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Billet de blog 31 août 2020

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Les débuts prometteurs de John Cassavetes, Sidney Poitier et Martin Ritt

Axel, un jeune homme au passé trouble, arrive à New York et décroche le premier emploi venu comme docker. Alors qu’un contremaître se fait de l’argent sur son dos, Tommy lui tend la main et devient un fidèle ami.

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Illustration 1
"L'Homme qui tua la peur" (Edge of the City) de Martin Ritt © LCJ

Au sujet de l'édition DVD : L'Homme qui tua la peur (Edge of the City) de Martin Ritt

Une belle curiosité que ce film qui signe la réunion de trois talents à leurs débuts : Martin Ritt qui réalise son premier long métrage pour le cinéma, John Cassavetes juste avant qu’il devienne réalisateur avec Shadow qui allait révolutionner l’histoire du cinéma indépendant made in US, Sidney Poitier avant qu’il gagne une notoriété avec ses grands rôles et son Oscar du meilleur acteur. Encore sobre dans ses intentions, la mise en scène de Martin Ritt n’en est pas moins efficace et le thème développé dans le milieu des dockers où les abus des syndicats et la loi du silence sont une plaie profonde pour des cœurs purs avides de s’en sortir, à l’instar de Sur les quais d’Elia Kazan qui est sans nul doute une grande inspiration du film.

John Cassavetes et Sidney Poitier sont parfaits dans leur rôle, à la fois dynamiques et toujours très spontanés pour s’approprier des séquences avec une vraie liberté dans leur interprétation. Les méthodes de l’Actors Studio sont ainsi merveilleusement mis en œuvre et confèrent aux interprétations une véritable fraîcheur qui n’a pas vieillie. Cassavetes se cherche encore, son interprétation flirtant avec celle de James Dean en jeune névrosé qui cherche à vaincre sa peur pour trouver sa place dans la société. Le monde du travail comme l’espace intime des temps en dehors du travail sont représentés avec un véritable équilibre entre les deux, chose suffisamment rare à l’époque pour ne pas être relevé : la classe laborieuse commence ainsi à être véritablement représentée et notamment dans l’exercice de ses fonctions dans une approche semi-documentaire. Le film s’accélère un peu trop vite pour un dénouement certes convenable et résolument indépendant par rapport à la ligne des studios d’Hollywood, la fin de la chasse aux sorcières de McCarthy libérant enfin des sujets sociaux qui n’avaient plus cours au cinéma. Et même si ce n’est pas le sujet central, peut-être encore par frilosité, le racisme ordinaire est évoqué à un moment et sert notamment au récit dramatique. Pour tous ces partis prix, ce film conserve une aura très intéressante soixante ans plus tard et se laisse voir avec un vrai plaisir.

Illustration 2

L'Homme qui tua la peur (Edge of the City)
Edge of the City
de Martin Ritt
Avec : John Cassavetes (Axel Nordmann), Sidney Poitier (Tommy Tyler), Jack Warden (Charles Malik), Kathleen Maguire (Ellen Wilson), Ruby Dee (Lucy Tyler), Robert F. Simon (George Nordmann, le père d'Axel), Ruth White (Mme Nordmann, la mère d'Axel), William A. Lee (Davis), John Kellogg (l’inspecteur), David Clarke (Wallace), Val Avery, Roy Glenn
USA, 1957.
Durée : 85 min
Sortie en salles (France) : 2 juillet 1958
Sortie France du DVD : 9 janvier 2020
Noir & Blanc
Langues : anglais, français - Sous-titres : français.
Éditeur : LCJ Éditions

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