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28e édition des Œillades, Festival du Film Francophone d’Albi du 19 au 24 novembre 2024 : La Pampa d'Antoine Chevrollier
Autour d'un scénario original écrit à six mains par le réalisateur même, La Pampa (2024) est une plongée introspective sur la difficulté de vivre sa différence en milieu rural reposant sur certaines valeurs de la masculinité toxique et prédatrice quand on est adolescent. Le film s'ouvre de manière symptomatique à l'instar de La Fureur de vivre (Rebel without a cause, 1955) de Nicholas Ray avec une figure d'ange blond interprété par Amaury Foucher en nouveau James Dean, qui flirte avec la mort en faisant corps avec l'outil mécanique pour s'imposer avec sa force séductrice comme la force masculine éclatante au grand jour. De cette première image comme chez Nicholas Ray, les séquences suivantes témoigneront de toute sa profonde vulnérabilité dans sa quête désespérée de retrouver l'affection de son père qui lui impose ses propres désirs de compétition et de domination où pour se créer une place dans la société, il faut « tuer » symboliquement ses compétiteurs.
La richesse de ce scénario complexe aux multiples lectures qui permettent de faire exister la singularité de chaque personnage de manière autonome, c'est que le protagoniste incarné par Sayyid El Alami dont on partage le regard est un personnage de fin observateur au regard calme mais aussi trouble, car il est en effet hanté par la mort de son père. Il trouve alors dans l'amitié avec Jojo le blond solaire une véritable complémentarité qui lui permet de s'affirmer au monde dans un modèle familial qui ne se reconstruit pas comme il le souhaiterait alors qu'il n'a pas fini son deuil.
Ajoutons à ce duo un personnage féminin construit avec une subtile et fine précision par Léonie Dahan-Lamort qui apporte au héros de cette histoire par son regard et sa force issue venue d'une autre géographie et d'une autre temporalité par son application à dialoguer à le mise en récit médiévale tout en étant politiquement intégrée dans son époque contre les diverses discriminations sexistes.
La Pampa est ainsi un drame social dont la peinture sociologique est finement saisie en intégrant la course de moto comme dynamique sociale à l'intrigue questionnant la construction de l'homosociabilité dans le besoin nécessaire à l'adolescence de faire groupe et de répondre au défi des défailliances familiales.
Mené à un rythme fou avec l'énergie de la survie dans un monde où la tendresse est rare, La Pampa est un drame adolescent qui vient poser les questions éminemment politiques et contemporaines d'inscription au monde pour faire société avec une force narrative et émotionnelle inoubliable.
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La Pampa
d'Antoine Chevrollier
Fiction
103 minutes. France, 2024.
Couleur
Langue originale : français
Avec : Sayyid El Alami (Willy), Amaury Foucher (Jojo), Damien Bonnard (David), Artus (Teddy), Florence Janas (Séverine), Léonie Dahan-Lamort (Marina), Axelle Fresneau (Mélody), Mathieu Demy (Étienne), Marlon Hernandez (Infini'Tif), Hadrien Heaulmé (Steven), Yannis Maaliou (Briquet), Marguerite Zouaoui (Alix), Laëtitia Clément (Olivia), Crystal Shepherd-Cross (Steph), Fanny Poulain (Cathy), Mickaël Gaignard (le collègue de l'usine), Patrick Épinoux (l'épicier), Corinne Meignant (Martine), Sylvain Saussereau (Simon), Danièle Maharavo, Arthur Breau, Hugo Mounissens, Richard Vella, Gilles Le Clainche, Nathalie Lherbette, Arthur Millerand, Noam Cailleau, Lorenzo Clément, Valentin Gohier, Jeanine Damien, Sohane Zaoui, Julien Pelletier, Quentin Rannou
Scénario : Bérénice Bocquillon, Antoine Chevrollier, Faïza Guène
Images : Benjamin Roux
Montage : Lilian Corbeille
Musique : Evgueni Galperine, Sacha Galperine
Son : Martin Boissau
1er assistant réalisateur : Romaric Thomas
2nde assistante réalisatrice : Lou Girardot
Costumes : Margot Lavaleix
Décors : Gladys Garot
Casting : Gigi Akoka, Alicia Cadot
Scripte : Clémence Colombani
Production : Nicolas Blanc
Société de production : Agat Films & Cie
Distributeur (France) : Tandem
Sortie salles (France) : 5 février 2025