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Billet de blog 27 octobre 2021

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"Bilitis" un film de David Hamilton

Dans un internat pour jeunes filles à l’approche de l’été, Bilitis, 17 ans, s’éveille à la sensualité et à l’amour. Elle est éprise d’un photographe mais ne sait comment s’y prendre. Elle est invitée chez une châtelaine violentée par son mari adultère et cherche à lui apporter son affection autant que son soutien.

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Illustration 1
"Bilitis" de David Hamilton © LCJ

Sortie du coffret Blu-ray : Bilitis de David Hamilton

Dans la vague à succès du cinéma érotique des années 1970 avec la saga Emmanuelle, le photographe David Hamilton est vivement incité à réaliser à son tour son propre film. L’enjeu est de mettre en images et en mouvements l’érotisme propre de ses images concentrées autour de la sensualité adolescente dans des lumières vaporeuses. Il s’agit ainsi pour les producteurs d’une adaptation d’un univers photographique au cinéma sous la forme d’un long métrage. Comme cela ne fait pas non plus un film, c’est à la référence à la littérature érotique, à savoir Pierre Louÿs et son livre Les Chansons de Bilitis, que le scénario est sensé s’inspirer. Or, de l’œuvre originale il ne reste que le prénom de la protagoniste en évaporant totalement les sources d’inspiration grecque du sapphisme. Là aussi, pour offrir plus de profondeur dans l’écriture cinématographique, c’est à la réalisatrice Catherine Breillat qui venait de signer son premier film, qu’il est fait appel pour nourrir ce scénario. Cette expérience ne fut pas la plus heureuse, Catherine Breillat ne se retrouvant pas dans l’univers érotique de surface de David Hamilton, plus soucieux de ses fantasmes esthétiques que des questionnements qui pourraient nourrir les relations entre ses personnages. Ainsi, le scénario est d’une triste pauvreté et les acteurs pourtant compétents qui apparaissent devant la caméra ne sont pas parvenus à faire vivre leur personnage en raison d’une direction d’acteurs plus soucieuse de beaux effets de lumière que d’incarnation psychologique. Sur le thème de la riche chatelaine délaissée et violée par une sexualité non consentie, il y avait pourtant matière à dénoncer le patriarcat de l’époque.

Ce n’est pas la première fois qu’un photographe inspiré passe au cinéma et il suffit d’évoquer le nom de Stanley Kubrick, Agnès Varda, Raymond Depardon pour se convaincre que cette rencontre aurait pu être concluante. Or, le propre de David Hamilton dans sa réalisation comme dans ses photographies consiste à créer des voiles propres aux fantasmes masculins sur l’adolescence qui se transposent mal au cinéma qui nécessite plus d’immersion dans l’univers décrit.

Bilitis ne constitue pas un film impérissable pour le cinéma mais représente bien l’effervescence d’une époque autour de l’érotisme, d’autant plus que le film a remporté un véritable succès d’audience et que la composition musicale originale de Francis Lai a accentué pour beaucoup la continuité du souvenir du film. En outre, pour qui s’intéresse aux photographies de David Hamilton, le film devient incontournable. Quant aux fans de Bernard Girardeau, ils y trouveront une présence d’une légèreté inédite qui vient compléter l’ensemble de ses interprétations. Quant à la grâce de Patti D'Arbanville, elle est aussi lumineuse dans ce film que mélodieuse dans la chanson de Cat Stevens qui lui est dédiée : Lady D'Arbanville.

Cette édition est particulièrement soignée avec un coffret Collector Blu-ray qui inclut également le CD de la bande originale signée Francis Lai et un Mediabook très détaillé qui vient expliquer les différentes étapes et les circonstances qui ont conduit et permises la réalisation de ce film dans les années 1970.

Illustration 2

Bilitis
de David Hamilton
Avec : Patti D'Arbanville (Bilitis), Mona Kristensen (Melissa), Bernard Giraudeau (Lucas), Gilles Kohler (Pierre), Mathieu Carrière (Nikias), Madeleine Damien (Nanny), Catherine Leprince (Hélène)
France, Italie, 1977.
Durée : 95 min
Sortie en salles (France) : 16 mars 1977
Sortie France du coffret Collector Mediabook Blu-ray + CD : 25 août 2021
Format : 1,66 – Couleur
Langues : anglais, français, allemand - Sous-titres : français.
Éditeur : LCJ Éditions

Bonus :
Rencontre exclusive avec Noël Véry, assistant chef opérateur sur le film
le CD audio de la bande originale du film
le livret rédigé par Marc Toullec (60 pages)

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