Après avoir été surexploitées durant plus d’un siècle, les ressources en hydrocarbures s’épuisent inlassablement. Pourtant les voitures continuent à occuper une place privilégiée dans nos sociétés car tout tourne autour de son usage, les villes se remodelant sans cesse en fonction des déplacements automobiles dans des projets urbanistiques réalisés dans l’urgence et ne favorisant guère la cohésion sociale.
À propos du livre « Le Pouvoir de la pédale », d’Olivier Razemon. Sans compter les morts sur les routes, les accidents irrémédiables détruisant des vies en quelques secondes seulement, une pollution atmosphérique marquée par le réchauffement climatique dont il est de plus en plus difficile de nier la réalité. À divers égards et parce que la voiture a conduit par ses excès l’humanité à l’écœurement, le vélo offre l’espoir d’une sortie de crise. L’ouvrage d’Olivier Razemon sans équivoque est dédié à promouvoir ce mode de locomotion. Il est mû par l’urgence de faire rentrer dans le débat public ce mode de transport dont l’usage crée encore des malaises et de vives polémiques, comme si être vélocipédiste répondait à l’adoption d’une religion. Ceci révèle bien le culte malsain développé autour de l’automobile : puissance phallique, exhibition sans complexe d’un désir de puissance et de négation de l’autre, espoir illusoire et hypocrite d’une prétendue « croissance verte » associée au développement automobile, etc. En interrogeant la place du vélo dans nos sociétés, Olivier Razemon met en évidence les symptômes de maladies qui se sont durablement installées. Non sans humour et parfois sur un ton provocateur, l’auteur souhaite faire bouger la société par la pédale. Ce sujet lui est d’autant plus cher que depuis 2012 il anime en tant que journaliste un blog sur Le Monde consacré au transport : « L’interconnexion n’est plus assurée : chronique impatiente de la mobilité quotidienne ». Ce blog est régulièrement alimenté d’articles détaillés et l’on n’en sera pas étonné tant le thème des transports occupe tout un chacun au quotidien, posant souvent malheureusement plus de difficultés que de solutions. Si Olivier Razemon s’intéresse aux transports en général, force est de constater que pour lui le vélo occupe une place de choix parmi ceux-ci. Cet intérêt valait bien un livre en guise de déclaration d’amour, qui plus est un amour qu’il aime partager. Ses chapitres se succèdent dans le but de démontrer l’intérêt du vélo au lecteur et sont donc complètement dévolus au vélo : on commence ainsi par son histoire, les fausses images qui lui sont attachées, ses atouts considérables, la manière dont il peut changer au mieux la société et une réflexion sur les politiques mises en place. La réflexion d’Olivier Razemon se place régulièrement dans le champ social, s’intéressant aussi bien aux pratiques constatées du côté des citoyens qu’aux décisions politiques. En cela, cet ouvrage s’adresse beaucoup à la conscience citoyenne du lecteur pour penser les transports autrement, dans le but de mettre en place une « transition cyclable », cette expression évoquant à la fois les concepts de transition énergétique des économistes et politiques mais aussi des « villes en transition » beaucoup plus engagées dans leurs responsabilités sociales. Pour réfléchir la place du vélo dans nos sociétés, Olivier Razemon utilise régulièrement des exemples de pratiques dans les pays européens, afin de prendre du recul avec les réalités franco-françaises et ouvrir d’autres perspectives. Cet ouvrage se révèle à cet égard bien documenté : l’auteur utilise à bon escient des exemples concrets pour illustrer ses propos. Plus qu’un manifeste visant à promouvoir ce mode de transport, Le Pouvoir de la pédale offre au lecteur un regard sur les problématiques contemporaines qui entourent les décisions politiques autour du transport.
Le Pouvoir de la pédale. Comment le vélo transforme nos sociétés cabossées
d’Olivier Razemon
Nombre de pages : 192
format : 14x21 cm
Date de sortie (France) : 27 mars 2014
Éditeur : Rue de l’échiquier
lien vers le site de l’éditeur : http://www.ruedelechiquier.net/les-livres