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Sortie DVD : « Saint Amour » de Benoît Delépine et Gustave Kervern
Tous les deux ans, Benoît Delépine et Gustave Kervern présentent leur nouvelle cuvée cinématographique. La vendange Depardieu ayant été bonne avec Mammuth, c'est à la lumière de son génie d'acteur que le film se monte, associé au compagnon de toujours qu'est Benoît Poelvoorde. Ajoutez à cela pour donner une impression de film vieilli en fût de chêne, une galerie de guest star féminines dans un road movie où les femmes sont des ports d'attaches pour le trio masculin en crise de masculinité. C'est une belle idée de film, qui semble répondre au besoin irrépressible de tourner du duo de cinéastes à l'effervescence créatrice débordante. Pour cette raison, le scénario ne s'encombre d'aucune complexité, le récit reposant sur l'incarnation des personnages par des acteurs totalement impliqués, Poelvoorde dans ses excès éthyliques contrebalaçant sa timidité maladive à l'égard des femmes, Depardieu tout de tendresse et retenue en agriculteur veuf qui n'a pas encore terminé son deuil, Vincent Lacoste en faux play-boy. La distribution en convaincante, ce qui l'est un peu moins, c'est l'environnement excessivement masculin du film qui trouve vite ses limites, les personnages féminins étant réduits comme trop souvent dans le cinéma français au rôle de faire-valoir de leurs homologues masculins. La masculinité a beau être en crise et sincèrement touchante, elle est malheureusement dévalorisée par une bande-originale signée Sébastien Letellier qui refuse tout contrepoint et enfonce le film dans le sentimentalisme hyper appuyé. Même si l'on peut regretter le manque d'esprit punk et de volonté revendicative du duo de cinéastes, cette sincère volonté de rendre hommage à l'amour filial au sein du monde agricole français qui traverse actuellement une nouvelle profonde crise existentielle, est louable. À cet égard, la composition de Gérard Depardieu est à la fois convaincante et touchante. Mais Delépine et Kervern ne sont pas encore à l'aise dans ce domaine et le film est déséquilibré par des scènes à l'humour poussif, même si nombreuses sont celles où l'on rit franchement. Dommage que l'humour se déploie sous forme de sketch isolés qui ne servent pas à la construction tragi-comique et foncièrement humaniste à l'instar de Mammuth.

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Saint Amour
de Benoît Delépine et Gustave Kervern
Avec : Gérard Depardieu (Jean), Benoît Poelvoorde (Bruno), Vincent Lacoste (Mike), Céline Sallette (Vénus), Gustave Kervern (l'oncle), Ana Girardot (la sœur jumelle), Chiara Mastroianni (la patronne de la baraque à frites), Andréa Ferréol (la femme du petit déjeuner), Izïa Higelin (l'ex de Mike), Solène Rigot (Jennifer, la serveuse du restaurant), Michel Houellebecq (le propriétaire de la maison d'hôte), Ovidie (l'agent immobilier), Xavier Mathieu (Didier), Blutch (le gars du stand Alsace)
France – Belgique, 2016.
Durée : 97 min
Sortie en salles (France) : 2 mars 2016
Sortie France du DVD : 6 juillet 2016
Format : 1,85 – Couleur
Langue : français - Sous-titres : français.
Éditeur : Le Pacte
Bonus :
« Échappements libres » : documentaire sur la carrière de Benoît Delépine et Gustave Kervern avec coulisses du film (57’)
Comédiens sur le tournage (2’)
Entretiens avec Benoît Delépine et Gustave Kervern (13’)
Bande-annonce