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Cédric Lépine : Peux-tu présenter en quelques lignes le sujet de ton premier long métrage ?
Lawrence Valin : Little Jaffna est un film d’infiltration, dans lequel Michael Beaulieu, un jeune flic franco-tamoul, va devoir survivre tout en découvrant au fil de son périple sa véritable identité. S’il y a une seul appartenance qui compte, s’il faut absolument choisir, alors Michael se trouve scindé, écartelé, condamné à trahir soit sa patrie d’origine soit sa patrie d’accueil, trahison qu’il vivra inévitablement avec amertume… C’est cet écartèlement entre deux cultures qui se trouve au cœur de ce premier long métrage.
C. L. : Quelle tonalité as-tu souhaité donner à l'atmosphère du film ?
L. V. : Avec Little Jaffna, j’ai voulu faire un thriller. J’ai travaillé le film dans la direction d’une immersion totale au sein de la communauté tamoul et de son quartier. Les boutiques colorées, les espaces péri-urbains sont filmés de manière à créer l’illusion d’une bulle et d’une ville fantasmée où se mélangent les codes cinématographiques du genre.
C. L. : Quelles ont été les collaborations déterminantes pour toi sur ce film ?
L. V. : Je vais me concentrer sur les collaborations avant le tournage, ceux qui m’ont permis d’avoir un scénario solide. Il y a les coscénaristes (Malysone Bovarasmy, Marlène Poste, Gaëlle Mace, Yacine Badday, Arthur Beaupère) et les producteurs (Simon Bleuzé, Marc Bordure) qui m’ont accompagné tout le long de l’écriture. Les résidences d’écritures : le Groupe Ouest, les Ateliers d’Angers et Jump In m’ont été d’une aide précieuse. On ne pouvait pas avoir de gros casting, avoir un bon scénario a été déterminant pour le financement.
C. L. : Quel rôle a joué pour toi le fait d'être lauréat de l'Aide à la Création de La Fondation Gan pour le Cinéma ?
L. V. : D’où je viens, on se bat constamment pour se sentir légitime. Être Lauréat de la Fondation Gan, c’était comme avoir une armure que j’ai enfilé avant le tournage. J’étais dans la bonne direction, je pouvais foncer !
C. L. : Quels sont différents défis que tu as dû relever jusqu'à ce jour, alors que le montage n'est pas terminé, dans la réalisation de ton projet?
L. V. : Faire un blockbuster d’auteur pour un premier film, ce sont des défis au quotidien, je dois saluer la prise de risque des producteurs sur ce film, ce n’était pas facile.
Le plus grand défi a été de rassembler un casting franco-tamoul. On a dû faire un grand casting sauvage en France. On est également parti chercher des acteurs professionnels en Inde. C’est un immense travail qui a été réalisé par Vibirson Gnanathepan, le directeur de casting.
Après il y a les cascades, dès la première semaine de tournage, je me suis fracturé le poignet. J’ai dû enchaîner derrière sept semaines de tournage avec une prothèse que je pouvais retirer pendant les prises. Avoir la double casquette acteur / réalisateur sur ce film m’a donné mes premiers cheveux blancs (rires).
L’Aide à la Création de la Fondation Gan consiste à récompenser chaque année des projets de longs métrages de fiction (premiers et seconds films), sélectionnés sous la forme de scénario.
La dotation par projet est de 53 000 €, avec 3 000 € pour le réalisateur et 50 000 € pour le producteur.
En 2023, le jury de l’Aide à la Création était présidé par le cinéaste Antonin PERETJATKO avec, à ses côtés, Elsa CORNEVIN (Productrice et Fondatrice de Serena Productions), Laurence GACHET (Distributrice et Fondatrice de Paname distribution), Julien LILTI (Scénariste), Étienne SORIN (Journaliste au Figaro) et Dominique HOFF (Déléguée générale de la Fondation Gan).
Deux commissions ont été organisées en 2023 et 120 scénarios étudiés (comprenant 77% de premiers longs métrages, 23% de seconds et 40% de projets proposés par des réalisatrices). Cinq réalisateurs ont été récompensés :
Frédéric Farrucci pour son projet UN MOHICAN ; deuxième long métrage
Produit par Diane Jassem et Céline Chapdaniel (Koro Films)
Louise Hémon pour son projet L’ENGLOUTIE ; premier long métrage
Produit par Margaux Juvénal (Take Shelter)
Lawrence Valin pour son projet LITTLE JAFFNA ; premier long métrage
Produit par Marc Bordure (Ex Nihilo) & Simon Bleuzé (Mean Streets)
Aurélien Vernhes-Lermusiaux pour son projet LA COULEUVRE NOIRE ; deuxième long métrage
Produit par David Hurst (Dublin Films)
Ugo Bienvenu pour son projet ARCO ; premier long métrage
Produit par Ugo Bienvenu & Félix de Givry (Remembers)