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Billet de blog 16 août 2025

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Les Diamants sont éternels (Diamonds are Forever) de Guy Hamilton

Du Japon au Caire, James Bond traque sans relâche Blofeld pour l'assassiner. Il peut ensuite être envoyé en mission sur une mystérieuse disparition de diamants qui pourrait faire craindre de déséquilibrer le marché économique international.

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Illustration 1
Les Diamants sont éternels Diamonds are Forever de Guy Hamilton © Warner

Sortie de l'édition 4K Ultra HD, Blu-ray - Boîtier SteelBook limité : Les Diamants sont éternels de Guy Hamilton au sein du coffret « James Bond 007 - La Collection Sean Connery - 6 films »

Sean Connery est de retour après quatre ans d'absence et après avoir laissé à George Lazenby le soin d'incarner James Bond dans la précédente aventure sur un ton ouvertement dramatique inédit avant le dénouement du dernier James Bond en date qui clôt la période Daniel Craig. L'acteur écossais est plus décontracté que jamais, accuse l'âge par rapport à son jeu souple et à sa démarche chorégraphiée dix ans plus tôt mais avance en véritable triomphateur machiste décomplexé d'une séquence à l'autre. Le pré-générique place d'emblée le film dans le cadre d'un serial de luxe, avec un montage rapide, une extrême violence peu habituelle chez le gentleman Bond et une fétichisation du grand ennemi suprême bondien en la personne d'Ernst Stavro Blofeld, dont l'acteur Charles Gray incarne avec application mais qui fait regretter le jeu de Donald Pleasance et Telly Savalas. Il est d'ailleurs intéressant que James Bond s'approprie la mise en scène de son antagonisme en agissant par la voix et la main sur des personnes qu'il menace alors que l'on ne voit pas encore son visage, comme si son désir de vengeance s'était emparé de l'entière psyché du héros et fait disparaître son coutumier calme olympien.

Pour ce septième épisode, la très grande majorité de l'intrigue se déroule aux USA et plus particulièrement dans le symbole de l'artifice qu'est Las Vegas. Il est surprenant que ce grand amateur de jeu d'argent qu'est Bond n'y trouve pas réellement sa place faute de scènes d'anthologie, comme si le jeu d'argent, loin des élites sociales des casinos européens, avait laissé place ici à une démocratisation de l'accès aux tables où l'agent secret ne se retrouve plus, révélant ses propres valeurs classistes imputrescibles.

D'ailleurs, l'évocation de l'Afrique du Sud et son exploitation des diamants comme garant de l'économie mondiale repose sur une vision néocoloniale qui accepte très aisément l'Apartheid implicitement tu et donc non dénoncé, ni même les pires conditions esclavagistes auxquelles les mineurs sont confrontées : l'ordre du monde défendu par Bond au service secret de Sa Majesté est du côté des puissances d'argent et la mégalomanie des intelligences de l'ombre pourrait dès lors être le portrait visé des pays non alignés, comme Cuba semblait visée lorsque l'action se déroulait dans les Bahamas dans James contre Dr No (1962) et Opération tonnerre (1965). D'ailleurs, dans ce nouvel épisode, le maléfique Blofeld commence à cibler les puissances militaires dans le monde, participant à un désarmement certes agressif mais réel en faisant disparaître des missiles et fusées à la base de la tension militaire entre les deux grands blocs USA-URSS. Cette vision politique n'est pas anodine comme objectifs du SPECTRE même si celle-ci dans cet épisode reste bien en retrait comme organisation mondiale avec un Blofeld moins convaincant en figure numéro 1.

Après les extravagances spectaculaires et surréalistes des scènes d'action et des décors dans On ne vit que deux fois (You only Live Twice, 1967) de Lewis Gilbert, le retour à la sobriété sur les terres cartésiennes des USA semble de mise, avec notamment cette séquence d'action contrainte mais d'autant plus inoubliable où Bond se bat contre celui dont il a pris l'identité, autrement dit son alter ego, dans la cage d'un ascenseur très réduite dans une scène inoubliable sensée se dérouler dans la ville d'Amsterdam, berceau du capitalisme moderne à la Renaissance. Ainsi, quelques idées isolées émergent, dans ce qui reste un grand parc d'attraction où James Bond peut s'amuser à conduire successivement un mini char lunaire, une petite moto à trois roues et manipuler une grue pour terroriser son ennemi juré. L'agent secret immortel, ne cesse pas non plus de jouer avec la mort en étant enfermé dans un cercueil destiné à la crémation et en jouant à se suspendre dans le vide du haut d'une tour d'un richissime mégalomane agoraphobe et misanthrope inspiré d'Howard Hughes.

De même, James Bond finit isolé dans son propre univers en cultivant cette dynamique de n'avoir besoin de personne, tournant en dérision les agents de la CIA toujours inopérant alors qu'il reste l'unique homme de la solution prêt à sauver la planète en surgissant du ciel dans la dernière séquence pour affronter rien moins que le cruel méchant et toute son armée, le tout avec son sourire charmeur et son costume de gentleman.

Illustration 2

Les Diamants sont éternels
Diamonds are Forever
de Guy Hamilton
Avec : Sean Connery (James Bond), Jill St John (Tiffany Case, trafiquante de diamants), Charles Gray (Ernst Stavro Blofeld, no 1 du SPECTRE), Lois Maxwell (Miss Moneypenny), Bernard Lee (« M »), Desmond Llewelyn (« Q »), Norman Burton (Felix Leiter), Laurence Naismith (sir Donald Munger, expert en diamants pour le MI6), Burt Metcalfe (Maxwell, secrétaire de sir Munger), Bruce Glover (M. Wint, tueur du SPECTRE), Putter Smith (M. Kidd, tueur du SPECTRE), Henry Rowland (Dr Tynan, dentiste d'une mine de diamants sud-africaine), Margaret Lacey (Mlle Whistler, institutrice d'un orphelinat africain), Brinsley Forde : Joshua, assistant de Mlle Whistler), Joe Robinson (Peter Franks, passeur dont l'identité est usurpée par Bond à Amsterdam), David Bauer (Morton Slumber, propriétaire d'un crématorium au Nevada), Marc Lawrence (un chauffeur de Slumber), Sid Haig (un employé de Slumber), Jimmy Dean (Willard Whyte, magnat texan vivant reclus), Lola Larson (Bambi, garde du corps de Whyte), Trina Parks (Perle noire (Thumper, garde du corps de Whyte), Bruce Cabot (Albert R. « Bert » Saxby, directeur du Whyte House, casino de Whyte à Las Vegas), Leonard Barr (Shady Tree, acteur de stand-up du casino), Lana Wood (Plenty O'Toole, cliente du casino), Joseph Furst (Dr Metz, expert en laser de Whyte Tectronics, entreprise spatiale de Whyte), Ed Bishop (Klaus Hergersheimer, employé de la section G de Whyte Tectronics), Shane Rimmer (Tom, administrateur de Whyte Tectronics), David Healy (un contrôleur de vol de Whyte Tectronics), Keinosuke Enoeda (un agent du SPECTRE au Japon), Denise Perrier (Marie, agente du SPECTRE sur la Côte d'Azur)
Royaume-Uni, USA, France, Pays-Bas – 1971.
Durée : 101 min
Durée totale : 582' (9h42)
Sortie en salles (France) : 20 décembre 1971
Sortie France de l'édition 4K Ultra HD, Blu-ray - Boîtier SteelBook limité : 9 juillet 2025
Format : 2,39 – Couleur
Éditeur : MGM / United Artists
Distributeur : Warner Bros. Home Entertainment France

Contient :
les 4K Ultra HD de :
James Bond 007 contre Dr No (1.75)
Bons baisers de Russie (1.75)
Goldfinger (1.75)
Opération tonnerre (2.35)
On ne vit que deux fois (2.40)
Les Diamants sont éternels (2.40)
les Blu-ray (VF DTS 5.1 / VOST DTS-HD MA 5.1) de :
James Bond 007 contre Dr No (1.75)
Bons baisers de Russie (1.75)
Goldfinger (1.75)
Opération tonnerre (2.35)
On ne vit que deux fois (2.40)
Les Diamants sont éternels (2.40)
un certificat d’authenticité numéroté sur 15 300 exemplaires

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