51e édition du Festival La Rochelle Cinéma du 30 juin au 9 juillet 2023 : Respire d'Onur Karaman
Du Québec francophone, les cinéphiles français ne connaissent pas le racisme endémique qui se développe étroitement lié à la précarité et au chômage. La dénonciation de cette intolérance est bien l'enjeu de l'intrigue d'Onur Karaman, pour son quatrième long métrage de fiction. Le cinéaste québecois affirme son indépendance en étant sur chacun de ses films à la fois réalisateur, scénariste et producteur. Seul Là où Attila passe... (2015) parmi sa filmographie est sorti commercialement en France et pour le moment, Respire qui a fait partie de la sélection de la 51e édition du Festival de La Rochelle, n'a pas encore de distributeur pour une exploitation prochaine dans l'Hexagone.
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L'originalité du scénario est d'avoir mené de front trois personnages confrontés au racisme avec un égal traitement pour comprendre leurs propres problématiques sans en minimiser aucune. Ce sont également trois hommes dont la violence dont ils usent et useront expriment avant tout leur détresse profonde face à une absence d'horizon social. Cette rage finit également par se transmettre alors que chacun dispose comme alternative l'écriture comme alternative à cette violence qui leur barre toute projection à venir heureuse. Ainsi, l'adolescent cache des talents de poète, tandis que son père ne peut user de ses analyses d'ingénieur (forcément écrites) et Max est entouré de figures féminines qui ont tenté modestement de faire leur révolution par l'écriture d'un livre.
L'intrigue se développe dans le cadre d'un véritable drame social où la violence est également inscrite dans le monde du travail. Ainsi, les employé.es d'une agence de téléphonie qui ne parviennent pas à obtenir les meilleurs résultats dans un cadre extrêmement compétitif, sont exclus de leur poste sans aucun complexe et sommés de mettre fin à leur emploi.
Onur Karaman fait ainsi un constat global qui développe le racisme sans pour autant explicitement établir toujours des liens de cause à effet. Il manque dans cette peinture sociale davantage de descriptions pour mieux comprendre la singularité de cette complexité, tandis que les choix des plans et plus largement la mise en scène ne sont guère inventifs pour dynamiser l'intrigue. Le scénario est certes écrit avec attention mais avec un manque criant de vitalité au final.
Respire
d'Onur Karaman
Fiction
89 minutes. Canada, Québec, 2022.
Couleur
Langue originale : français
Avec : Frédéric Lemay (Max), Amedamine Ouerghi (Fouad), Roger Léger (Gilles), Mohammed Marouazi (Atif), Houda Rihani (Rachida), Marie Charlebois (Maryse), Guillaume Laurin (Jérémie), Claudia Bouvette (Josée)
Scénario : Onur Karaman
Images : Simon Lamarre-Ledoux
Montage : Onur Karaman
Supervision musicale : Frédéric « Paco » Monnier
Direction artistique : Paskale Jobin
Costumes : Mélanie Garcia
Production : Onur Karaman et Patrick Bilodeau
Société de production : UGO Média, Karaman Productions