Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

3669 Billets

6 Éditions

Billet de blog 26 janvier 2015

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Nicolas Cage, arme fatale de Tokarev de Paco Cabezas

 Sortie DVD de Tokarev, de Paco Cabezas

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
© Marco Polo Production

Sortie DVD de Tokarev, de Paco Cabezas

Paul Maguire est un entrepreneur à succès reconnu par l’élite politique locale. Il cache néanmoins un passé de tueur peu recommandable. Lorsque sa fille est kidnappée, ses anciens démons ressurgissent. Après que le corps sans vie de sa fille a été retrouvée, Paul demande à ses amis et anciens collègues de la mafia irlandaise de l’aider. Il s’avère que l’arme du crime est un Tokarev, qu’utilisent habituellement les hommes de main de la mafia russe. Pour Paul et ses amis il n’y a plus aucun doute permis : la mort de sa fille est une affaire de vengeance en lien avec une affaire passée.

Retrouver Nicolas Cage dans un film sortant directement en édition vidéo peut attiser la curiosité ou confirmer la carrière en désuétude de l’acteur : pourquoi le nom de cet acteur ne suffit plus à lui seul à attirer des spectateurs en salles ou du moins un film dans le quel il joue en salles ? Les choix de Nicolas Cage ne sont pas des plus heureux depuis quelques années à l’exception du récent Joe De David Gordon Green (2013) ou encore Bad Lieutenant de Werner Herzog (2009). En outre, il faut avouer que son interprétation, son investissement personnel laisse réellement à désirer, comme s’il ne croyait plus rien avoir à offrir de son travail. Tokarev ne prouve pas le contraire. Même si le nom de l’acteur est l’élément marketing le plus mis en valeur sur la jaquette, c’est bien là l’élément le moins intéressant dudit film. On peut être nostalgique de l’acteur, on ne trouvera rien à se satisfaire dans sa bien piètre prestation. Pourtant le scénario était prometteur et le personnage même de Nicolas Cage, avec ses zones d’ombre et un brin de paranoïa grandissante offrait un vrai potentiel d’interprétation pour l’acteur et d’intérêt pour le spectateur. Hélas, l’acteur n’apporte strictement rien à ce personnage et le metteur en scène a oublié de le diriger. Paco Cabezas pour sa première réalisation aux États-Unis, semble se plier aux exigences de la commande sans jamais oser faire des propositions de mise en scène. Que ce soit dans les cadrages, les mouvements de caméra, les prises de vue, rien n’est mis en valeur pour raconter cette histoire à laquelle on finit par se désintéresser. Pourtant, l’histoire, surtout à travers l’évolution du personnage principal et le twist final est réellement digne d’intérêt, transformant un film de vengeance en un habile pamphlet contre l’usage des armes dans la société étatsunienne. En filigrane, on pourrait très bien imaginer la métaphore critique vis-à-vis de la politique guerrière américaine de ces dix dernières années qui a systématiquement choisi ses ennemis à abattre après avoir subi un drame national plutôt que de remettre en cause ses choix passés. La perte d’une fille chérie pour le personnage principal équivaut au niveau national au 11 Septembre et la mafia russe à Saddam Hussein, cet ancien allié américain des années 1980 encombrant. Un des messages politiques du scénario pourrait ainsi être le suivant : avant de se lancer dans un conflit aux lourdes pertes humaines dans un esprit de vengeance, il faudrait prendre le temps de mesurer la situation et surtout sa propre responsabilité dans le drame subi par toute une population. Le scénario était une vraie mine de bonnes idées comme d’ailleurs le film d’horreur Aparecidos du même Paco Cabezas (2007) où les disparus de la dictature argentine s’invitaient dans un film d’horreur : une autre manière de parler de l’histoire argentine. Au final, on sent le désir de la part de cette coproduction États-Unis-France de fabriquer un produit aux bénéfices rapides grâce aux ventes du film dans le monde autour du nom d’un acteur. De tels types de production se mettent en place depuis plusieurs décennies : c’est bon pour un certain business, mais en aucun cas pour les spectateurs et toute l’équipe artistique et technique qui se sont investis dans cette fabrication, le producteur méprisant leur travail. Du respect à tous les niveaux humains dans le monde du cinéma, c’est ce que l’on est à toute époque en droit d’attendre d’une œuvre.

Illustration 2

Tokarev

de Paco Cabezas

Avec : Nicolas Cage (Paul Maguire), Rachel Nichols (Vanessa Maguire), Max Ryan (Kane), Michael McGrady (Danny Doherty), Danny Glover (l’inspecteur Peter St. John), Peter Stormare (Francis O’Connell), Pasha D. Lychnikoff (Chernov)

États-Unis – France, 2013.

Durée : 92 min

Sortie en salles (France) : inédit

Sortie France du DVD : 7 janvier 2015

Couleur

Langues : anglais, français - Sous-titres : français.

Éditeur : Marco Polo Production

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.