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Billet de blog 17 novembre 2014

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Ces visiteurs médicaux qui protègent bien leur territoire : une chienne d’histoire selon Hervé Bourhis

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Parution de la bande dessinée Le Teckel, d’Hervé Bourhis

Les laboratoires pharmaceutiques Duprat sont sur la sellette : la commercialisation de leur Marshall a causé de graves conséquences auprès auprès de ses usagers. C’est pourquoi la firme se lance sans complexe dans la commercialisation de Marshall 2. Pour cela, des représentants de commerce sont envoyés dans toute la France pour convaincre les médecins généralistes de soutenir leur produit. Le jeune commercial Jérémy Labionda est associé au légendaire « Teckel » pour mener à bien cette mission. Mais la cohabitation s’avère quelque peu difficile.

Illustration 1
© Casterman & Arte Éditions

L’histoire commence sur les chapeaux de roue avec l’association hétéroclite entre un jeune commercial pistonné et un vieux de la vieille, façon old school, costard cravate des années 1970. Les firmes pharmaceutiques sont sans scrupules pour imposer leurs produits et le ton est dès le départ très sarcastique à leur égard. Mais en quelques pages, nos héros quittent le siège social de la firme pour parcourir la France. Dorénavant, l’attention du spectateur est tenue en haleine par le mystérieux personnage éponyme « Le Teckel », civilement appelé Guy Farkas. De temps à autre des scènes de flashback reviennent sur le passé trouble de cet homme pour épaissir encore l’aura qui peut planer sur lui. La cohabitation n’est guère aisée. Habitué au travail solitaire, le Teckel ne fait aucun effort pour accueillir son jeune collègue, bien au contraire il le snobe et le traite avec un dédain non dissimulé. On se trouve là dans un genre cinématographique bien connu dans le cinéma américain : le buddy movie. Le cinéma français n’en est pas en reste, et l’on songe aisément à la trilogie filmique de Francis Veber des années 1980 opposant Gérard Depardieu à Pierre Richard. Mais ici, le Teckel a bien plus l’allure d’une autre figure du cinéma français : Guy Marielle. La bande dessinée d’Hervé Bourhis joue avec les codes du genre, le tout dans le contexte très actuel des scandales à répétition des firmes pharmaceutiques qui n’ont guère témoigné ces dernières décennies d’une responsabilité quant à la santé publique lorsqu’ils mettent sur le marché un nouveau produit. La bonne idée est que ces illustres « visiteurs médicaux » se donnent des noms de chien entre eux, dépeignant ainsi une faune carnassière à l’humanité peu recommandable. Hélas, les attentes du lecteur quant à des révélations mettant en avant un scandale politico-pharmaceutique est bien maigre et trop peu documenté pour convaincre. Le mystère attendu de l’identité du Teckel tombe peu à peu à plat, faute de rebondissements consistants. Il n’en reste pas moins que certains dialogues sont plutôt bien servis et les dessins d’une louable sobriété, mettant bien en valeur la veine caricaturale du récit. La palette de couleur est presque bichrome. Une sobriété tout à fait appropriée mais qui reste mal servie par une histoire qui repose trop sur le personnage éponyme : une fois celui-ci évacué, il ne reste que peu de chose entre les mains. Il n’en reste pas moins que la BD a obtenu le Prix Landerneau 2014.

Illustration 2

Le Teckel

de Hervé Bourhis

France, 2014.

Nombre de pages : 88

couleur

224x290mm

Date de sortie (France) : 1er septembre 2014

Éditeur : Casterman & Arte Éditions

Label : Professeur Cyclope

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