Sortie Blu-ray : Brannigan de Douglas Hickox
C'est du haut de cinquante ans de travail en tant qu'acteur au cinéma que John Wayne entre sur le tournage d'un film policier à Londres. Bien conscient que le western en tant que genre est en désuétude, notamment dans la défense d'une vision mythique expurgée des crimes des colons, John Wayne accepte de participer à des films policiers avec d'ailleurs une intrigue proche du western, le cow-boy changeant seulement de costume mais gardant son pistolet comme le prolongement de son être. Il suit en cela le cheminement de celui qui pourrait être son héritier direct à l'écran, Clint Eastwood, d'autant qu'il a refusé le rôle principal de Dirty Harry de Don Siegel.
Cependant, Brannigan n'est pas Dirty Harry même si l'intention est grande, notamment du côté du policier américain aux méthodes expéditives, de suivre ce filon. Le film n'exploitera jamais cette noirceur ni John Wayne ne l'acceptera, utilisant davantage l'effet comique pour faire passer au public les violences policières afin de recueillir des aveux. Le film utilise également la confrontation culturelle dans une fin comique, le collègue britannique joué par Richard Attenborough se prêtant parfaitement au jeu comme l'illustre cette séquence régressive de bagarre générale dans la tradition des combats de saloon.
Si Brannigan est également un film violent, il le doit surtout par la présence d'un tueur professionnel à la poursuite du héros, qui développe un plaisir sadique à exécuter ses contrats, tout en étant une véritable machine à tuer, associée d'ailleurs à son véhicule pour la dernière confrontation à l'image d'un combat de toréador. Brannigan reste avant tout la confrontation de l'immense star hollywoodienne de western John Wayne plongé dans les codes britanniques. De manière surprenante, même si tout le film tourne autour de sa star, l'énergie de celui-ci est tellement passive qu'elle ne suffit plus à porter l'enjeu de l'intrigue même si l'ossature du film repose sur lui. L'acteur américain joue davantage de sa présence mythique qu'il ne compose un rôle. Il est ainsi bien conscient de la complicité avec son public acquis et accepte son âge dans ses rapports de séduction avec sa jeune collègue policière dont le nom conservateur Thatcher est parfait pour dialoguer avec le très conservateur John Wayne à l'anti-communisme primaire. À cet égard, l'ironie de l'histoire fait que le scénario est cosigné par Christopher Trumbo, le fils de Dalton Trumbo, l'un des brillants scénaristes ostracisés par la liste noire d'Hollywood.
Une curiosité réalisée avec efficacité et professionnalisme par le britannique Douglas Hickox, malgré les contraintes imposées par la star hollywoodienne.
Brannigan
de Douglas Hickox
Avec : John Wayne (Jim Brannigan), Richard Attenborough (Sir Charles Swann), Judy Geeson (Jennifer Thatcher), Mel Ferrer (Mel Fields), John Vernon (Ben Larkin), Daniel Pilon (Gorman), Ralph Meeker (le capitaine Moretti), John Stride (l’inspecteur Mike Travers), James Booth (Charlie), Arthur Batanides (Angell), Del Henney (Drexel), Brian Glover (Jimmy), Anthony Booth (Freddy), Pauline Delany (Madame Cooper), Tony Robinson (le livreur à moto), Kathryn Leigh Scott (Mademoiselle Allen), Lesley-Anne Down (Luana), Barry Dennen (Julian), Don Henderson (Geef)
Royaume-Uni, 1975.
Durée : 111 min
Sortie en salles (France) : 30 juillet 1975
Sortie France du Blu-ray : 29 juin 2023
Format : 2,35 – Couleur
Langues : anglais, français - Sous-titres : français.
Éditeur : BQHL Éditions
Bonus :
Présentation du film par le journaliste Samuel Blumenfeld (27’)
Un livret de 28 pages retraçant la carrière de John Wayne