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Billet de blog 22 juillet 2024

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Violet Evergarden. Le film (Gekijôban Vaioretto Evâgâden) de Taichi Ishidate

Jeune orpheline utilisée comme machine de guerre, Violet est devenue une fois la paix retrouvée une jeune femme employée comme « poupée » retranscrivant les émotions à la machine à écrire des personnes se confrontant à la mort. Elle est encore hantée par la disparition du major Gilbert qui lui a transmis un message énigmatique : « je t'aime ».

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Illustration 1
Violet Evergarden. Le film de Taichi Ishidate © DR

Diffusion sur la plate-forme Netflix (France) du 4 novembre 2020 : Violet Evergarden. Le film de Taichi Ishidate

Sorti discrètement en salles en France, cette adaptation en film d'une série télévisée à succès qui elle-même était adaptée d'un light novel, est depuis novembre 2020 accessible en plate-forme. Sa durée inattendue de 140 minutes se met au service d'un récit où les désirs et les angoisses des personnages sont étirés dans le temps, ce qui donne une sensation de profond ralentissement. Le monde décrit est d'ailleurs marqué par une violente guerre dont les lourds stigmates sont encore largement visibles dans la société avec des personnages fatigués et torturés, qui ont du mal à imaginer un monde avec un horizon où l'espoir serait permis.

L'héroïne est elle-même avec ses mains mécaniques une « gueule cassée » où son être profond est encore plus meurtris par les épreuves de la guerre où elle a été amenée à tuer sous les ordres de son supérieur hiérarchique pour lequel Violet nourrit une passion amoureuse secrète. C'est là que la romance autour d'un amour impossible apparaît avec un récit qui se déroule sur deux époques, la première ne servant que de tremplin à la seconde : cette époque ancienne où les individus se partageaient leurs émotions à cœur ouvert et défiant le temps sur des lettres de papier. En ce sens, le film n'est pas sans nostalgie pour une époque révolue où le téléphone filaire qui représente la modernité étouffant les potentialités du monde ancien, fait donc écho de manière très explicite à une société contemporaine du tout numérique.

De manière assez surprenante, les scénaristes du film ont développé un récit où la synthèse des récits d'une série aboutit à très peu d'épisodes révélateurs pour les personnages. Bien au contraire, leurs décisions sont ici suspendues jusqu'à ce qu'une prise de conscience inverse la fausse fatalité de l'Histoire de l'humanité. Dans ce monde imaginaire, le monde mécanique fascine moins que ce que l'on pourrait espérer puisque cette technologie aboutit à un contexte martial dont il faut plusieurs générations pour s'en remettre.

Le film a la bonne idée de ne pas surfer sur des ressorts narratifs trop évidents pour être intéressants. Dans la seconde partie, l'histoire d'amour prend le dessus et le temps est d'autant plus ralenti en prenant au premier degré l'histoire d'amour impossible du fait de la fatalité. Peu plaisant par son graphisme, avec un imaginaire qui n'est pas mis en avant,Violet Evergarden trouve néanmoins une originalité intrinsèque à force de croire en son propre récit initial questionnant l'évolution de l'humanité dans son rapport à ses émotions à l'aune des technologies de communication.

Violet Evergarden. Le film
Gekijôban Vaioretto Evâgâden
de Taichi Ishidate
Fiction
140 minutes. Japon, 2020.
Couleur
Langue originale : japonais

Avec les voix originales de Yui Ishikawa (Violet Evergarden), Daisuke Namikawa (Gilbert Bougainvillea), Takehito Koyasu (Claudia Hodgins), Hidenobu Kiuchi (Dietfried Bougainvillea), Haruka Tomatsu (Iris Cannary), Kôki Uchiyama (Benedict Blue), Aya Endô (Cattleya Baudelaire), Minori Chihara (Erica Brown), Kaori Mizuhashi (Ulysse), Rina Satô (Luca), Daichi Endô (le père d'Ulysse), Mayuno Yasokawa (la mère d'Ulysse), Megumi Matsumoto (Shion), Sumire Morohoshi (Daisy Magnolia), Jôji Nakata (Lord Bougainvillea), Yasuhiro Mamiya (le maire), Mitsuru Miyamoto (le père de Daisy), Yuuki Sanpei (le modérateur), Emi Shinohara (la mère de Daisy), Kozue Harashima (la mère), Hisako Kyôda (Nerine), Kanako Sakuragi (la mère), Aya Saito (un enfant), Rie Hikisaka (un enfant), Ayako Kawasumi (Clara Magnolia)
Scénario : Reiko Yoshida, d'après la série de light novel de Kana Akatsuki
Images : Kohei Funamoto
Montage : Kengo Shigemura
Musique : Evan Call
Direction artistique : Mikiko Watanabe
Production : Hideaki Hatta, Shin'ichirô Hatta, Shin'ichi Nakamura, Shigeru Saitô, Megumi Suzuki, Kazusuna Umeda
Production exécutive : Yôko Hatta, Shunji Inoue, Yôko Kogawa, Masayuki Nishide, Yôta Tsuruoka
Sociétés de production : Violet Evergarden Production Committee, ABC Animation, Animation DO, Bandai Namco Arts, Pony Canyon, Rakuonsha

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