
Sortie DVD de Marie Heurtin, de Jean-Pierre Améris
À la fin du XIXe siècle, Monsieur Heurtin, modeste artisan, confie sa jeune fille Marie, aveugle, sourde et muette, aux religieuses de l’institut de Larnay, près de Poitiers, qui s’occupent de jeunes filles sourdes. La Mère Supérieure refuse de l’accueillir mais devant la détermination de Sœur Marguerite, elle finit par céder.
Pour son neuvième long métrage pour le cinéma (sans compter ses téléfilms) et plus de vingt ans de métier, Jean-Pierre Améris adapte pour le cinéma l’histoire vraie de Marie Heurtin. Familier du film en costumes après la réalisation à gros budget de L’Homme qui rit (2012), il se lance cette fois-ci avec un budget plus modeste dans la réalisation d’un sujet plus intime. Le cinéaste retrouve après Les Émotifs anonymes (2009) son alter ego féminin à l’écran : Isabelle Carré. Il y a également à l’origine de ce projet, le très vif intérêt pour le film d’Arthur Penn portant sur un sujet similaire : Miracle en Alabama (1962). Ce qu’il en résulte, c’est un peu le portrait caché de Jean-Pierre Améris à travers la mise en valeur de la sensibilité. Autour de ce personnage de jeune aveugle, sourde et muette qui s’ouvre progressivement aux beautés du monde, le cinéaste s’intéresse davantage à l’épanouissement individuel grâce au plein usage des sens, qu’à la pédagogie, à la différence d’Arthur Penn ou encore de François Truffaut pour L’Enfant sauvage (1970). Dans cette perspective, les magnifiques scènes extérieures tournées sous le soleil estival ne cessent de se succéder, s’opposant dès lors à un traitement naturaliste : l’uniformité de la lumière extérieure témoigne des obsessions du cinéaste. Pour cette raison, Jean-Pierre Améris a préféré tourné dans la région Rhône-Alpes où la lumière est plus vive que celle des environs de Poitiers où est sensée se dérouler l’histoire originale. Il en résulte un bel et honnête film, réalisé avec le plus grand soin et reposant sur de bons acteurs. Isabelle Carré s’approprie complètement son rôle sans chercher à le transcender. Ariana Rivoire, elle livre une prestation tout à fait convaincante pour sa première apparition à l’écran. En revanche, les autres personnages sont quelque peu négligés par le metteur en scène, à commencer par Brigitte Catillon dans le rôle d’une Mère supérieure que l’on oubliera très vite. Les bonus livrent à la fois les intentions du cinéaste au cours d’entretiens où celui-ci se livre, ce qui viendra compléter le regard du spectateur sur le film. Quant au making of, il permet de prendre en compte une mise en scène spécifique adapté aux acteurs sourds et muets. La fabrication du film devient en soi alors un touchant exercice de prise en compte de la diversité de la société à travers ses handicaps. Ainsi, ce film très intimiste devient un peu malgré lui humaniste.

Marie Heurtin
de Jean-Pierre Améris
Avec : Isabelle Carré (Sœur Marguerite), Ariana Rivoire (Marie Heurtin), Brigitte Catillon (la Mère supérieure), Noémie Churlet (Sœur Raphaëlle), Gilles Treton (Monsieur Heurtin), Laure Duthilleul (Madame Heurtin)
France – 2014.
Durée : 92 min
Sortie en salles (France) : 12 novembre 2014
Sortie France du DVD : 18 mars 2015
Format : 1,85 – Couleur
Langue : français - Sous-titres : français.
Éditeur : Diaphana
Bonus :
Making of
Entretien avec Jean-Pierre Améris
Documentaire : « Un cinéaste dans le monde des sourds »