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Billet de blog 23 novembre 2019

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Entretien avec Markéta Hodoušková, directrice du festival Czech-In

Le Festival Czech-In consacré aux cinématographies récentes de République Tchèque et de Slovaquie s'est déroulé du 12 au 16 novembre 2019 pour sa sixième édition au cinéma Action Christine à Paris. Markéta Hodoušková, directrice du festival et de l'association Kino Visegrad qui promeut la diffusion du cinéma d'Europe centrale en France, livre ici ses réponses.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cédric Lépine : Dans quel contexte et avec quelles intentions est apparu le festival il y a quelques années ?
Markéta Hodoušková : Le festival a été créé par des Tchèques à Paris en 2009, à l’occasion de la Présidence tchèque de l’Union Européenne. Nous avons souhaité montrer au public français le meilleur des films tchèques, produit depuis la libération du régime totalitaire. Le festival a ensuite été organisé irrégulièrement, en fonction des possibilités financières.

C. L. : Comment a-t-il évolué jusqu'à l'heure actuelle ?
M. H. : En dix ans, six éditions ont eu lieu. Nous avons montré près de 50 films tchèques et slovaques inédits en France, tous sous-titrés français. Nous avons accueilli des acteurs, réalisateurs, producteurs des étudiants de la FAMU. Tous les ans, nous avons débattu de sujets différents, tels que la problématique de la visibilité de nos films à l’international, la comparaison entre les écoles de cinémas, l’héritage après les 100 ans de l’Indépendance.

Cette année, nous avons particulièrement tenu à mettre en avant le rôle des femmes dans la société, leur engagement dans la culture, le cinéma et la vie politique. Nos invitées étaient des femmes et les films montraient les différentes périodes avant et après la chute du rideau de fer, à travers les portraits des femmes ou faites par des femmes.

C. L. : Quels sont les soutiens financiers et les partenaires logistiques du festival ?
M.
H. : Le festival reçoit une subvention symbolique du ministère de la Culture tchèque, et au niveau logistique, il est soutenu par les ambassades et les centres culturels tchèque et slovaque. Il repose sur le travail de bénévoles, sans lesquels, il n’aurait pas pu avoir lieu.

C. L. : Quelle est la ligne éditoriale de la programmation du festival ?
M.
H. : Il est important pour nous de proposer au public français des films récents, de présenter des nouveaux talents, et d’améliorer la connaissance de la Tchéquie et de la Slovaquie auprès du public français. Nous essayons de composer le programme aussi afin d’attirer l’attention les thématiques importantes pour nos pays. C’était le cas, par exemple, l’année dernière, avec un rappel des 100 ans depuis la création de la Tchécoslovaquie, et cette année 30 ans depuis la Révolution de velours.

Les films sélectionnés sont notamment ceux qui ont eu des prix nationaux ou internationaux dans les festivals importants. Pour la plupart, il s’agit de films inédits en France, et qui n’ont pas de distributeur.

C. L. : Quel est le public du festival ?
M. H. : Nous essayons de croiser des publics. Notre public cible, ce sont les Français. Il s’agit souvent de ceux qui s’intéressent aux cultures et langues d’Europe centrale, ou orientale, des personnes curieuses de l’histoire, de la géographie ou des relations internationales. Les compatriotes ne sont qu’un vecteur, qui amène le public français dans nos salles. Nous travaillons aussi avec des partenaires, universités, centres culturels et notre public à des âges variés.

C. L. : Quel est l'état actuel de la production des cinémas tchèques et slovaques ?
M. H. : Les industries cinématographiques se portent plutôt bien, en terme de production. Par exemple, en Tchéquie, 60 films ont été produits l’année dernière, 30 en Slovaquie. La part du marché national représente 22%, chiffre en baisse, car il y a quelques années, elle était de 34%. Les films sont appréciés aussi dans la région, mais aucun film tchèque ou slovaque n’a été distribué en France cette année. Les films d’Europe centrale et orientale sont sous-représentés dans les festivals et les salles françaises. C’est un fait désolant, constaté récemment dans une tribune au Screen, prestigieux journal cinématographique.

C. L. : Quelle est la politique nationale tchèque et slovaque à l'égard du développement de ces cinématographies ?
M. H. :
Dans les deux pays, il existe respectivement le Fond de cinéma tchèque et le Fond audiovisuel slovaque, depuis environ sept ans, et l’ensemble des commissions professionnelles soutiennent des projets de films, des festivals, distribution, numérisation des salles, éducation, présence de films aux festivals à l’étranger, etc.

C’est un modèle qui existe dans plusieurs pays européens, et les Tchèques et les Slovaques ont donc de bonnes conditions matérielles pour créer. Peut-être que les sujets dont les cinéastes veulent parler ne sont pas au premier abord compréhensibles aux Français, mais là, je vois justement le rôle d’un festival dans le fait de proposer des séances avec des invités intéressants et des débats, pour renforcer le dialogue culturel.

C. L. : Quel soutien offre l'Union européenne pour contribuer à développer les cinémas tchèques et slaves et à les faire connaître en Europe ?
M. H. : Les cinéastes tchèques et slovaques bénéficient du même soutien : ils ont accès au programme Media pour le soutien à la distribution, le développement, les festivals et autre. Pour la production, c’est le Fond Eurimages qui finance les coproductions entre les pays membres.

Il existe ensuite des réseaux tels qu’Europa Cinemas, qui subventionnent les salles pour qu’elles puissent diffuser les films de tous les pays européens et les faire connaître dans les autres pays membres.

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