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Billet de blog 27 décembre 2017

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Spider-Man : entre lutte des classes et transhumanisme

Le jeune Peter Parker, alias Spider-Man, est encore tout émoustillé d’avoir lutté auprès des Avengers. Le retour à sa vie de lycéen est d’autant plus rude que Peter ne rêve que d’aventures sous son masque alors que Tony Stark, son mentor, ne cesse de le tenir à l’écart.

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Illustration 1
"Spider-Man : Homecoming" de Jon Watts © Sony Pictures

Sortie 4K Ultra HD + Blu-ray 3D + Blu-ray + Digital UltraViolet : Spider-Man : Homecoming de Jon Watts

Ce nouveau reboot de Spider-Man a l’intelligence de ne pas en être tout à fait un. En effet, voici la troisième tentative de relancer la franchise Spider-Man depuis le début des années 2000 après la trilogie Sam Raimi et son interprète Tobey Maguire, suivie du reboot dirigée par Marc Webb et l’acteur Andrew Garfield dans le rôle principal. Avec le réalisateur Jon Watts et l’acteur Tom Holland, on repart sur de nouvelles bases, sans pour autant passer par la case départ, aussi frustrante que lassante. C’est que Spider-Man : Homecoming dispose d’un précédent de poids : la franchise des Avengers avec l’épisode Captain America: Civil War (2016) d'Anthony et Joe Russo où Spider-Man, interprété pour la première fois par Tom Holland, fait son apparition. Après moult négociations entre Sony, détenteur des droits de Spider-Man et Marvel, ce film entérine l’entrée d’un nouveau super-héros dans la planète cinématographique d’Avengers. Pour adouber cette nouvelle venue, ledit super-héros méritait bien un long métrage pour lui tout seul. C’est chose faite avec Spider-Man : Homecoming signé, chose surprenante, par un réalisateur peu connu du grand public après ses deux longs métrages, un film d’horreur et un thriller, qui ont le mérite d’avoir retenu l’attention des grands studios. L’avantage de ce sang frais, qui n’a pas encore acquis suffisamment de notoriété pour se croire indispensable, mais suffisamment pour croire au film de genre qu’il signe, consiste à offrir un nouvel élan à la réalisation. En l’occurrence, le ton suivi est étonnamment subversif et critique à l’égard du succès populiste des super-héros. Ainsi, Spider-Man finira par accepter d’être un humble super-héros au service des démunis plutôt que de chercher la surenchère du côté des grands méchants. La mise en scène du film ne suit pas rigoureusement ce propos, dont elle se sert abusivement sans y croire vraiment, toutefois il y a un vrai mérite de pouvoir mettre en mots cette critique. En effet, que penser de ces super-héros milliardaires ? Peut-on vraiment croire en leurs valeurs démocratiques eux qui sont le pur produit de la division acharnée entre les classes sociales, qu’il s’agisse du richissime marchand d’arme Iron-Man, du soldat lobotomisé Captain America prêt à servir aveuglément la propagande nationaliste de son pays, du prince de sang Thor pour qui les Terriens ne sont pas des individus avec lesquels il peut débattre, etc., etc. ? Spider-Man a pour lui d’être un héros prolétaire et qui plus est adolescent, apte à suivre les engagements politiques de sa génération type Occupy Wall Street (pourquoi pas ?) et autres. C’est vrai que sa fascination pour le milliardaire Tony Stark et toute sa technologie martiale l’empêche encore de découvrir sa propre conscience citoyenne mais le film nous fait croire qu’il pourrait en être autrement, surtout à travers le personnage clé d’Adrian Toomes alias le Vautour, alias le super-vilain, interprété par Michael Keaton, l’ex super-héros milliardaire des années 1990 : Batman. Cette fois-ci Michael Keaton interprète un entrepreneur du bâtiment soucieux de faire vivre sa famille et celle de ses employés. Il va devenir un « super vilain » précisément à cause d’une opération frauduleuse de récupération de marché public de l’entreprise Stark, elle-même responsable d’une grande partie des destructions urbaines. Michael Keaton fait passer ainsi son personnage d’un statut social à un autre, d’un film de super-héros à un autre, confrontant deux univers rivaux (Marvel vs DC Comics). Il n’y a évidemment pas de hasard dans ce choix de casting ni même de scénario : la guerre des classes est déclarée en plein contexte civilisationnel de guerre néolibérale mondialisée et le blockbuster réalisé par Jon Watts ose s’en faire le témoignage, ridiculisant par-là même le propagandiste Captain America dans les vidéos qui circulent dans le tout le film.
Un autre sujet surgit là où ne l’attend pas alors qu’il est précisément approprié : la critique du transhumanisme. En effet, la nouvelle tenue robotisée de Spider-Man, comparée à son costume cousu main, développe tout son potentiel extrahumain mais se trouve au bout du compte inopérant pour que l’individu Peter Parker trouve son proche chemin vers la maturité. Le scénario laisse ainsi entrevoir à cette occasion, derrière l’extase publique à l’égard des super-héros, la fascination pour le transhumanisme, ou comment la technologie offre la promesse de dépasser les limites humaines pour faire de tout individu un surhumain. Pour toutes ces raisons, malgré les limites au genre qui ne peuvent permettre à une telle production de faire de ce film une œuvre révolutionnaire, ce nouvel opus des aventures de Spider-Man est positivement surprenante.

Illustration 2

Spider-Man : Homecoming
de Jon Watts
Avec : Tom Holland (Peter Parker / Spider-Man), Michael Keaton (Adrian Toomes / le Vautour), Robert Downey Jr. (Tony Stark / Iron Man), Marisa Tomei (May Parker), Jon Favreau (Harold « Happy » Hogan), Zendaya Coleman (Michelle « M.J. » Jones), Jacob Batalon (Ned Leeds), Laura Harrier (Liz Allen), Donald Glover (Aaron Davis), Tyne Daly (Anne Marie Hoag), Bokeem Woodbine (Hermann Schultz / le second Shocker), Tony Revolori (Flash Thompson), Angourie Rice (Betty Brant), Michael Chernus (Phineas Mason / le Bricoleur), Michael Barbieri (Charles Murphy), Abraham Attah (Abraham Brown), Kenneth Choi (le proviseur Morita), Hannibal Buress (Coach Wilson), Selenis Leyva (Mme Warren), Martin Starr (M. Harrington), Isabella Amara (Sally Avril), Jorge Lendeborg Jr. (Jason Ionello), Tiffany Espensen (Cindy Moon), Logan Marshall-Green (Jackson Brice / le premier Shocker), Jennifer Connelly (la voix de KAREN), Kerry Condon (la voix de FRIDAY), Michael Mando (Mac Gargan), Garcelle Beauvais (Doris Toomes), Gwyneth Paltrow (Pepper Potts dans un caméo), Chris Evans (Steve Rogers / Capitaine America dans un caméo), Stan Lee (Gary, l'un des habitants criant contre Spider-Man dans un caméo)
USA – 2017.
Durée : 133 min
Sortie en salles (France) : 12 juillet 2017
Sortie France du DVD : 20 novembre 2017
Format : 2,39 – Couleur
Éditeur : Sony Pictures
Bonus :
10 scènes supprimées
Betisier
Le guide d’étude de l’araignée
Spots inédits de Captain America
Suite : Les réalisateurs comblent le fossé de la Bataille de New York
Une toile enchevêtrée : Spider-Man dans l’univers cinématique de Marvel

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