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Cédric Lépine

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Billet de blog 19 juin 2015

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Tour du monde du plaisir de la chair

Après l’état du monde du vin avec le documentaire Mondovino (2004) de Jonathan Nossiter, Franck Ribière consacre son premier long métrage à la viande autour de cet argument qui fait figure de sous-titre sur l’affiche du film : « À la recherche du meilleur steak du monde »: « À la recherche du meilleur steak du monde ». 

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Illustration 1
© Jour2Fête

Après l’état du monde du vin avec le documentaire Mondovino (2004) de Jonathan Nossiter, Franck Ribière consacre son premier long métrage à la viande autour de cet argument qui fait figure de sous-titre sur l’affiche du film : « À la recherche du meilleur steak du monde »: « À la recherche du meilleur steak du monde ». 

Les deux documentaires, à dix ans de distance ont comme point de départ une véritable passion pour leur sujet. Franck Ribière a été distributeur (La Fabrique de Films) et producteur. S’il devient réalisateur, c’est avant tout afin de se consacrer pleinement à sa recherche : il ne semble pas entrevoir de carrière comme réalisateur, mais part de le nécessité viscérale d’aborder ce sujet si peu traité en définitive. Le scrupuleux investigateur qu’est Franck Ribière s’associe très bien au globe-trotter amoureux de la bonne chair. Car la conséquence directe de ce projet de documentaire est de pouvoir déguster les meilleures viandes du monde. Cette expérience est communicative à l’écran. Cela passe autant par des scènes en cuisine où l’on prend soin de préparer la viande, par la dégustation, qu’à travers les échanges aves les différents intermédiaires responsables de la qualité d’une viande : de l’éleveur au cuisinier, de la fourche à la fourchette. Parfois, la même personne peut cumuler les différents rôles. En plus de transmettre son goût personnel pour une passion, Franck Ribière part à la recherche de ces personnes passionnées par leur métier. Dès lors, les échanges sont instructifs et pertinents, car le réalisateur a eu l’intelligence de s’intéresser à la filière dans son ensemble sans jamais se contenter d’une assiette à déguster. En cela, le documentaire devient politique : le choix de viande est aussi liée à une culture agricole et politique. Dans le pire des cas, on a en effet un élevage hyper subventionné mettant en avant le maximum de profit, en concentrant toujours plus le nombre de têtes de bétail à l’hectare et la masse carnée à l’animal, via l’absorption d’hormones entre autres choses. On sait qu’une très large part des cultures agricoles sur terre est consacrée à l’élevage animal au profit d’une viande de médiocre qualité : songeons au cas toujours d’actualité des fermes usines de mille vaches en France. Tout ceci est envisageable pour le spectateur du film, mais restant toujours hors champ. Il ne s’agit pas ici de dénoncer les mauvaises productions d’élevage à travers le monde (il en existe énormément, conduisant à des déforestations massives et à une pollution intensive) dont le Fast Food Nation (2006) de Richard Linklater via la fiction avait réussi à s’en faire l’écho (le film n’est d’ailleurs pas inconnu de Franck Ribière qui l’avait distribué en salles en France), mais bien plutôt de mettre en avant les bons éleveurs et leurs méthodes spécifiques et parfois très atypiques, comme au Japon par exemple avec le bœuf de Kobe. C’est à la fois un bel encouragement pour la filière bovine actuellement en crise, du moins en France où il est toujours plus rentable d’être un gros céréalier aux centaines d’hectares qu’éleveur, en mettant en avant une profession soucieuse de la qualité de son travail et une découverte de la diversité des usages culturels autour de ce mets gastronomique. D’entrée de jeu, le réalisateur se place du côté de la qualité gustative en choisissant comme guide amphitryon à travers le monde (États-Unis, France, Japon, Suède, Italie, Espagne, Argentine, Royaume-Uni, Canada, Brésil, Belgique) un très grand amoureux de la viande en la personne du boucher Yves-Marie Le Bourdonnec. Au final, une morale apparaît autour de la consommation de la viande et le retour à un meilleur équilibre planétaire : mieux vaut manger moins souvent de viande (le repas journalier est clairement excessif et irresponsable pour soi comme pour l’environnement) pour profiter avec un plaisir concentré et durable une fois par semaine d’une viande de qualité. Yves-Marie Le Bourdonnec prône ainsi le retour à une alimentation à base d’herbe pour les animaux d’élevage pour que ceux-ci traduisent gustativement un terroir.

Illustration 2

Steak (r)évolution

de Franck Ribière

Avec : Franck Ribière, Yves-Marie Le Bourdonnec

France – Belgique, 2014.

Durée : 130 min

Sortie en salles (France) : 5 novembre 2014

Sortie France du DVD : 7 avril 2015

Format : 1,85 – Couleur

Langues : anglais, français - Sous-titres : français.

Éditeur : Jour2Fête

Bonus :

Table-ronde autour du film animée par Jérôme Genevray avec Yves-Marie Le Bourdonnec, Franck Ribière et Vérane Frédiani
Bande-annonce

Site de l'éditeur : http://www.jour2fete.com/index.php/dvd/217-steak-r-evolution

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