’audition de Natalie Portman (14’06”)
« V pour Vendetta démasqué » : making of (2006, 23’28”)

Bu-ray :Option « Au cœur du film » : « Le journal du réalisateur - Retranscription d’un classique au 21e siècle », James McTeigue et son équipe retrace en détail la saga V, de la bande-dessinée à la réalisation du film (VO)
« Construire le Monde de Demain » (17’15”, VOST)
« Souvenir, souvenir » : la véritable histoire de Guy Fawkes et la conspiration des poudres (10’17”, VOST)
« Liberté ! Pour toujours ! » : making of (15’57”, VOST)
« La domination anglaise » : V pour Vendetta et la révolution du comic book (14’40”, VOST)
Le rap de Natalie Portman pour l’émission « Saturday Night Live » (2’34”, VOST)
Clip Cat Power (2’02”, VO)
Bande-annonce (2’24”, VO)

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