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Billet de blog 24 mai 2022

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Cannes 2022 : entretien avec Ainara Vera, réalisatrice de "Polaris"

"Tandis qu'Hayat est loin de la communauté humaine en tant que capitaine d'un bateau en Arctique, sa sœur Leila attend un enfant dans le sud de la France." Ce film fait partie de la programmation ACID du festival de Cannes 2022.

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Cédric Lépine : Pouvez-vous commenter le choix du titre Polaris ? Ainara Vera : Les anciens navigateurs regardaient les étoiles pour connaître leur position dans la mer. Hayat est une capitaine de navire qui cherche sans relâche sa place dans le monde. J'ai aimé l'idée d'appeler le film Polaris, c'est-à-dire étoile du Nord, pour évoquer la dimension de la recherche.

Illustration 1
Ainara Vera © Pol Roig

C. L. : Polaris, c'est à la fois la polarité des sœurs qui se construisent les unes par rapport aux autres, et aussi le monde entier régi entre le mouvement et la sédentarité pour s'occuper de la vie.

A.V. : Totalement. Je voulais jouer avec les contraires, le visible et l'invisible, le conscient et l'inconscient, le mouvement et l'immobilité, la rationalité et l'intuition. Les opposés qui forment une unité qui se complètent.


C. L. : Peut-on voir dans cette histoire une déclaration d'amour à la force de la fraternité ?

A.V. : J'espère. La réalisation du film a franchi les frontières du cinéma pour devenir une expérience personnelle pour Hayat, Leila et moi-même. Pendant un temps, nous avons formé un triangle solidaire qui nous a rendu meilleure. C'était beau !

C. L. : Entre le scénario initial avec ses intentions et l'étape du montage, l'histoire a-t-elle beaucoup changé ?

A. V. : L'esprit du projet est le même depuis le premier jour. Mais pendant le tournage, je me suis laissée surprendre et j'ai improvisé. Je me suis ouverte à la réalité pour que celle-ci écrive le film. Le résultat est très différent de ce que j'imaginais mais correspond exactement à ce que je voulais au départ.  

Illustration 2
"Polaris" d'Ainara Vera © Jour2Fête

C. L. : Les lumières du Sud de la France de Leila et du Groenland de Hayat semblent s'unir dans une même intensité : quel a été le travail d'éclairage sur le plateau et en post-production pour raconter cette histoire par la lumière ?

A. V. : Pour moi, la lumière est fondamentale : je ne filme pas si la lumière n'est pas bonne. J'ai tourné avec un petit appareil photo numérique pour être flexible et indépendante, mais lors de l'étalonnage des couleurs, nous voulions ajouter un poids et une esthétique celluloïd.


C. L. : Entre fiction et documentaire, les frontières s'effacent et Polaris devient une expérience cinématographique forte et une manière de se lier au monde.

A. V. : Pour moi, le plus important est que le film contienne une auréole de vérité. Comment y parvenir est un mystère qui échappe aux formules toutes faites. Dans Polaris j'ai senti qu'il fallait franchir certaines limites, utiliser des filtres sur la réalité pour qu'on puisse voir au-delà des apparences. Ainsi, il apparaît pour cette raison des moments où le film ressemble à de la fiction.

Polaris

d'Ainara Vera
2022, France, Espagne
Durée : 78 minutes

Scénario : Ainara Vera
Images au Groenland : Ainara Vera assistée de Mikael Lindskov Jacobsen et Inuk Silis Høegh
Images en Islande : Ainara Vera, Inuk Silis Høegh
Images en France : Ainara Vera
Montage : Ainara Vera, Gladys Joujou
Son : Ainara Vera, Jérémie Halbert
Musique: Amine Bouhafa
Production : Point Du Jour, Les Films Du Balibari (Clara Vuillermoz - France)
Coproduction : Ánorâk Film (Émile Hertling Péronard, Groenland)
Distributeur (France) : Jour2Fête
Vendeur international : The Party Film Sales

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