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Billet de blog 19 août 2022

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Rennes-le-Château 2022 : "The Australian Dream" de Daniel Gordon

Autour de la trajectoire de la star aborigène du football australien Adam Goodes, ce documentaire dénonce le tabou du racisme ordinaire qui s'exerce encore en Australie aussi bien sur les réseaux sociaux que sur les grands médias comme dans un stade sportif.

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8e édition du Festival international du film insolite de Rennes-le-Château et de la vallée de l'Aude 2022 : The Australian Dream de Daniel Gordon

Le rêve national d'intégration qu'évoque le titre est mis en péril par la réalité du racisme endémique encore à l'heure actuelle en Australie à l'égard des populations natives, les Aborigènes. Cela devient encore plus flagrant lorsqu'est directement visé le champion national de football, élu en 2014 « Australien de l'année ». La violence du racisme s'exerce alors des tribunes de la part des supporters de l'équipe adverse en empruntant notamment la voix d'une jeune adolescente ou encore dans une émission à forte audience où un journaliste se croit audacieux en comparant le joueur aborigène à un singe... Cela n'est pas sans rappeler en France les blagues racistes qu'avait subi Christiane Taubira alors ministre de la justice. Si le drame du racisme est universel, ce documentaire se concentre sur le contexte propre à l'Australie dont l'histoire officielle fait débuter l'histoire du pays avec l'arrivée des colons européens au mépris de l'existence multiséculaire des populations aborigènes.

Illustration 1
"The Australian Dream" de Daniel Gordon © DR

Alors que le sport pourrait être un lieu où les séparations communautaires sont abolies au profit de la communion de l'exercice du corps autour de règles admises et respectées par tou.tes, cette promesse est mise à mal par le racisme endémique. Si le parcours d'Adam Goodes et ses prises de position sont une bonne entrée en matière de ce drame qui concerne tout un pays, la question aurait mérité à ne pas se concentrer exclusivement sur sa personnalité, bien que charismatique. Il manque également pour les non Australiens la compréhension de la place de ce sport dans le quotidien des habitants. Il est difficile également d'appréhender le positionnement des législations en cours pour lutter contre le racisme ainsi que la place des représentant.es politiques dans ce processus. Le film est un peu dès lors l'otage de sa star et d'une réalisation sans inventivité dans sa forme qui fait se succéder des témoignages de personnes filmées assises en plan fixe en studio, associés à des plans de foules sans âme. Le film aurait gagné à rencontrer davantage la réalité des Aborigènes pour comprendre le contexte dans lequel évolue le racisme que subit une icône très médiatisée du sport.

Le cinéaste Rolf de Heer avec notamment 10 canoës, 150 lances et 3 épouses (Ten Canoes, 2006) et Charlie's Country (2013) offrait, par ses choix ambitieux de mise en scène et l'implication du monde aborigène à sa réalisation, un regard plus complexe pour saisir cette réalité.

Au final, The Australian Dream a le mérite d'exister malgré sa forme classique pour médiatiser un problème profond d'une triste actualité.

Illustration 2

The Australian Dream
de Daniel Gordon
Documentaire
105 minutes. Australie, Royaume-Uni, 2019.
Couleur
Langue originale : anglais

Avec les interventions de : Adam Goodes, Stan Grant, Nova Peris, Gilbert McAdam, Tracey Holmes, Nicky Winmar, Nathan Buckley, Natalie Goodes
Scénario : Stan Grant
Images : Dylan River
Montage : Matt Wyllie
Musique : Pascal Babare, Thomas Rouch, Cornel Wilczek
Production : GoodThing Productions, Lorton Entertainment, Passion Pictures
Producteurs : John Battsek, Nick Batzias, Sarah Thomson, Virginia Whitwell
Producteurs exécutifs : Julian Bird, Joel Kennedy, Paul Wiegard
Producteur associé : Tommy Gordon

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