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Au sujet du DVD : In the Family de Patrick Wang
Au sein du cinéma indépendant, il est encore possible de trouver de véritables films indépendants, dépassant l'étiquette « Sundance » attribué à ces films. Patrick Wang est un cinéaste complet qui crée un film comme aucun autre, pas par volonté de se distinguer, mais modestement pour trouver la meilleure forme cinématographique de raconter l'histoire qu'il a pris le temps de coucher sur papier. Il réussit à déjouer tous les attendus du cinéma : ainsi, il est question d'homoparentalité sans que le mot soit employé, le Tennessee dépasse les représentations dévalorisantes habituelles de la société américaine du Sud, le terrain juridique ne conduit pas à faire du film un film-procès, les personnages ne sont pas les antagonismes des uns vis-à-vis des autres, le père endeuillé ne devient ni un suprapère, ni un homme portant un deuil l'écrasant de tout son poids... Autrement dit, après toutes les tentatives de réalisme au cours de l'histoire du cinéma, Patrick Wang réussit une expérience novatrice qui lui permet de rendre compte de la vie dans ce qu'elle est intimement et simplement. Pour cela, nul besoin d'une caméra voyeuriste qui volerait des moments de réel perturbé à des êtres trop parfaits pour être honnête. L'éthique cinématographique de Patrick Wang rejoint comme rarement d'autres ont pu le faire, celle de Cassavetes, non pas en le singeant, mais en ayant le même intérêt pour ces personnages que pour la vie qui n'a pas besoin d'être « spectacularisée » pour être cinématographique ou du moins intéressante pour le public. Patrick Wang a d'abord étudié le théâtre avant de penser le cinéma. C'est là un atout évident, car alors même qu'il est à l'intérieur du film en tant que personnage principal, il réussit à maintenir sa mise en scène tout au long du film. Dans ce déchirement que constitue l'amour filial, qu'éprouve sincèrement et profondément Joey que Sally sa belle-sœur, nul n'attire jamais la haine du spectateur. En cela, le cinéaste respecte aussi bien la réalité prosaïque des relations humaines, que le spectateur en ne lui imposant pas un manichéisme nécessairement manipulateur au service dudit scénario. Les personnages sont eux-mêmes comme ils le seraient sans la caméra pour les filmer et l'amour si respectueux du réel de la part du cinéaste est tel qu'il n'y a jamais rien de trop dans cette durée de film en dehors des standards habituels. On peut parler d'un premier film fleuve par sa capacité à puiser dans différentes sources d'inspiration pour condenser un résultat qui émane de sa sensibilité de cinéaste. En dehors des polémiques sur les modèles familiaux, classiques, traditionnels, etc. In the Family ose plonger au tréfond du sens familial, en interrogeant ce qui la fonde au-delà des relations de sang. Joey n'a pas nécessairement la « fibre paternel » mais il y a une osmose entre le père veuf et son fils, que le cinéaste rend magnifiquement à l'écran, à travers des gestes simples, qui viennent ni sursignifier, ni surpsychologiser leurs relations dans un dialogue à entretenir avec le spectateur. Au contraire, ce dialogue se maintient avec cette confiance qu'a le cinéaste dans ce bien si précieux que nous partageons tous et qui est la vie, et dont se nourrissent immanquablement les œuvres artistiques.
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In the Family
In the Family
de Patrick Wang
Avec : Sebastian Banes (Chip Hines), Patrick Wang (Joey Williams), Trevor St. John (Cody Hines), Park Overall (Sally Hines), Chip Taylor (Darryl Hines), Kelly McAndrew (Eileen Robey), Peter Hermann (Dave Robey), Brian Murray (Paul Hawkes), Susan Kellermann (Marge Hawks)
USA – 2011.
Durée : 169 min
Sortie en salles (France) : 19 novembre 2014
Sortie France du DVD : 7 avril 2015
Format : 1,85 – Couleur
Langue : anglais - Sous-titres : français.
Éditeur : ED Distribution