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Billet de blog 24 mai 2024

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Adieu ma concubine (Ba wang bie ji) de Chen Kaige

Orphelins éduqués sous une rare violence sadique par leurs maîtres de l'école de l'opéra de Pékin dans les années 1920, Douzi et Xiaolou nourrissent une amitié qui les conduit à traverser cinquante ans d'histoire de la Chine dans les mêmes rôles sur scène, oubliant parfois la frontière entre fiction et réalité.

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Illustration 1
Adieu ma concubine Ba wang bie ji de Chen Kaige © Carlotta Films

Sortie de l'édition Prestige limitée - 4K Ultra HD + Blu-ray + goodies : Adieu ma concubine de Chen Kaige

Palme d'Or ex æquo au festtival de Cannes 1993 partagée avec Jane Campion pour La Leçon de piano (The Piano, 1993), Adieu ma concubine (Ba wang bie ji, 1993) de Chen Kaige est une œuvre ambitieuse mêlant un triangle amoureux dans une fresque historique qui a pour toile de fond la Chine et ses soubresauts politiques de 1924 à 1979. Si le film offre la très belle opportunité pour le public international de découvrir la somptueuse subtilité des expressions artistiques à l'œuvre dans l'opéra de Pékin, pour Chen Kaige cet aspect du film ne constitue qu'une toile de fond qui l'intéresse moins que l'évolution politique de la Chine au XXe siècle à travers une succession de régimes oppressifs à l'égard de la population.

Les personnages principaux étant appelés tout au long de leur vie à incarner le même rôle tout droit issu d'une réalité historique située au IIIe siècle avant notre ère en Chine, ils représentent d'autant mieux l'âme atemporelle de la Chine face à des prises de positions politiques contemporaines peu tolérantes à l'égard des racines culturelles des populations locales. Pour son cinquième long métrage, Chen Kaige convoque rétrospectivement un demi-siècle d'histoire à travers un dispositif qui n'est pas sans rappeler celui d'Ettore Scola dans son Bal (Ballando, ballando, 1983) qui lui aussi mettait en scène 50 ans d'histoire d'un pays meurtri avec des personnages qui tentaient d'échapper à la violence environnante dans l'exercice de leur art de la scène. Car si le personnage éponyme de la concubine interprété avec virtuosité et une délicatesse viscérale par un Leslie Cheung inoubliable, préfère épouser son rôle de fiction avec une passion dévorante, c'est aussi parce que le contexte social est particulièrement anxiogène. Ainsi, le film pose la question de l'art face à la réalité politique d'une société et dans quelles mesures il peut s'en affranchir tout en la mettant en scène plus ou moins implicitement.

Le triangle amoureux laisse en suspens tout au long du film le tabou d'une homosexualité implicite avec des liens d'interdépendances dans ce trouple dont l'interdépendance vient réveiller également le sentiment de culpabilité où amitié, fidélité et amour se confondent.

Cette fresque historique n'a rien perdu de son souffle et son édition prestige en 4K Ultra HD dans un coffret faisant de ce support de film un écrin précieux conçu par Carlotta rend un bel hommage envoûtant à cette œuvre qui a su saisir les problématiques de la Chine du siècle dernier.

Illustration 2

Adieu ma concubine
Ba wang bie ji
de Chen Kaige
Avec : Leslie Cheung (Cheng Dieyi alias Douzi), Ma Mingwei (Douzi, enfant), Yin Zhi (Douzi, adolescent), Zhang Fengyi (Duan Xiaolou alias Shitou), Fei Yang (Shitou, enfant), Zhao Hailong (Shitou, adolescent), Li Chun (Xiao Si, adolescent), Lei Han (Xiao Si, adulte), Gong Li (Juxian), Lu Qi (Maître Guan), Ge You (Maître Yuan), Tong Di (Zhang l'Eunuque), Li Dan (Laizi / l'écolier de l'Opéra de Pékin), Jiang Wenli (la mère de Douzi), Zhi Yitong (Aoki Saburo), David Wu (un Garde Rouge), Ying Da
Chine, Hong Kong, 1993.
Durée : 172 min
Sortie en salles (France) : 27 octobre 1993
Sortie France de l'édition Prestige limitée - 4K Ultra HD + Blu-ray + goodies : 21 mai 2024
Format : 1,85 – Couleur
Langues : mandarin, français - Sous-titres : français.
Éditeur : Carlotta Films

Bonus :

« La Cinquième génération » : Entretien avec Hubert Niogret, historien du cinéma (2024, HD, 23’33”)
Making of, avec le réalisateur et les trois comédiens principaux (2003, 23’33”)
Bande-annonce teaser (HD, 2’15”)
Bande-annonce 2023 (HD, 2’02”)

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