Sortie DVD de La Duchesse de Varsovie, de Joseph Morder
Dans son petit appartement parisien, Valentin accueille sa grand-mère Nina venue passer quelques jours dans la capitale française. La complicité est grande entre eux même si chacun doit faire face à un lourd secret.
Dans un décor en toiles peintes deux personnages en chair et en os évoluent. Le film a été complètement tourné en studio avec seulement deux acteurs devant la caméra. Tous les autres sont dessinés, seules leurs voix apparaissent. On l’aura compris, l’histoire est centrée sur la relation entre ces deux personnages. Si le petit-fils est le personnage principal auquel peut s’identifier le spectateur dans son désir de découvrir ce que cache la grand-mère autour de son mystérieux surnom de « Duchesse de Varsovie », c’est cette dernière qui est au centre de l’histoire. Le réalisateur Joseph Morder dans une logique où il a depuis plusieurs décennies été amené à aborder le thème de l’autofiction et le voyage cinématographique à travers son autobiographie, s’intéresse ici à sa propre mère dont Nina est l’incarnation cinématographique. On comprend alors que la peinture représentant le fils de Nina durant le repas familial avec Valentin, reprenne les traits de Josph Morder lui-même ainsi que sa voix. De même cette image du cinéaste mise à distance par une peinture fixe, le dispositif choisi ici sert au mieux le voyage fantasmé et subjectif à travers la mémoire des deux personnages. Le Paris peint en toile de fond est une vision volontairement de carte postale, comme aime à y vivre et s’y retrouver Nina. Et si Valentin exprime ses sentiments à travers la peinture, il semble que c’est là aussi un moyen manifeste qui permet le dialogue avec sa grand-mère. Le dispositif pourrait surprendre à une époque où le cinéma est largement dominé par un souci réaliste de représentation du monde. Mais ce film, s’il s’inscrit dans une filmographie de Joseph Morder marquée pour l’audacieuse expérimentation de la forme cinématographique pour trouver toujours l’expression la plus juste de chacun de ses films, s’inscrit également et pleinement dans l’histoire du cinéma où les films de Méliès montraient des personnages évoluant devant de grandes toiles de peinture pour figurer le monde extérieur et où les comédies musicales hollywoodiennes se sont complètement épanouies dans les mêmes décors aux mille couleurs délicieusement artificielles. L’intime du cinéaste rencontre ainsi une grande histoire partagée où chaque plan est une invitation à redécouvrir la mémoire : ce que peut encore le cinéma pour réaliser qu’il est encore lui-même avec le souci du réalisme ou le plus grand artifice ! Ajoutons à cela que l’on suit avec plaisir le jeu d’Alexandra Stewart et Andy Gillet qui se fond totalement dans l’univers de Joseph Morder.
La Duchesse de Varsovie
de Joseph Morder
Avec : Andy Gillet (Valentin), Alexandra Stewart (Nina)
France – 2015.
Durée : 86 min
Sortie en salles (France) : 25 février 2015
Sortie France du DVD : 18 août 2015
Format : 1,85 – Couleur
Langue : français - Sous-titres : anglais, français.
Éditeur : Épicentre Films
Bonus :
Entretiens et avant-première
Dans les coulisses de La Duchesse de Varsovie
Commentaire audio du réalisateur Joseph Morder
Galerie de photos
Bio-filmographies
Bande-annonce du film
lien vers le site de l’éditeur : http://www.epicentrefilms.com/La-Duchesse-de-Varsovie-Joseph-Morder