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AU sujet du film en DVD : Au cas où je n’aurais pas la palme d’or de Renaud Cohen
Les mélanges fiction, essai documentaire, autofiction fleurent dans le cinéma français contemporain où à côté d'Au cas où je n’aurais pas la palme d’or, on trouve également Je me fais rare de Dante Desarthe (2006), À toi qui vas naître de Xavier Ladjointe (2013), Le Bal des Actrices de Maïwenn (2009). Pour Renaud Cohen, les grandes figures tutélaires de son film qu'il n'hésite pas citer dans le film via des affiches, ce sont Woody Allen et surtout Journal intime de Nanni Moretti, film fétiche de Renaud Cohen qui hante tout son film. Ces références explicites témoignent bien de la quête de sens et d'identité, où réalisateur et personnage se fondent, même s'ils ne portent pas les mêmes prénoms : ce qui prouve bien que Renaud Cohen s'est donné une limite dans le brouillage des cartes. Son film est bel et bien une fiction et c'est pourquoi il n'hésite pas à faire appel à des acteurs connus et émérites dans des petits rôles, comme s'il s'agissait de garde-fou venant à rappeler au spectateur qu'il se trouve bien dans une fiction tout en montrant aussi que Renaud Cohen sait bien s'entourer, avec ces grands noms du cinéma d'auteur qui apparaissent en guest star dans le film : Julie Gayet, Maurice Bénichou, Samir Guesmi, Frédéric Pierrot, Emmanuel Salinger, Sólveig Anspach, Bruno Todeschini. En outre, dans sa forme elle-même, il emprunte à diverses références cinéphiles, qu'il s'agisse de la première scène où un mort est le narrateur comme dans Sunset Boulevard de Billy Wilder, l'hypocondrie et la judéïté maladive propre aux personnages alleniens joués par Woody Allen lui-même, les excès d'humeur de Nanni Moretti, le désir de coucher avec ses actrices de François Truffaut, les interrogations permanentes d'un personnage qui finit par faire un film comme Romain Goupil... C'est peu dire que le désir de cinéma est intense chez Renaud Cohen, nourri par le cinéma à tel point que le personnage a besoin de faire un film pour vivre, du moins pour affronter sa peur de la mort. Cette passion dévorante le conduit à négliger totalement tous ceux qui l'environnent : son épouse, ses enfants, sa famille, ses collaborateurs, ses partenaires financiers, à tel point que plus il avance dans son désir de passer à l'action du tournage, plus il s'aliène toutes les personnes qui pourraient être en mesure de le soutenir. C'est là une saine autocritique d'un certain cinéma d'auteur français égocentrique qui aurait complètement oublié que le cinéma repose sur une aventure créative collective même si les stratégies de promotion tendent souvent à associer un film à un nom. C'est là l'un des points forts du film associé à quelques moments comiques. Il manque cependant une personnalité à ce film, qu'il s'agisse de son scénario, de ses choix de mise en scène, de son humour, de sa tonalité générale. Seul le titre est l'une des plus grandes trouvailles en ce qu'il réussit à pointer d'un doigt ironique l'égocentrisme d'un certain cinéma français qui a inscrit en lettres d'or l'idée de cinéma d'auteur comme position élitiste vis-à-vis de l'ensemble d'une industrie. Bien que sincère, le film de Renaud Cohen manque d'inventivité et ne parvient pas à dépasser toutes ses références judicieusement choisies. Il a malgré tout pour lui le mérite d'exister et l'on peut saluer l'énergie de Renaud Cohen et à son équipe d'avoir réussi à mener à terme avec audace et sens de l'autodérision son projet.

Au cas où je n’aurais pas la palme d’or
de Renaud Cohen
Avec : Renaud Cohen (Simon), Julie Gayet (Julia), Maurice Bénichou (Maurice Bénichou), Samir Guesmi (Yossef), Frédéric Pierrot (le producteur), Emmanuel Salinger (le cousin radiologue), Sólveig Anspach (réalisatrice anonyme), Alain Beigel (réalisateur anonyme), Diana Rudychenko (Diana), Bruno Todeschini (Matteo)
France – 2011.
Durée : 85 min
Sortie en salles (France) : 8 août 2012
Sortie France du DVD : 2 janvier 2013
Format : 1,85 – Couleur
Langue : français - Sous-titres : anglais.
Éditeur : Jour2Fête
Bonus :
Interview du réalisateur Renaud Cohen (9’)
Le Mégaphone : la promotion du film devant le cinéma Espace Saint-Michel à Paris (50”)
Bande-annonce