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Billet de blog 18 avril 2018

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Du sang, de la sueur et du sperme ou le roman d’un film, signé John Boorman

Le réalisateur Daniel Shaw, son producteur Jack et leurs épouses respectives foulent le tapis rouge les menant à la projection de leur film au festival de Cannes dont le jury est présidé cette année par John Boorman.

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Parution du livre Tapis écarlate de John Boorman

Tout commence dans cette atmosphère irréelle qu’est le festival international du film de Cannes pour se poursuivre dans l’expérience de vie individuelle de ces faiseurs de fiction. Délibérément, John Boorman dans ce roman de fiction, joue habilement entre les informations réelles et la fiction. Il n’hésite pas à faire intervenir des lieux et des personnes portant leur propre nom en guise de guest star de son récit. Si l’autobiographie a régulièrement traversé sa filmographie, notamment avec Hope and Glory (1987) et Queen and Country (2014), il n’a jamais parlé ouvertement de l’industrie du cinéma comme d’autres cinéastes l’on fait, qu’il s’agisse de François Truffaut (La Nuit américaine), de federico Fellini (8 et ½), de Robert Altman (The Player), de David Lynch (Mulholland Drive) ou encore de David Cronenberg (Maps to the Stars) pour ne citer que quelques-uns des meilleurs témoignages de l’industrie du cinéma, ce hors-champ artificiel parfois effroyable. Après son autobiographie Aventures également publié auprès de Marest éditeur, Tapis écarlate semble venir combler un manque dans cette filmographie, comme si cette histoire était le film fantôme qui n’a pas pu se faire. Par ses anecdotes, la position de ce cinéaste anglais travaillant entre les studios hollywoodiens et le Royaume-Uni, on reconnaît beaucoup des éléments de la vie de John Boorman. À cet égard, ce roman vient également compléter l’autobiographie, avec des éléments dans les rapports entre les individus dans le monde professionnel du cinéma comme dans l’intimité des couples imparfaits de ces personnes qui portent de bout en bout un film en sacrifiant une partie de leur propre vie. Ainsi, la mère jouée par Vanessa Redgrave dans le film de Daniel Shaw, si elle rappelle la mère de Daniel, celle-ci est elle-même inspirée par la mère de John Boorman. Ce roman est donc d’une grande acuité sur une industrie du rêve dont l’auteur se garde de tomber dans la fascination : Hollywood comme Cannes, sont des lieux en dehors de la vie, où l’on défend des images autant que sa propre image en permanence. Le conflit intérieur des individus est parfois sublimé par des objets cinématographiques et c’est pourquoi le personnage principal s’évertue contre vents et marées à faire des films, alors que son foyer conjugal ne respire plus l’amour, que sa place dans le monde est constamment remise en question. Le roman suit la naissance d’un film jusqu’à son montage final pour témoigner de tout ce qui se joue derrière, comme un aveu généreux d’un cinéaste qui suffisamment franchi diverses frontières pour ne jamais entrer dans un moule préétabli que l’on souhaitait lui imposer.

Illustration 1

Tapis écarlate
de John Boorman

Nombre de pages : 288
Date de sortie (France) : septembre 2017
Éditeur : Marest éditeur
Collection : Domaine étranger

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