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Billet de blog 22 mai 2024

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"Pale Rider, le cavalier solitaire" de Clint Eastwood

Une communauté de chercheurs d'or indépendants à la fin du XIX e siècle aux USA est régulièrement agressée par l'entreprise minière LaHood qui cherche à récupérer cette concession.

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Illustration 1
Pale Rider, le cavalier solitaire Pale Rider réalisé par Clint Eastwood © Warner

Sortie Blu-ray : Pale Rider, le cavalier solitaire de Clint Eastwood

Un peu moins d'une décennie après Josey Wales (1976), Clint Eastwood réalisa son nouveau western dans les années 1980 où le genre était quasiment à l'agonie. Le réalisateur réussit alors à transfuser un sang vital qui puise une fois encore ses ressources dans la conjugaison entre le cinéma classique hollywoodien et le cinéma italien. Après s'être illustré avec un héros éponyme, Clint Eastwood reprend avec succès le rôle de l'homme sans nom et cette fois-ci avec une dose conséquente de mysticisme biblique. En effet, le pasteur qu'il joue apparaît après la prière d'une jeune fille et les cicatrices dans son dos associées à la mise à mort de son adversaire final laissent supposer qu'il pourrait venir tout droit du monde des morts, ou bien même encore être une incarnation de la Mort elle-même.

L'enjeu est ici la défense d'une communauté de colons s'installant en paix sur un territoire pour fonder une nouvelle société, face à un puissant propriétaire qui est en train de faire disparaître une montagne afin de s'accaparer l'or qu'elle recèle dans ses veines. En ce sens, Clint Eastwood prône un message écologique non anodin même s'il n'est pas davantage développé dans le film. Il défend notamment une exploitation minière qui pourrait apparaître comme « raisonnable » face aux gros moyens de l'exploitation minière qui n'hésite pas à semer la mort, la destruction et la terreur.

Bien qu'il soit un ardent républicain et dans les années 1980 un soutien explicite au président Reagan, son récit pourrait malgré tout s'apparenter à une lutte contre les puissants capitalistes sans scrupules si son propos n'était pas avant tout de promouvoir la liberté d'entreprise de tous au nom du rêve américain. En ce sens aussi Clint Eastwood continue ici à défendre les valeurs et les mythes de son pays. Avant son ultime western sombre et sépulcral Impitoyable (Unforgiven, 1992), le cinéaste qui est devenu depuis vingt ans une figure à part entière du western américain jusqu'à en devenir son icône en reprenant allègrement le flambeau laissé par John Wayne, laisse rôder la mort sur tout le film, en tant que messager mi-ange, mi-démon issu de la Bible. Pale Rider se singularise également par la beauté de sa nature qui s'oppose à l'aridité et la sécheresse des déserts des westerns traditionnels. Cette présence de la nature rayonnante qu'il faut d'autant plus protéger comme un retour à la terre n'est pas non plus sans évoquer le Jeremiah Johnson (1972) de Sidney Pollack.

Clint Eastwood est conscient de son statut charismatique et joue des attentes de son public puisque ce n'est que dans la dernière partie qu'il sort l'instrument fétiche de son personnage d'homme sans nom, tueur d'élite avec son arme qu'il sort pour un ultime duel final, seul contre sept hommes. Les westerns de Clint Eastwood semblent se suivre d'une narration à une autre, comme si Josey Wales était le passé de l'homme devenu pasteur pour arrêter de tuer et ensuite dans Impitoyable où un ancien tueur à la retraite est rappelé à son activité.

Pale Rider, le cavalier solitaire
Pale Rider
réalisé par Clint Eastwood
Avec : Clint Eastwood (le pasteur), Michael Moriarty (Hull Barret), Carrie Snodgress (Sarah Wheeler), Chris Penn (Josh LaHood), Richard A. Dysart (Coy LaHood), Sydney Penny (Megan Wheeler), Doug McGrath (Spider Conway), Richard Kiel (Club), John Russell (Marshal Stockburn), Charles Hallahan (MacGill), Marvin J. McIntyre (Jagou), Fran Ryan (Ma Blankenship), Richard Hamilton (Jed Blankenship), Chuck Lafont (Eddie Conway), Jeffrey Weissman (Teddy Conway), Billy Drago (l'adjoint Mather), S.A. Griffin (l'adjoint Folke), Jack Radosta (l'adjoint Grissom), Robert Winley (l'adjoint Kobold), Jeffrey Josephson (l'adjoint Sedge), John Dennis Johnston (l'adjoint Tucker), Fritz Manes
USA, 1985.
Durée : 115 min
Sortie en salles (France) : 14 août 1985
Format : 2,35 – Couleur
Éditeur : Warner Bros. Entertainment France

Illustration 2

Film inclus dans le coffret Western à l'occasion des 100 ans de Warner contenant :
Le Massacre de Fort Apache (Fort Apache, 1948) de John Ford
Le Prisonnière du désert (The Searchers, 1956) de John Ford
Rio Bravo (1956) d'Howard Hawks
La Conquête de l’Ouest (How the West Was Won, 1962) réalisé en Cinérama par Henry Hathaway, John Ford et George Marshall
La Horde sauvage (The Wild Bunch, 1969) réalisé par Sam Peckinpah
Jeremiah Johnson
(1972) réalisé par Sydney Pollack
Josey Wales hors la loi (The Outlaw Josey Wales 1976) réalisé par Clint Eastwood
Pale Rider (1985) réalisé par Clint Eastwood
Impitoyable (Unforgiven, 1976) réalisé par Clint Eastwood
L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford, 2007) réalisé par Andrew Dominik

Sortie France du coffret Blu-ray : 3 mai 2023

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