Sortie DVD de May in the Summer, de Cherien Dabis
Après avoir quitté New York et son futur époux afin de commencer les préparatifs du mariage en Jordanie, May arrive à Amman, accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par ses deux sœurs. La relation avec sa mère est moins aisée, celle-ci, chrétienne et fervente pratiquante, lui reprochant de se marier avec un homme de confession musulmane.

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Après le très remarqué Amerrika, qui montrait une conception toute particulière de l’hospitalité des États-Unis, alors en guerre contre le Mal au Moyen-Orient, à l’égard d’une jeune Palestinienne, May in the Summer suit un mouvement inverse avec une jeune Jordanienne d’origine palestinienne installée à New York qui rend visite à sa famille en Jordanie. Les deux histoires sont très proches du vécu personnel de la réalisatrice d’origine jordano-palestinienne née au Nebraska aux États-Unis. La confrontation biculturelle la berce depuis plusieurs années et c’est vraisemblablement durant autant de temps que ce projet a été nourri en elle. Cette fois-ci, l’aspect autobiographique semble un peu plus poussé puisque la réalisatrice-scénariste-productrice est pour la première fois actrice dans ce film et qui plus est dans le rôle éponyme : May. Cette accumulation de casquettes sur un tournage témoigne de sa part à la fois d’une envie de contrôler un projet personnel et de se donner le maximum de moyens pour y parvenir. Au cœur de cette histoire se trouve la douleur de n’être ni d’ici ni de là-bas car un environnement humain, de la famille la plus proche aux badauds de la rue, ne cesse de le faire éprouver au personnage principal. Comme le titre l’indique avec ce jeu de mot sur May (à la fois prénom du personnage et un des mois du printemps), il est question d’un décalage identitaire qui d’un côté lui permet un recul nécessaire pour sa création littéraire, mais de l’autre la désoriente complètement. May est promise à un heureux mariage avec l’homme idéal. Mais elle ne peut évacuer le doute qui l’habite et ce retour aux sources auprès de sa famille en Jordanie doit lui permettre de faire le point sur son passé pour mieux envisager son avenir. Même si la famille, incarnée par l’excellente Hiam Abbass dans le rôle de la mère, est d’un poids étouffant, May sait qu’elle peut y trouver les réponses à ses questions. Sa mère a beau lui reprocher le fait qu’elle va se marier avec un non chrétien, le conflit religieux n’est pas le cœur du sujet du film. Au centre se trouve bien davantage l’interrogation du personnage principal et à travers lui de la réalisatrice elle-même sur elle-même. Souvent, malheureusement, le spectateur peut se sentir exclu de cette histoire, où le personnage principal est omniprésent. Il y a bien des personnages qui l’entourent : ses sœurs, sa mère, son père. Mais ceux-ci sont uniquement là pour interroger l’identité de May et n’ont guère droit à un développement personnel. De plus, la Jordanie ne fait l’objet d’aucune découverte : le film ne rencontre pas la société locale en tant que telle. Les scènes sont souvent en intérieur et lorsque l’on est à l’extérieur, celui-ci est immédiatement délimité par le personnage principal. Le scénario est clairement écrit à partir d’un lieu autre que la Jordanie et le tournage n’a hélas pas su capter le rythme, la vie, l’“âme ” des lieux. Le seul personnage quelque peu étoffé est celui de la mère mais compte tenu du talent de l’actrice qui l’incarne, il est difficile pour la cinéaste de ne pas lui donner une vraie place dans son film. Mais au bout du compte, ce personnage lui-même se fait phagocyter, puisqu’il devient le double de May. Le charme n’opère pas et cela est d’autant plus frustrant que l’on sent tout le potentiel d’un univers cinématographique qui ne demande qu’à se révéler devant la caméra du côté de l’auteur.

May in the Summer
May in the Summer
de Cherien Dabis
Avec : Cherien Dabis (May), Hiam Abbass (Nadine), Bill Pullman (Edward), Nadine Malouf (Yasmine), Alia Shawkat (Dalia), Elie Mitri (Karim), Ritu Singh Pande (Anu), Nasri Sayegh (Tamer), Alexander Siddig (Ziad), Laith Soudani, James Garson Chick, Alaadin Khasawneh
Jordanie – Qatar – USA, 2013.
Durée : 99 min
Sortie en salles (France) : 7 mai 2014
Sortie France du DVD : 7 octobre 2014
Format : 1,85 – Couleur
Langues : anglais, arabe - Sous-titres : français.
Éditeur : Memento Films