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Billet de blog 22 juillet 2017

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Comment le cinéma américain a étouffé ses ambitions progressistes

Élisabeth Chamorand s'intéresse à cette période sombre où régna l'inquisition dans les milieux de l'industrie hollywoodienne à l'égard de certaines idées politiques.

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Parution du livre La Liste noire à Hollywood d'Élisabeth Chamorand

Si l'arrivée au pouvoir présidentiel du personnage Trump, aussi irresponsable dans ses propos qu'éminemment dangereux dans sa conception de la fonction que lui a concédé une partie de ses concitoyens, on peut s'interroger sur l'intolérance profonde à l'égard des mouvements sociaux qui attise les préjugés et conséquemment la haine. Les termes « communisme » et « socialisme » sont encore à l'heure actuelle teintés d'une forte connotation péjorative, objets d'appel au lynchage médiatique dans les discours politiques. « Pour comprendre », comme le propose cette collection éditée par L'Harmattan, il faut remonter au début du siècle. Élisabeth Chamorand, l'auteure de cet ouvrage, s'intéresse plus particulièrement à cette période sombre où régna l'inquisition dans les milieux de l'industrie hollywoodienne à l'égard de certaines idées politiques. On connaît ainsi cette époque historique incarnée par l'obscurantisme haineux du sénateur MacCarthy mais on ignore souvent que celle-ci se développe et s'impose sur plusieurs décennies, bien au-delà de cette période que l'on circonscrit pudiquement et hypocritement à quelques années, celle du maccarthysme. En effet, tout se joue également dans les années 1930 où le code Hays s'est imposé à Hollywood pour surveiller étroitement le respect de la morale intransigeante du puritanisme. La Liste noire mettant au ban des accusés toute une partie des citoyens progressistes s'est maintenue insidieusement jusque dans les années 1970, époque où la politique des grands studios était amenée à changer radicalement. Élisabeth Chamorand, avec force références historiques, décrit patiemment la naissance des syndicats à Hollywood, notamment ceux des scénaristes, et leur désintégration dans un rapport de force irrémédiablement destructeur face aux puissances financières de Wall Street qui avaient progressivement pris la direction à Hollywood comme à Washington à partir des années 1930 où le New Deal de Roosevelt a été très vite démantelé lors de la présidence Truman. C'est tout ce contexte politique et des enjeux que défendent les syndicats à Hollywood qu'expose ce livre, avec parfois une accumulation d'informations précises précieuses pour le chercheur, mais un peu plus indigeste pour le lecteur cinéphile. Ainsi, les implications des uns et des autres à Hollywood ne sont évoquées que sporadiquement, ainsi que les répercussions sur les carrières de nombreux cinéastes et scénaristes progressistes. Mais c'est là assurément l'objet d'un tout autre ouvrage, puisque Élisabeth Chamorand pour sa part a délibérément choisi en quelques pages synthétiques (118 pages) de montrer les origines historiques qui ont permis la montée en puissance du maccarthysme et incidemment de ses héritiers politiques actuels.

Illustration 1

La Liste noire à Hollywood
d'Élisabeth Chamorand

Nombre de pages : 118
Date de sortie (France) : juin 2017
Éditeur : L'Harmattan
Collection : Pour comprendre

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