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Billet de blog 24 décembre 2017

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James Bond, demi-dieu crapuleux de notre humaine modernité ?

De quoi Bond est le nom ? Qu’est-ce que sa longévité cinématographique témoigne de son rapport étroit avec son public ? Pourquoi à chaque époque son public est en mesure de se refléter dans ce personnage et ses aventures ?

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Parution du livre Le Monde selon James Bond de Jean-Philippe Costes

La moitié de l’histoire du cinéma a été traversée par un même personnage, capable de retrouver une éternelle jeunesse en vampirisant une nouvelle chair d’acteur : son nom est Bond, James Bond. Mais de quoi Bond est le nom ? Qu’est-ce que sa longévité cinématographique témoigne de son rapport étroit avec son public ? Pourquoi à chaque époque son public est en mesure de se refléter dans ce personnage et ses aventures ? Pour répondre à ces questions et d’autres encore, Jean-Philippe Costes a eu l’audace de se prêter à la prosopopée, donnant la parole au personnage fictif mais hautement documenté de James Bond. L’agent secret se livre en effet ici à un tête-à-tête privilégié avec le lecteur, proposant une analyse rétrospective de ce que ses aventures, qui se déclinent en non moins que 25 longs métrages, révèlent de son identité secrète. Comme déjà dans son ouvrage Les Subversifs hollywoodiens, Jean-Philippe Costes va chercher dans des films fortement médiatisés une description inédite, celui d’un personnage éminemment politique dans ses rapports aux femmes, à la démocratie, à la hiérarchie, auxdits méchants, etc. Il y a un véritable plaisir ludique à revisiter l’univers filmique bondien (puisqu’ici l’œuvre littéraire de Ian Fleming n’est pas traitée) avec cette fausse complicité du demi-dieu James Bond qui offre une lecture éminemment politique, il va sans dire lorsque l’on est publié dans cette excellente maison d’édition Liber qui est toujours en lien avec les mouvements contemporains d’une société capable de s’inventer au quotidien. Jean-Philippe Costes ne parle jamais de mise en scène, des réalisateurs et des acteurs qui se sont succédés au fil des films, cela ayant déjà amplement été analysé par Claude Monnier dans son ouvrage James Bond. Une esthétique du plaisir (L’Harmattan, 2015). Ici, ce sont les signifiants de James Bond et des personnages qui l’entourent qui sont analysés, selon cette fine intuition que ceux-ci ont de larges secrets à révéler et nul besoin de les faire parler sous la torture du scalpel universitaire du critique de cinéma. Jean-Philippe Costes a la brillante idée d’aborder la fiction par la fiction : en donnant la parole à son personnage central, il donne directement à comprendre toute la portée fantasmatique que comporte celui-ci, en tant que double inavoué du spectateur. La figure de James Bond est d’autant plus intéressante qu’une nouvelle figure du mal vient le révéler à lui-même, comme son double refoulé. Pour cette raison, le portrait du spectateur et plus largement de la société contemporaine est à lire avec attention à la fois dans la figure de James Bond et de son acolyte, le méchant superpuissant de l’histoire en question. Chaque époque a les dieux qu’elle mérite : James Bond en est l’un des reflets.

Illustration 1

Le Monde selon James Bond. Portraits secrets d’un monstre sacré
de Jean-Philippe Costes

Nombre de pages : 178
Date de sortie (France) : 13 novembre 2017
Éditeur : Liber

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