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Billet de blog 20 novembre 2025

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Les Œillades 2025 : "L’Engloutie" de Louise Hémon

En hiver 1899 dans un village des Alpes, une jeune institutrice est envoyée défendre les valeurs républicaines et la laïcité. Face au patois local et aux croyances magiques, elle se retrouve désarçonnée et trouve dans la force tellurique du monde qui l’entoure la découverte de sa propre sensualité.

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Illustration 1
L’Engloutie de Louise Hémon © Condor Distribution

29e édition des Œillades, Festival du Film Francophone d’Albi du 18 au 23 novembre 2025 : L’Engloutie de Louise Hémon

La singularité du premier long métrage de fiction de Louise Hémon s’épanouit dans un réalisme magique épousant la force de l’approche documentaire, la précision de la retranscription historique et anthropologique, tout en laissant briller la force féminine multiséculaire qui fascine et inquiète les hommes. Autour d’un scénario coécrit par Anaïs Tellenne, la réalisatrice de L’Homme d’argile (2023), on retrouve dans L’Engloutie à la fois la force mythologique de l’évocation du conte et l’enracinement d’une culture locale. Celle-ci passe ici par une vraie place donnée aux interprètes non professionnels qui incarnent une voix, l’occitan-alpin, avec tout l’imaginaire que celui-ci inclut dans son essence intrinsèque, de même que toute une gestuelle d’inscriptions au monde qui ne peut s’inventer sans la vivre dans une transmission intergénérationnelle. Interprètes professionnels et non-professionnels trouvent dans leurs interactions une émulation stimulante qui les conduit à une véritable osmose au service des intentions logées au cœur du scénario.

Cette chorégraphie des corps est alors accompagnée par la composition musicale inoubliable d’Émile Sornin, utilisant divers instruments avec une inspiration enthousiasmante rappelant aussi bien Ennio Morricone que François de Roubaix. Dans le silence laiteux des paysages enneigés, la musique vient régulièrement déposer dès le début ses premiers éléments d’inquiétante étrangeté, s’associant en cela dans chacun des pas faussement innocents de la protagoniste interprétée par le magnétisme électrique de Galatea Bellugi.

Quant à l’image conçue par la cheffe opératrice Marine Atlan, elle alterne entre des extérieurs en journée à la lumière évanescente et aux intérieurs travaillant avec subtilité sur le clair-obscur dans une démarche où la retranscription historique se fait précise avec un naturalisme spontané.

De son côté, le récit commence à l’instar du héros de Sleepy Hollow (1999) avec une protagoniste pétrie de certitudes rationalistes, convaincue d’apporter les lumières républicaines face aux croyances traditionnelles locales. Son point de vue est amené à évoluer, la faisant passer de son statut d’ardente conquérante du républicanisme univoque issu du milieu urbain, à un esprit de symbiose avec le milieu rural, avec ses croyances qui vont aussi peu à peu contaminer le regard du public du film de manière inattendue. Telle est la belle surprise cinématographique proposée par les choix inspirés de mise en scène de Louise Hémon.

L’Engloutie
de Louise Hémon
Fiction
98 minutes. France, 2025.
Couleur
Langues originales : français et occitan-alpin

Avec : Galatea Bellugi (Aimée), Mathieu Lucci (Énoch), Samuel Kircher (Pépin), Oscar Pons (Daniel), Sharif Andoura (le père de Pépin), Amid Bouselahane (un père), Marisa Ronchail (une ancienne), Annie Souche (une ancienne), André Borel (le vieux Jupiter), Léna Camillieri Dorléans (Béloti), Solal Griveau Martin (Nams), Lula Guaydan (Marie), Greta Saggiorato (Marion), Tom Pezier (le muletier de printemps), Amélie Griveau (une femme du printemps), Domitille Bruneton (une femme du printemps), Marie Trouvé (une femme du printemps), Léa Caro (une femme du printemps), Ludovico Leombruni Le muletier d'hiver
Scénario : Louise Hémon et Anaïs Tellenne en collaboration avec Maxence Stamatiadis
Images : Marine Atlan
Montage : Carole Borne
Musique originale : Émile Sornin
Son : Elton Rabineau
Montage son : Margot Testemale
Mixage : Clément Laforce
1re assistante réalisatrice : Violette Echazarreta
2e assistante réalisatrice : Louise Dendraën
3e assistant réalisateur : Jean-Baptiste Becq
Décors : Anna Le Mouël
Maquillage : Sarah Mescoff
Coiffure : Alexandra Bredin
Costumes : Joana Georges Rossi
Casting : Marie Cantet
Scripte : Manon Verdeil
Production : Margaux Juvénal, Alexis Genauzeau
Production associée : Simon Bleuzé
Société de production : Take Shelter en coproduction Arte France Cinéma
Distributeur (France) : Condor Distribution

Sortie salles (France) : 24 décembre 2025

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