À propos du DVD Summer Wars, de Mamoru Hosoda
Le lycéen Kenji Koiso, féru de mathématiques et grand timide, travaille l’été pour le service informatique d’Oz, une gigantesque communauté virtuelle où se retrouvent à la fois particuliers, entreprises et administrations du monde entier. Nagano, une lycéenne à laquelle il n’est pas insensible, lui propose un travail pour l’été. Il s’agira de l’accompagner à une réunion de famille à Nagano où il devra jouer son petit ami. Pendant ce temps, dans le monde virtuel d’Oz, une intelligence artificielle nommée Love Machine mène une lutte sans merci tentant de pirater le système, au risque de créer un chaos international.
Pour son cinquième long métrage après La Traversée du temps, Mamoru Hosoda situe l’action de son manga à la fois à la campagne au sein d’un clan familial autrefois très puissant et dans le monde virtuel d’Oz. Le récit est d’autant plus saisissant que le contraste entre les deux univers est précisément au service du récit. À chaque univers est attribuée une animation particulière, car monde virtuel et monde réel ne peuvent se confondre, même si les deux sont étroitement liés. Le manga est un seinen, c’est-à-dire que le premier public visé est constitué d’adolescents. À ce titre, il touche avec perspicacité l’enjeu de cet âge en interrogeant la passion du geek, les excès d’un monde réel dominé par un monde virtuel où tous les fantasmes de consommation et de destruction (Love Machine incarne ici un besoin d’amour dévorant et, niant l’autre et devenant destructeur) n’ont plus de limites. Le personnage principal du geek timide mais hyper doué pour l’informatique et les mathématiques est traité sans aucune ironie et avec beaucoup de respect, comme rarement on peut le voir au cinéma. L’identité nippone est avec justesse présentée comme bicéphale, sans pour autant être schizophrène, ce qui pourrait en étonner plus d’uns. En effet, il y a d’un côté la fascination pour le progrès technique, la croissance économique prétendument sans fin de ce secteur, la culture urbaine qui en émane colonisant toujours plus de nouveaux territoires et d’un autre côté il y a l’enracinement d’un Japon qui trouve encore ses valeurs propres dans la famille clanique ici régie de main de maître par une matriarche dans un milieu rural. Les deux mondes sont très bien traités avec un souci réaliste du contexte sociologique contemporain. Cette peinture est à cet égard des plus fascinantes et fait de Mamoru Hosoda un véritable auteur toujours à suivre avec beaucoup d’intérêt. Certes comme de coutume l’animation du manga, à l’instar des œuvres de l’illustre Hayao Miyazaki, n’est guère inventive, de même pour l’animation des personnages et leurs psychologies, la plupart du temps caractérisées par des excès d’humeur. Mais c’est là vraisemblablement ce qui constitue les « codes » du manga et une fois ceux-ci pris en charge par le réalisateur, toute son inventivité peut alors être libérée sans aucune retenue pour le plus grand plaisir de tous, à partir de 8 ans, sachant que les adultes gagneront beaucoup à le voir.
Summer Wars
Sama wozu
de Mamoru Hosoda
Japon – 2009.
Durée : 114 min
Sortie en salles (France) : 9 juin 2010
Sortie France du DVD : 27 octobre 2010
Format : 1,85 – Couleur
Langues : français, japonais - Sous-titres : français.
Éditeur : Kazé