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Sortie Blu-ray : Effraction de Daniel Duval
Toujours au cœur de la vague des production de polar, l'acteur et réalisateur Daniel Duval bien connu du genre dramatique devant et derrière la caméra, adapte pour réaliser Effraction (1983) le roman de Francis Ryck avec ce dernier à la coécriture pour l'unique fois pour un long métrage de cinéma. Le film ne cherche pas à reprendre spécifiquement les codes du genre et s'amuse tout au contraire à mettre en scène ses trois interprètes principaux, à savoir Marlène Jobert, Bruno Cremer et Jacques Villeret, avec des personnages qui évoluent tout au long de l'intrigue. Dès lors, plus que l'histoire banale d'une prise d'otages qui ne démarre que bien tard dans le film, Daniel Duval offre un rôle de premier plan à Jacques Villeret, pourtant habitué avant et après ce film à des registres comiques éloignés de ce rôle de gangster à la lourde pathologie.
L'équilibre dans le jeu des personnages fonctionne assez bien et Jacques Villeret compose effectivement un rôle d'autant plus intéressant qu'il est imprévisible et qu'il parvient à tenir en respect Bruno Cremer. Dans un monde essentiellement masculin, le rôle en revanche de Marlène Jobert n'est guère développé et le réalisateur comme son coscénariste ne lui offrent guère d'opportunité d'exister autour d'une histoire de vie singulière.
Quant aux décors du sud de la France entre les course-poursuite et les scènes d'intérieurs de bar et d'hôtel, ils s'inscrivent bien dans le film en donnant une idée de la société contemporaine du tournage à travers ces personnages anonymes que le gangster s'amuse à titiller avec des intentions inquiétantes, qu'il s'agisse de la tenancière de bar ou du garçon de l'hôtel qui incarnent une France oubliée des grandes orientations politiques du moment. Il est d'ailleurs possible à partir de ces rencontres singulières, que le grand méchant soit le porte voix exacerbée d'une société frustrée qui veut mener grand train de vie en dépensant ses billets de 500 francs sans compter, à boire du champagne, fumer des cigares et en fantasmant une vie de couple bourgeois. C'est à ce titre que la peinture du gangster kidnappeur à la fin funeste n'a rien d'anodine si l'on interprète encore le dénouement qui vient rappeler à quel point l'État à travers ses représentants ne pardonnera pas la volonté de briser d'un individu de venir briser les murs imposés d'un certain ordre social reposant sur l'inégalité de la répartition des richesses issues des bénéfices du travail.
Effraction
de Daniel Duval
Avec : Marlène Jobert (Kristine), Bruno Cremer (Pierre), Jacques Villeret (Valentin Tralande), Florent Pagny (le jeune homme agressé), Jean-Pierre Dravel (le commissaire), Robert Darame (l'adjoint du commissaire), Denise Filiatrault (la barmaid), Robert Kramer (le garçon d'étage), François Lafarge (le directeur de la banque), Philippe Landoulsi (le réceptionniste), Maxime Leroux (un gangster), Jean-Pierre Massonneau (un gangster), Jacques Vincey (un gangster), Bernard Montagner (un inspecteur), Jean-Pierre Thomacini (un inspecteur), Georges Licastro (le directeur de l'hôtel), Ines Neff (la belle femme de l'hôtel), Alain Sfez (le caissier), Magali Leris (la prostituée), Francis Abbo (le chauffeur de taxi), Benjamin Simon (le voyageur du train)
France – 1983.
Durée : 95' (1h35)
Sortie en salles (France) : 30 mars 1983
Sortie France du Blu-ray : 18 novembre 2025
Format : 1,85 – Couleur
Langue originale : français.
Éditeur : Arcadès éditions
Distributeur Arcadès
Bonus :
« Le Cinéma français en garde à vue : Le polar des années 80 » par Jérôme Wybon (19’)
« À contre-emploi » : À propos du film « Effraction » par Jérôme Wybon (10’)