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Billet de blog 22 janv. 2016

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Pour une (re)découverte du surréalisme en France : Brunius

Si l’histoire du cinéma d’auteur français vécut une première étape fondamentale dans les années 1920, il est une figure incontournable, quasi omniprésente dans la créativité d’alors pour un art encore jeune et qui s’est donnée pour nom de scène « Jacques-Bernard Brunius ». Si l’éditeur DVD de ce coffret a choisi l’adjectif « surréaliste » pour caractériser l’homme, c’est que ce courant artistique

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Illustration 1
brunius-1 © DR

En DVD : Jacques-Bernard Brunius, un cinéaste surréaliste

Si l’histoire du cinéma d’auteur français vécut une première étape fondamentale dans les années 1920, il est une figure incontournable, quasi omniprésente dans la créativité d’alors pour un art encore jeune et qui s’est donnée pour nom de scène « Jacques-Bernard Brunius ». Si l’éditeur DVD de ce coffret a choisi l’adjectif « surréaliste » pour caractériser l’homme, c’est que ce courant artistique fut à l’époque un véritable terreau qu’il a lui-même en retour contribué à nourrir. Ainsi, il suffit de se rappeler qu’on lui doit la reconnaissance dans ces années d’un génial et néanmoins modeste inventeur de la Drôme passé dans la postérité sous le nom de « Facteur Cheval » ! Brunius se retrouve complètement dans l’idée de cet homme qui consiste à user de la création de son propre environnement pour recréer un monde personnel à partir de cette manière première. C’est là l’esprit même du surréalisme et l’on comprend dès lors à quel point Brunius s’épanouit dans le travail de films de montage, tels qu’ils sont présentés dans ce coffret DVD : Autour d’une évasion (1931), Records 37 (1937) et Sources noires (1937). Pour dissocier ces films, il faut dissocier l’esprit de la commande de l’expérimentation technique mise en œuvre par Brunius. En effet, Records 37 et Sources noires promeuvent rien de moins qu’une foi aveugle dans le développement technologique dû au fantasme puéril de la manne de l’époque que constituait le pétrole. Le propos, bien qu’écrit par Desnos, est devenu d’une naïveté déconcertante qu’il faut davantage prendre comme un document historique de l’époque que la prise de position d’un artiste. En effet, c’est l’énergie libérée par le pétrole qui a permis ensuite à la guerre de devenir le moment de l’Histoire de l’humanité le plus destructeur que celle-ci n’ait jamais connu, associé à la découverte de l’énergie nucléaire ! Brunius en a eu conscience, c’est pourquoi il a été capable d’avoir un autre type de discours que le positivisme béat de ces œuvres de commande. La vraie personnalité artistique s’affiche malgré tout dans son sens du montage et s’exprime enfin dans le fond et la forme dans son mémorable et inaltérable Violons d’Ingres qui fait la part belle à l’inventivité de chacun face à un consensus social qui tend à tuer toute créativité dont le terreau est l’enfance. Il rend ainsi à tous ces hommes inconnus qui vont dans la même démarche qu’un Douanier Rousseau ou d’un Facteur Cheval ! Avec ce  documentaire et sa manière d’analyser une œuvre, Brunius se fait précurseur d’un genre promis à un bel avenir : l’exploration d’une œuvre d’art par le cinéma documentaire. En cela, le très beau court métrage Le Palais idéal d’Ado Kyrou (1958, présenté en bonus de cette édition DVD) est une excellente preuve de cette filiation. Brunius est aussi connu comme un fameux acteur dont l’interprétation exceptionnelle métaphorique du faune en jeune homme en canotier lui sied à ravir dans Une partie de campagne de Jean Renoir.

Pour (re)découvrir Brunius et sa place dans l’histoire de l’art en France, Doriane a eu l’excellente initiative de placer en bonus la Rencontre autour de Brunius au Lux, en présence d’Éric Le Roy, Christophe Bonin et Jean-Pierre Pagliano. Leur témoignage apporte un véritable éclairage à la place hors norme de Brunius dans le contexte de l’époque, son génie, son éclectisme, ses diverses sources d’inspiration. Cette édition participe ainsi bien à la construction d’une mémoire du cinéma.

Illustration 2
brunius

Jacques-Bernard Brunius, un cinéaste surréaliste

Contient 4 films :


1. Autour d’une évasion : film dédié à la mémoire d’Albert Londres, docu-fiction (1931, 65’)


2. Violons d’Ingres : documentaire (1937, 30’)


3. Records 37 : documentaire (1937, 28’)


4. Sources noires : documentaire artistique sur l’industrie pétrolière (1937, 38’)

Durée totale du DVD : 161 min

Sortie France du DVD : 12 mars 2012

Format : 1,33 – Noir & Blanc

Langue : français.

Éditeur : Doriane Films

Bonus :

Le Palais idéal  d’Ado Kyrou. Court-métrage de 1958. Texte de Ferdinand Cheval

Rencontre autour de Brunius au Lux, scène nationale de Valence avec Éric Le Roy, CNC Archives françaises du film, Christophe Bonin, Directeur du Palais idéal du Facteur Cheval et Jean-Pierre Pagliano, historien, critique et auteur

Bande-annonce du film Autour d’une évasion

Chronologie de Jacques-Bernard Brunius

Diaporama de photos des films et dessins de Brunius

lien vers le site de l’éditeur : http://www.dorianefilms.com/description.php?id=678

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