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Billet de blog 19 juillet 2025

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James Bond 007 contre Dr. No (Dr. No) de Terence Young

Un agent secret britannique ayant été assassiné en mission en Jamaïque, l'agent 007 y est envoyé pour enquêter.

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Illustration 1
James Bond 007 contre Dr. No Dr. No de Terence Young © MGM / United Artists

Sortie de l'édition 4K Ultra HD, Blu-ray - Boîtier SteelBook limité : James Bond 007 contre Dr. No de Terence Young au sein du coffret « James Bond 007 - La Collection Sean Connery - 6 films »

Dans un monde partagé entre deux camps en pleine Guerre Froide, le tournage de la saga la plus longue de l'histoire du cinéma avec plus de 60 ans d'âge et 25 longs métrages à l'heure actuelle, a débuté en janvier 1962 en Jamaïque, quelques mois avant la crise des missiles à Cuba qui laissait craindre le pire sur la scène internationale.

Cette première aventure du célèbre agent secret vient ainsi à point nommé pour concentrer les préoccupations géopolitiques du moment avec un personnage de fiction qui se confronte à un monde résolument manichéiste où les méchants sont incomparablement méchants. En l'occurrence, le héros éponyme du titre (la version anglaise ne cite pas le fameux James Bond 007) est un savant spécialisé dans la recherche nucléaire, furieux d'avoir été rejeté à la fois par l'URSS et les USA, ce qui en fait implicitement un représentant des pays non alignés à l'heure où se succèdent une vague d'indépendances, comme pour la Jamaïque qui obtiendra la sienne à la fin de 1962. Ainsi, le film est tourné dans ce qui est encore une colonie britannique du Commonwealth, alors qu'un agent britannique est assassiné par un groupe de trois Jamaïcains. De là à voir une nostalgie britannique à l'égard de sa toute puissance à travers le monde incarnée par James Bond, il n'y a qu'un pas qu'il est très aisé de franchir puisque l'agent secret se montre plus efficace dans le film que la CIA elle-même, afin de protéger le lancement de la fusée américaine !

Ainsi, cette grosse production des studios britanniques, même si elle est modeste par rapport aux épisodes ultérieurs, s'inscrit dans une volonté de l'industrie du cinéma britannique (brillamment remarquée à ce moment par les studios Hammer et Ealing, sans oublier les coproduction internationales au souffle lyrique réalisées par David Lean, Lawrence d'Arabie sortant la même année que Dr No) de prendre le relais du récit d'aventures made in USA au moment où l'Hollywood classique des puissants studios connaît une véritable crise. Dès lors, James Bond 007 contre Dr. No puise dans le modèle des serials et des divers films d'espionnage hollywoodien en synthétisant en terme de narration et de mise en scène les plus belles réussites d'un certain Alfred Hitchcock dont le récent La Mort aux trousses (North by Northwest, 1959) reste le modèle absolu.

Toujours dans le retour conservateur face à la modernité ambiante, alors que différentes nouvelles générations de cinéastes sont en train d'exprimer leur volonté d'un cinéma plus personnel, la production de James Bond 007 contre Dr. No et des films suivants se montre à l'exacte inverse des thématiques développées par les cinéastes anglais du Free Cinema où la masculinité en crise affirme et revendique sa vulnérabilité. Ici, l'idéologie masculiniste de la viralité exacerbée du mâle conquérant s'illustre avec un James Bond embrassant par force ses multiples conquêtes féminines de la même manière qu'il arrive en conquérant dans un pays en imposant sa brutalité, ses habitudes sans jamais chercher à rencontrer à la réalité sociale locale, le tout représentant ainsi une nostalgie explicite du colonialisme.

Sur ce fond idéologique explicite avec le recul, ce premier long métrage de la saga réussit à poser dans une impressionnante condensation tout ce qui fera le succès et les caractéristiques du personnage et des intrigues : de James Bond avec toutes ses habitudes gestuelles, de langage, de costume, d'attitude, etc. au grand méchant au calme froid, d'une intelligence supérieure, aux goût raffinés et à la folie mégalomaniaque, aux James Bond Girl dont le modèle s'impose avec l'apparition d'Ursula Andress en bikini sur une plage des Caraïbes : on ne pouvait pas faire mieux dans la condensation de l'exotisme !

Un film qui appartient pleinement à son temps et offre rétrospectivement les racines d'un personnage toujours en prise avec son époque dans l'expression de son conservatisme, tout en trouvant pleinement sa place dans un monde résolument moderne. De ce point de vue, il faut remarquer dans ce premier opus le travail remarquable des décors de Ken Adam et aussi des prises de vue de Ted Moore dans une véritable complémentarité entre les deux.

Illustration 2

James Bond 007 contre Dr. No
Dr. No
de Terence Young
Avec : Sean Connery (James Bond), Ursula Andress (Honey Ryder), Joseph Wiseman (Dr Julius No, No 8 du SPECTRE), Jack Lord (Felix Leiter), Bernard Lee (« M »), Anthony Dawson (Pr R. J. Dent), Zena Marshall (Mlle Taro), John Kitzmiller (Quarrel), Eunice Gayson (Sylvia Trench), Lois Maxwell (Miss Moneypenny), Peter Burton (le commandant Boothroyd), Yvonne Shima (Sœur Lily), Michel Mok (Sœur Rose), Marguerite LeWars (Annabel Chung, la photographe indépendante), William Foster-Davis (le commissaire Duff), Dolores Keator (Mary Prescott), Reginald Carter (M. Jones), Louis Blaazer (Pleydell-Smith), le colonel Burton (le général Potter)
Royaume-Uni – 1962.
Durée : 105 min
Durée totale : 582' (9h42)
Sortie en salles (France) : 7 mars 1963
Sortie France de l'édition 4K Ultra HD, Blu-ray - Boîtier SteelBook limité : 9 juillet 2025
Format : 1,75 – Couleur
Éditeur : MGM / United Artists
Distributeur : Warner Bros. Home Entertainment France

Contient :
les 4K Ultra HD de :
James Bond 007 contre Dr No (1.75)
Bons baisers de Russie (1.75)
Goldfinger (1.75)
Opération tonnerre (2.35)
On ne vit que deux fois (2.40)
Les Diamants sont éternels (2.40)
les Blu-ray (VF DTS 5.1 / VOST DTS-HD MA 5.1) de :
James Bond 007 contre Dr No (1.75)
Bons baisers de Russie (1.75)
Goldfinger (1.75)
Opération tonnerre (2.35)
On ne vit que deux fois (2.40)
Les Diamants sont éternels (2.40)
un certificat d’authenticité numéroté sur 15 300 exemplaires

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