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Billet de blog 24 avril 2018

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Starewitch, père spirituel de Wes Anderson

Un petite chiot en peluche affronte diverses embûches afin de rapporter l’orange qui soignera une petite fille malade.

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Illustration 1
"Fétiche 33-12" de Ladislas et Irène Starewitch © Doriane Films

À propos de l'édition DVD : Fétiche 33-12 de Ladislas et Irène Starewitch

Sous le titre Fétiche 33-12 l’éditeur Doriane présente en DVD une version restaurée et reconstituée en 2012 du film original réalisé par Ladislas et Irène Starewitch en 1933. À l’époque, le film avait été réduit de moitié, passant de 1000 mètres de bobine à 600 mètres, tel qu’il apparaît en bonus sous la version anglaise The Mascot : dans ce montage réduit, toute la fantasmagorie autour du diablotin et divers personnages inattendus issus des poubelles prennent vie, dansent, chantent, jouent aux cartes, etc. Toutes ces scènes exclues du montage de The Mascot forment Gueule de bois d’après un montage de 1954, également présent en bonus de cette édition DVD. Autrement dit, Fétiche 33-12 est la fusion originelle de The Mascot et Gueule de bois. Ce dernier titre n’invite guère le jeune public et pour cause, ce nouveau montage moraliste expurge tout un pan de l’histoire qui pourrait être associé à l’univers éthylique adulte versus l’imaginaire naturel enfantin mis en scène à travers l’animation des marionnettes.
Produit d’une activité intense d’animation de plus d’une décennie de la part de Starewitch, Fétiche 33-12 est une brillante synthèse de l’animation de marionnettes en stop motion et la prise de vue réelle : encore tâtonnante dans les courts métrages mettant en scène Nina Star, cette fois-ci le mélange des deux fonctionne à merveille, même si la prise de vue réelle est encore essentiellement limitée au rôle d’introduction et de conclusion (à l’exception notable de ces micro scènes où apparaît la vendeuse d’orange ainsi que Ladislas Starewitch himself qui interprète successivement un policier et un fêtard) : l’enjeu du film se concentre avant toute chose sur l’animation des marionnettes où l’histoire centrale du chiot en quête d’une orange pour sa « maîtresse » alitée, n’est qu’un fil rouge autour duquel se rattache une foison de personnages tous plus inventifs les uns que les autres, du papier arraché figurant des êtres sans visage, à la chaussure usagée, en passant par le squelette d’un volatile pondant un œuf cassé lui-même prenant vie. Ladislas et Irène Starewitch font preuve d’une inventivité sans limite, hyper novatrice qui semble irriguer toute l’histoire de l’animation comme le terreau fertile d’une longue série d’expériences foisonnantes déplaçant sans cesse les limites de l’imagination. Si le scénario tient ici sur un mouchoir de poche, peu importe, car toutes ces séquences mettant en scène une pléthore de personnages animés offrent par elles-mêmes autant de joyaux de narration autonome dont le montage est un écrin. Presqu’un siècle plus tard, la fantaisie animée de Wes Anderson dans Fantastic Mr. Fox (2009) et L'Île aux chiens (2018) célèbre avec bonheur la continuité logique des inventions plastiques initiées par Starewitch.

Illustration 2

Fétiche 33-12
de Ladislas et Irène Starewitch
Avec : Ladislas Starewitch dans le rôle du policier et du fêtard.
France, 1933.
Durée : 33 min (75 min pour la durée totale du DVD)
Sortie France du DVD : 25 novembre 2013
Noir & Blanc
Langue : français.
Éditeur : Doriane Films
Bonus :
The Mascot version anglaise, 1933, noir et blanc, sonore, 20’24
Gueule de bois, 1954, noir et blanc, sonore, 12’
Comment naît et s’anime une ciné-marionnette : Ladislas Starewitch au travail avec sa fille aînée Irène : autoportrait. 1932, noir et blanc, sonore, 3’14.

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