
Agrandissement : Illustration 1

Sortie Blu-ray : La Venue de l'avenir de Cédric Klapisch
Cédric Klapisch est devenu en plus de trois décennies de réalisations une institution du cinéma français garant de ses valeurs et d'une image de la culture française à l'étranger avec un amour profond pour la capitale qu'il met ici encore au centre de son intrigue. C'est à ce titre que La Venue de l'avenir est bien un film de Cédric Klapisch mais pas du côté de ses meilleures inspirations, compte tenu de la pesanteur d'une production muséale. Si le film choisit un musée comme introduction, c'est pour partager un point de vue et une intention : celui de proposer une visite virtuelle du Paris de l'émergence de l'impressionnisme où il sera possible de croiser à la fois Nadar, Sarah Bernhardt, Victor Hugo, Monet, Berthe Morisot, Manet, Pissaro, Renoir, Sisley, Degas, Cézanne, etc.
Il sait en revanche très bien s'entourer avec un casting magnifique où le temps présent des acteurs et actrices confirmé.es répond majoritairement à une nouvelle génération portant l'intrigue située au XIXe siècle. Klapisch aime ainsi s'entourer de toute une large « famille » d'interprètes devant sa caméra, jouant lui-même un caméo, ceci répondant directement à cette thématique incontournable du besoin de faire famille comme un défi face à la fatalité de l'individualisme de la modernité contemporaine particulièrement décriée avec les images et la communication issues des téléphones portables. Si son point de vue est justifié, il n'empêche que cela sent aussi un poids moralisateur d'une ancienne génération vis-à-vis de la nouvelle, avec notamment un male gaze décomplexé qui passe par exemple pour le personnage d'une femme indépendante frustrée dans sa vie amoureuse par une fierté de s'être fait draguer par Victor Hugo, le fait qu'une femme seule obligée de se prostituer pour assurer la vie économique de sa fille est mal vue dans un premier temps alors que le père, célèbre artiste qui a fui au nom de sa passion artistique n'est de son côté pas questionné dans ses responsabilités. Il y a ainsi dans ce film ce poids patrimonial au sens étymologique du terme rappelant la propriété du patriarche (dominus pater) qu'il faut pouvoir digérer comme idéologie assez grasse.
En revanche, le film offre un véritable plaisir à découvrir plusieurs interprètes qui excellent dans leurs rôles respectifs dans une dimension chorale appréciable mais avec beaucoup de difficultés à déconstruire sincèrement la masculinité archaïque. La réflexion sur la modernité artistique et sa mise en valeur est en théorie pertinente si elle s'associait dans sa mise en scène à plus de modernité concrète alors que le film est patrimonial. L'inoubliable composition musicale originale de Rob apporte quant à elle une modernité appréciable et permet un voyage inattendu dans un Paris de fin de XIXe siècle reconstitué avec soin et méticulosité, dans le désir sincère de la part du cinéaste de montrer sa riche diversité à l'époque entre ruralité et urbanité.

La Venue de l'avenir
de Cédric Klapisch
Avec : Suzanne Lindon (Adèle), Abraham Wapler (Seb / Claude Monet en 1874), Vincent Macaigne (Guy), Julia Piaton (Céline), Zinedine Soualem (Abdelkrim), Paul Kircher (Anatole), Vassili Schneider (Lucien), Sara Giraudeau (Odette), Cécile de France (Calixte de La Ferrière), Pomme (Fleur), Fred Testot (Félix Nadar), Vincent Perez (Oncle Théophraste), François Berléand (Victor Hugo), Philippine Leroy-Beaulieu (Sarah Bernhardt), Olivier Gourmet (Claude Monet en 1895), Alice Grenier-Nebout (Berthe Morisot), Raïka Hazanavicius (Rose), François Chattot (Marcel, le grand-père de Seb), Aurore Broutin (Mme Michard), Stéphane Foenkinos (Louis Leroy), Jean-Marc Roulot (le maire de Saint-Jouin Bruneval), Marie-Christine Orry (la généalogiste), Catherine Salée (Georgette, la tenancière du Rat Mort), Louise Pascal (la cliente de Nadar), Virgil Davin (Henri), Marco Prince (un cousin), Raphaël Thiéry (le charretier), Valentin Campagne (Gaspard)
France, Belgique – 2025.
Durée : 124 min
Sortie en salles (France) : 22 mai 2025
Sortie France du Blu-ray : 24 septembre 2025
Format : 2,39 – Couleur
Langue originale : français - Sous-titres : français pour sourd.es et malentendant.es.
Éditeur : StudioCanal
Bonus :
Pigments et pixels : Cédric Klapisch et les couleurs de l'impressionnisme (27 min)