"Un été d'enfer" de Michael Schock

Sortie Blu-ray : Un été d'enfer de Michael Schock

Comme le rappelle Jérôme Wybon, spécialiste de l'histoire du cinéma français et qui a beaucoup fait pour rendre possible l'édition de ce film et d'autres de la même collection, la première moitié des années 1980 avec la fin de la peine de mort, est marquée par une multiplication de ce que l'on appelle aux USA des « vigilante movie » prônant l'autodéfense et la justice expéditive passant par l'homicide. S'ajoute à cet engouement une nouvelle vague de polars réactualisant la figure du policier.

Un été d'enfer (1984) de Michael Schock répond parfaitement aux codes de ces deux genres de film avec un classique détective privé partant à la recherche de la sœur disparue de sa cliente tandis qu'il va s'éprendre de cette dernière. Un passage à tabac d'une rare violence pour l'époque où le héros est drogué de force, va orienter très rapidement le film vers une histoire de vengeance où le ton humoristique et dégingandé de Thierry Lhermitte qui venait d'interpréter un policier dans la comédie policière Les Ripoux (1984) de Claude Zidi s'évanouit totalement comme neige au soleil pour ne plus jamais revenir.

D'ailleurs le film devient de plus en plus sombre avec une organisation criminelle mêlant drogue et prostitution, avec l'appui d'une police corrompue. De ce point de vue, l'inspiration première témoignant d'affaires réelles autour des activités de barbouzes de la SAC (Service d'Action Civique) n'a pas été autorisé dans le développement du scénario auprès du CNC et il a fallu effacé toute évocation de ladite SAC qui a été dissoute en juillet 1981. Après avoir été violemment battu, le protagoniste finit par se remettre et pratiquant dès lors une violence sans pitié à l'égard de ses obstacles sur son chemin sous la forme de ce qui ressemble en tout point à une vendetta.

Peu crédible dans le rôle du bel apprenti détective aux beaux yeux bleus solitaire sur son cheval mécanique, Thierry Lhermitte porte pourtant l'ensemble du film face à un Daniel Duval plus convaincant mais qui n'aura pas beaucoup de temps à l'écran pour défendre son rôle. La relation d'amour elle-même est superficielle et accessoire, se contentant d'utiliser les poncifs du genre.

Sans fulgurance ni conviction à la mise en scène, le film finit malgré tout par se tenir dans le cadre d'un simple divertissement sans autre ambition, loin du regard critique sur la société contemporaine du tournage.

Un été d'enfer Version intégrale non censurée
de Michael Schock
Avec : Thierry Lhermitte (Philippe Darlan), Véronique Jannot (Elisabeth Leroy), Daniel Duval (le commissaire Turielle), Corynne Charbit (Josy), Ramoncín (Riton), Michel Adam de Villiers (Charly), Annabelle Mouloudji (Valérie Leroy), Lionel Melet (le drogué de la boîte), Guy Cuevas (le patron du Black Lagoon), Joaquín Hinojosa (Kurant), Jack Taylor (Fabiani), Elena Mar (Sylvia), Gérard Zalcberg (l'ami de Charly), Jean-Pierre Thomacini (Darnel), Monique Tarbès (Germaine, la secrétaire), Marco Fabio, César Varona, Bernard Montagner, Tomás Sáez, Jean Parra, Pierre Parra, Moussa Seghiri
France, Espagne – 1984.
Durée : 100' (1h40)
Sortie en salles (France) : 12 décembre 1984
Sortie France du Blu-ray : 18 novembre 2025
Format : 1,85 – Couleur
Langue originale : français.
Éditeur : Arcadès éditions
Distributeur Arcadès

Bonus :
« Le Cinéma français en garde à vue : Le polar des années 80 » par Jérôme Wybon (19’)
« Sexe, drogue et Thierry Lhermite » : À propos du film Un été d’enfer par Jérôme Wybon (11’)