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Sortie DVD : Quelque part dans le temps de Jeannot Szwarc
Les rééditions DVD réservent quelques fois de belles et étonnantes surprises, par leur capacité à toucher là où l’on ne s’y attendait pas. Ainsi, Jeannot Szwarc, le réalisateur franco-étatsunien qui a satisfait ses producteurs en assurant la commande Les Dents de la mer 2, choisit d’adapter le roman de Richard Matheson mêlant fantastique et histoire d’amour. Le couple formé à l’écran prend les traits d’une James Bond Girl (dans Vivre et laisser mourir de Guy Hamilton) et d’un Superman (Superman de Richard Donner) tombant follement amoureux dans un hôtel de luxe des années 1910 aux États-Unis. Tout sent le préfabriqué d’un film à la rentabilité immédiate compte tenu de la popularité toute fraîche de ses protagonistes… et pourtant, plus de trente ans plus tard, on se surprend à se laisser envoûter par le charme suranné de cette histoire d’amour impossible. Et ce n’est pas pour rien que le film est devenu un véritable film culte avec de nombreux fidèles fans qui organisent chaque année un pèlerinage sur le lieu du tournage du Grand Hotel où se déroule l’histoire. L’atout maître de ce film est avant toute chose la sincérité qui l’accompagne autant du côté des acteurs principaux, du réalisateur ou encore du compositeur John Barry. Sans pour autant être un chef d’œuvre du cinéma, loin de là puisqu’il ne s’agit aucunement d’explorer les formes du récit de manière novatrice, Quelque part dans le temps touche en plein dans le mille des sources lacrymales en rendant vivant l’essence portée par le romantisme comme forme esthétique et artistique. À l’instar du romantisme littéraire allemand du début du XIXe siècle qui voyait une génération de jeune nobles dépassés par les changements sociaux devenant nostalgique d’une époque fantasmée inconnue, l’histoire ici met en avant une histoire d’amour qui va prendre son origine à cette époque précise où l’innocence des sentiments entre deux individus pouvaient avoir lieu car le monde n’avait pas connu le premier épisode d’une série d’exterminations humaines avec la Première Guerre mondiale. En panne d’inspiration, notre valeureux metteur en scène à succès Richard Collier quitte une décennie 1970 qui a vu naître tant de désillusions sociales, pour rejoindre la haute société de 1912. Le premier contact ave le passé se fait à travers une photographie d’une jeune femme qui aura d’autant plus de sens lorsque l’on connaîtra plus tard dans le film son origine.

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Richard Collier, incarné avec grâce et candeur par Christopher Reeve, est comme un enfant découvrant maladroitement mais avec une étonnante assurance qui le fait affronter la discipline de fer du tuteur de sa promise. Certain de son amour, ce grand enfant recherche un amour maternel perdu dans le passé : c’est cet amour accompli qui doit lui permettre de donner naissance à l’individu créatif qu’il sera lui-même. Autrement dit, il incarne tout à fait la figure démiurgique de l’artiste capable de s’autocréer en voyageant dans le temps. Pour cela, pas de magie, seulement la force de l’autopersuasion : c’est ainsi que le voyage temporel devient possible. C’est là encore une brillante idée de mise en scène de Jeannot Swarc, tout du moins d’une grande efficacité romantique ! De même le dénouement tragique ou non, si l’on considère l’amour comme intemporel et immortel, s’attachant à un moment donné à des êtres de chair tout en les transcendant, est une parfaite expression du romantisme allemand.
Ajoutons en outre, que Rimini, dans ses éditions de films de patrimoines, prend un soin particulier à ses bonus avec ici par exemple un entretien exclusif avec le réalisateur Jeannot Swarc revenant sur la genèse et le tournage de son film avec précision, anecdotes et force détails ou encore une présentation de l’auteur dont le livre a été adapté pour le cinéma, Richard Matheson.

Quelque part dans le temps
Somewhere in Time
de Jeannot Szwarc
Avec : Christopher Reeve (Richard Collier), Jane Seymour (Elise McKenna), Christopher Plummer (William Fawcett Robinson), Teresa Wright (Laura Roberts), Bill Erwin (Arthur), George Voskovec (le docteur Gerald Finney), William H. Macy (le critique), George Wendt (un étudiant), Ted Liss (l'agent de Richard)
USA – 1980.
Durée : 99 min
Sortie en salles (France) : 6 mai 1981
Sortie France du DVD : 24 février 2016
Couleur
Langues : anglais, français - Sous-titres : français.
Éditeur : Rimini Éditions
Bonus :
« Quelque part dans le temps raconté par Jeannot Szwarc » : interview du réalisateur (Exclusivité France - 35’57”)
« Richard Matheson, une légende » : entretien avec Pascal Montéville, professeur de sciences politiques à la School Year Abroad de Rennes (30’55”)
Le fan club Somewhere in Time (page texte avec lien Internet)
Les week-ends Somewhere in Time (page texte avec lien Internet)