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Billet de blog 16 août 2025

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FIFI 2025 : "Le Sang et la boue" de Jean-Gabriel Leynaud

Au Congo, pays qui possède la majorité des réserves de coltan dans le monde, métal indispensable à la confection des téléphones portables, la population est prise en otage avec une économie qui n'améliore pas son quotidien, bien au contraire.

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Illustration 1
Le Sang et la boue de Jean-Gabriel Leynaud © Next Film Distribution

Film en compétition documentaire de la 11e édition du Festival international du film insolite de Rennes-le-Château, de la haute vallée de l'Aude et du Limouxin 2025 : Le Sang et la boue de Jean-Gabriel Leynaud

Prix du jury présidé par Claire Nebout de la 11e édition 2025 du Festival international du film insolite de Rennes-le-Château, ce premier long métrage réalisé par Jean-Gabriel Leynaud est animé de la nécessité de prendre conscience comment l'économie mondialisée contemporaine se développe de manière irresponsable en condamnant tout un environnement et des populations locales au profit du confort de la société dite moderne. Car l'intense extraction dans des mines à ciel ouvert de coltan constitue la nouvelle ruée vers l'or au Congo dans le sillage de la multiplication des batteries des téléphones portables conçues à partir de plus de 50 métaux différents. Le film est comme l'annonce le dernier carton mais encore toute son attention narrative, un cri d'alarme pour toute une population sacrifiée alors que des conflits armés se multiplient entraînant des morts suite à des massacres.

L'extraction du coltan n'apporte ni richesse pour les mineurs contraints à détruire leur espace vital, ni pour les autres maillons de la chaîne locale, mais l'espoir de sortir d'un certain fatalisme social qui a gangrené par sa violence armée le Congo depuis des décennies aussi des siècles de prédation coloniale, maintient dans la domination et la soumission des hommes et des femmes dans l'exploitation de leurs ressources minières. Si son propos est explicite, au fur et à mesure le réalisateur a l'intelligence de suivre sans intrusion le quotidien de plusieurs personnages et sans chercher à forcer leur parole. Il en découle un point de vue à l'intérieur de la société sans la lourde béquille issue du reportage télévisé classique de témoignages face caméra de spécialistes de la parole, pour comprendre au mieux la complexité de la société congolaise par celles et ceux qui la vivent.

Il en résulte un portait choral d'une réalité sociale qui saisit avec subtilité et intelligence les problématiques d'un pays condamné à être la victime plus ou moins consentante d'une économie extractive inconscient mondialisée. Dans un monde aux sociabilités toujours plus virtuelles et virtualisées, Le Sang et la boue redonne une dimension anthropologique aux liens humains pour ne plus que le consommateur oublie l'être humain qui produit, sous la forme d'un nouvel esclavage, ses biens de consommation.

Illustration 2

Le Sang et la boue
de Jean-Gabriel Leynaud
Documentaire
24 minutes. France, Allemagne, 2024.
Couleur
Langue originale : français

Écriture : Jean-Gabriel Leynaud, François-Xavier Destors
Images : Jean-Gabriel Leynaud
Montage son : Érik Ménard
Production (personne) : Laurent Baudens, Laurent Flahault, Martin Hampel, Thanassis Karathanos
Production (structure) : Valdés
Coproduction : Pallas Film, Borsalino Productions
Distribution : Next Film Distribution
Sortie salles (France) : 27 août 2025

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