Sortie DVD : L’Évadée d’Arthur D. Ripley
Dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le film noir est le genre qui porte le mieux les stigmates d’une période traumatique. Ici, ce contexte est totalement assumé par le vétéran interprété par Robert Cummings. C’est d’ailleurs sa perception trouble de la réalité due aux médicaments qu’il doit prendre pour soigner ses traumatismes de la guerre qui est au centre de l’intrigue. Tandis que le méchant de l’histoire est un homme qui s’est enrichi dans des affaires douteuses, capitalisant des ressources tandis que le pays était plongé dans l’effort de guerre. Pour caractériser ce méchant, c’est la violence misogyne qui est mise en avant, qu’il s’agisse des femmes travaillant à son service et de son épouse interprétée par l’actrice française porte étendard du romantisme tragique amoureux depuis Le Quai des brumes (1938) : Michèle Morgan.
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L’histoire se déroule en Floride à proximité avec Cuba, à l’époque où l’île faisait partie de la zone de forte influence américaine. Dans L’Évadée, Cuba est d’ailleurs le lieu où les personnages rêvent de fuir une vie tourmentée mais où le cauchemar peut se produire. L’île est d’ailleurs associée à la danse et à la prostitution ainsi qu’aux affaires louches où l’intégrité des habitants peut s’acheter contre monnaies trébuchantes. Malgré tout, la réalité cubaine est un simple décor qui n’est jamais utilisé comme une vraie altérité.
L’histoire est finalement construite sur les grands traits classiques propres au film noir avec un jeune homme candide, une femme fatale, un époux violent qu’il faut fuir ou dont il faut se débarrasser. L’originalité du scénario est de proposer un singulier changement de perspective au bout d’une heure, ce qui peut décontenancer, entre facilité d’écriture et véritable enjeu pour perdre le spectateur.
Du côté des acteurs, Robert Cummings est quelque peu fade et inexistant, Michèle Morgan est rutilante mais limitée dans son rôle de femme en détresse, Steve Cochran est maléfique mais n’a pas trop d’opportunité de développer son personnage et seul Peter Lorre en bras droit inquiétant sort son épingle du jeu.
Un film de genre mineur mais une belle curiosité à découvrir pour saisir les couleurs d’une époque dans le contexte de l’après-guerre.
L’Évadée
The Chase
d’Arthur D. Ripley
Avec : Robert Cummings (Chuck Scott), Michèle Morgan (Lorna Roman), Steve Cochran (Eddie Roman), Peter Lorre (Gino), Lloyd Corrigan (Emmerich Johnson), Jack Holt (Commandant Davidson), Don Wilson (Fats), Aléxis Minotís (Lieutenant Acosta), Nina Koschetz (Madame Chin), Yolanda Lacca ('Midnight'), James Westerfield (Job, le majordome), Jimmy Ames (Le tueur), Shirley O'Hara (la manucure), Alex Montoya (un détective à La Havane)
USA, 1946.
Durée : 81 min
Sortie en salles (France) : 25 octobre 1947
Sortie France du DVD : 7 décembre 2021
Format : 1,33 – Noir & Blanc
Langue : anglais - Sous-titres : français.
Éditeur : Artus Films
Collection : Les Classiques
