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Billet de blog 25 août 2018

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Entretien avec Tatiana Rojo, alias Amou Tati, comédienne humoriste

Entre cinéma, télévision et théâtre, Tatiana Rojo, alias Amou Tati, est une comédienne humoriste très impliquée dans chacun de ses rôles, comiques ou tragiques, notamment grâce au film "Danbé, la tête haute" de Bourlem Guerdjou et à son spectacle "Amou Tati la dame de fer".

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Illustration 1
Tatiana Rojo alias Amou Tati © DR

Cédric Lépine : Pouvez-vous présenter Amou Tati la dame de fer le spectacle dans lequel vous jouez ?
Tatiana Rojo : L'histoire se développe autour du personnage de ma propre mère que j'ai tant aimée et tant observée. Mon spectacle "Amou Tati la dame de fer" est pour moi une grande fierté car je dis vraiment ce que veux sans limite de temps autour de sujets qui me tiennent à cœur : le continent africain, la Côte d'Ivoire, la condition des femmes et des immigrés, les relations dans les couples mixtes, les chocs de culture. J'ai joué ce spectacle en France en tournée et sur les scènes parisiennes et aussi beaucoup à l'extérieur de l'hexagone : Harlem, Guadeloupe, Côte d'Ivoire, Sénégal, Suisse, Burkina, et dernièrement au Festival de Marrakech, invitée par Jamel Debouzze.
Je travaille depuis plusieurs années avec Eric Checco, le metteur en scène avec qui je développe constamment la dramaturgie de mes prestations. J’ai été également décoré par le président de la Côte d’Ivoire du prix d’excellence national dans la catégorie des Arts Vivants
J'ai été reconnue, il y a quelques mois, comme la meilleure humoriste de la diaspora dans mon pays d'origine... c'est tellement émouvant.
Je me nomme Tatiana mais je préfère mon nom africain Amou Tati. Je suis comédienne, j'écris tous mes textes humoristiques toujours teintés de réflexions et d'émotions. Le rire prends sa source secrète dans le drame.
J'ai joué dans plus d'une vingtaine de films : des petits rôles parfois, mais souvent des premiers rôles aux côtés de Franck Dubosc, Benoît Poelvoorde, François Damiens, Vincent Lindon, Agnès Jaoui, Kad Merad, Vincent Lindon, Christian Clavier, etc.
Pour le film Danbé la tête haute, diffusé sur Arte, dans lequel j'ai le premier rôle, j'ai reçu le Prix de la meilleure interprète au festival de Montréal, ce même film a reçu aussi le premier prix du Festival de la Fiction de la Rochelle.
C. L. : Est-ce que vous travaillez de la même manière vos personnages dans les comédies et les drames ?
T. R. :
Dans les deux cas, il s'agit d'un long travail de préparation où je cherche à savoir ce qui motive le personnage très profondément. Dans Danbé, la phrase qui m'a le plus portée pour construire mon personnage, c'est «Tu te bats, tu ne lâche rien, jusqu'au bout!». Dans tout le film, je n'ai pas cessé d'avoir cette phrase en tête et au fond de mes tripes pour incarner cette mère courage. Je cherche toujours ce qui est le plus profond dans un personnage, le plus brûlant, sorte de "magma" fondamental qui définit mes relations avec mes répliques et me guide dans les choix des interprétations. J'ai beaucoup mis de moi-même et de ma mère dans ce personnage. J'ai beaucoup pensé à ma mère pour construire mon personnage dans Danbé, à la fois dans ses respirations, ses attentes, ses valeurs, ses questionnements et surtout dans sa dignité, traduction du terme "danbé". J'ai beaucoup été soutenu en cela parle le réalisateur Bourlem Guerdjou. Le film méritait de passer au cinéma mais il n'a eu droit qu'à une diffusion télévisée.
C. L. : La mère est un personnage récurrent parmi vos rôles.
T. R. :
J'aime beaucoup jouer les mères mais je sais tout jouer. Les mères sont des personnages qui ont plus d'expériences, les interpréter ouvre beaucoup de nuances dans le jeu. J'aime aussi les personnages âgées que j'ai longuement observé dans mon enfance en Côte d'Ivoire... Je suis née au Havre et à 7 ans j’ai dû vivre sur San Pedro avec ma famille un petit port, aussi d’un quartier Bardot l’un des plus grands bidonvilles de l'Afrique de l'Ouest, il a fallu mûrir très vite, on n'avait pas le choix, c'était une question de survie. Après ce début de vie dans une enfance pauvre, mais joyeuse tout devient facile.
C. L. : Vos rôles sont nourris à la fois de votre propre expérience et des personnes réelles autour de vous ?
T. R. :
En effet, j'ai besoin de me nourrir, de me projeter et de connaître les personnes. Je ne me contente pas de les imiter : je les observe et à partir de là je travaille mon mon texte et propose beaucoup de facettes à mon réalisateur. En revanche, quand le réalisateur cherche des personnages africains trop clichés et caricaturaux, je refuse ces rôles.

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