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Cédric Lépine

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Billet de blog 26 juin 2015

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The Wachowskis : à l’ombre d’eux-mêmes dans Jupiter

Sortie Blu-Ray de Jupiter : le destin de l’univers, d’Andy & Lana Wachowski

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Illustration 1
© Warner Bros

Sortie Blu-Ray de Jupiter : le destin de l’univers, d’Andy & Lana Wachowski

Jupiter Jones, immigrée russe et orpheline de père, travaille avec sa famille à nettoyer inlassablement les WC de ses riches employeurs. Un jour, alors que des extraterrestres tentent de l’assassiner, elle est sauvée in extremis par Caine, ancien chasseur interplanétaire disposant de gènes de loup.

Dans ce space opéra, les Wachowski confirment le développement de leur univers personnel. Malgré quelques faiblesses, leur précédent long métrage Cloud Atlas ne manquait pas d’une véritable ambition menant à de vraies réussites narratives. Mais avec Jupiter : le destin de l’univers le contexte change puisqu’ils se retrouvent à nouveau avec un budget colossal estimé à 176 millions de dollars. Ils signent ce film à la fois en tant que réalisateurs, scénaristes et producteurs, trois postes clés pour conserver la main mise sur un projet. Toutefois, on est loin des audaces narratives de Cloud Atlas et de la critique de la société de consommation qu’ils ont su pourtant si bien mettre en scène dans leurs films précédents. La tentation de la critique de la société contemporaine apparaît dans la révélation finale du destin des humains sur Terre à l’instar de Matrix. Mais à la différence des autres films, le récit n’est pas porté par cette critique et ses multiples analyses possibles. Le film se concentre totalement sur l’histoire d’amour des deux personnages principaux et les multiples scènes d’action, où comment la belle se met sans cesse dans des situations périlleuses pour que son chevalier vienne la sauver d’une mort certaine : à plusieurs reprises ces circonstances se répètent et finissent par devenir inconsistantes. D’autant plus que l’inexpressivité appuyée du visage de Caine empêche d’y voir des émotions naissantes et le coup de foudre de Jupiter n’est pas non plus crédible faute d’une réelle mise en scène de celui-ci : on ne voit pas naître en elle ledit amour, comme si elle ne pouvait que tomber amoureuse du premier venu lui proposant un nouveau destin. Quant aux scènes d’action, elles sont parfois chorégraphiées avec tant de rapidité dans des scènes où l’obscurité domine (on est à la fois dans l’espace et les scènes du crépuscule prédominent) qu’il est difficile de les apprécier à la mesure du travail fourni pour les concevoir. Les Wachowski semblent recycler leurs thèmes les plus percutants afin de conférer leur identité au film mais sans guère de conviction. Le scénario se révèle moins étoffé que l’on était en droit d’espérer. Il reste quelques costumes savamment travaillés, quelques traits d’humour peu courants chez les Wachowski (ils avaient bien initié leur sens de l’humour malgré tout dans une des histoires de Cloud Atlas se déroulant en maison de retraite) avec un hommage plus particulier à Terry Gilliam (en sa présence) et à son Brazil dont une longue séquence qui peut surprendre à l’intérieur du film puisque les deux personnages principaux restent tout le temps en retrait et que l’action est suspendue. Serait-ce là une clé pour redécouvrir et relire l’œuvre des Wachowski ? En effet, Brazil qui se référait lui-même à l’œuvre littéraire 1984 de George Orwell peut servir de grille d’analyse pour appréhender leur filmographie. Et ce n’est pas sans humour que la propriété de la Terre soit remise entre les mains d’une immigrée russe récurant les WC des nantis américains : une révolution serait-elle en cours aux États-Unis du côté de la classe sociale la moins favorisée du système économique néolibéral ? De Jupiter : le destin de l’univers, il ne reste malgré tout qu’une petite œuvre où les Wachowski sont hélas restés trop à l’ombre d’eux-mêmes.

Illustration 2

Jupiter : le destin de l’univers

Jupiter Ascending

d’Andy & Lana Wachowski

Avec : Channing Tatum (Caine Wise), Mila Kunis (Jupiter Jones), Sean Bean (Stinger Apini), Eddie Redmayne (Balem Abrasax), Douglas Booth (Titus Abrasax), James D'Arcy : le père de Jupiter Jones), Bae Doona (Razo), Tuppence Middleton (Kalique Abrasax), Vanessa Kirby (Katharine Dunlevy), Terry Gilliam (le responsable du bureau des Sceaux et Cachets), Gugu Mbatha-Raw (Famulus), Ariyon Bakare (Greeghan), Christina Cole (Gemma Chatterjee), Maria Doyle Kennedy (Aleksa), Spencer Wilding (Falque)

USA, Royaume-Uni - 2015.

Durée : 128 min

Sortie en salles (France) : 4 février 2015

Sortie France du DVD : 24 juin 2015

Format : 2,40 – Couleur

Langues : anglais, français, espagnol - Sous-titres : français, danois, néerlandais, finlandais, islandais, norvégien, espagnol, suédois, anglais.

Éditeur : Warner Bros

Bonus :

« Jupiter Jones : notre destinée est ancrée en nous » : le voyage de Jupiter Jones, de simple immigrante à Reine de l’Univers (HD - 6’56” - VOST)
« Gaine Wise : guerrier interplanétaire » (HD - 5’18” - VOST)
« Les Wachowski : le pouvoir de l’esprit » (HD - 7’25” - VOST)
« Des mondes à l’intérieur des mondes » (HD - 9’36” - VOST)
« Jupiter le destin de l’Univers : combinaison génétique » : la création des hybrides animaux-humains (HD - 10’25” - VOST)
« Un Bullet Time plus évolué » (HD - 9’35” - VOST)
« De la Terre à Jupiter (et partout entre les deux) » (HD - 9’34” - VOST)

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