Après les contrôles aléatoires "discriminatoires" par le Secrétaire d'état aux transports il y a quelques jours, voici le Député du parti Les Républicains, Alain Marsaud qui développent des théories délirantes et fumeuses, tout en réhabilitant l'Etat islamique.
La vidéo est ici, il s'agit d'une interview "politique" Le Talk - Le Figaro.
Le verbatim des principales saillies de ce député de la République, ancienne gloire de l'antiterrorisme des années 80, sur l'afflux de migrants (qu'ils estiment être pour l'essentiel des migrants "économiques"), après quelques propos que ne renierait pas un membre d'un parti d'extrême-droite, voici ce qu'il déclare sur la situation en Syrie (citations notamment ici et là) :
"Nous avons détruit le Moyen-Orient. On a commencé par l'Irak, l'Afghanistan, la Syrie avec la politique douteuse qui est la nôtre. […] Alors il faut se dire : comment rétablir la situation au Moyen-Orient ? Comment faire ? Aller faire la guerre à Daesh ? Mais c'est pas Daesh à la limite qui est l'auteur de tout ça. Je me demande même si Daesh n'est pas un élément stabilisateur de la région. Daesh est en train de créer un 'sunniteland', ce qui n'a jamais existé parce que finalement le Moyen-Orient est en train de souffrir des accords Sykes-Picot de 1916 ou 1917 [1916, ndlr] qui avaient fait une partition inintelligente et un peu n'importe comment du Moyen-Orient. Aujourd'hui on est en train de créer un État sunnite et il y avait besoin d'un État sunnite."
Devant la surprise du journaliste, qui tente de relativiser, Marsaud (s')enfonce et persiste :
"Ça se fait dans la violence, dans l'exagération, dans ce que certains appellent la barbarie mais le terme est utilisé n'importe comment. Mais je crois effectivement que nous avons besoin de cet État sunnite."
Monsieur MARSAUD ajoute même que "les populations adhèrent" au projet de Daech (sic).
Et le député de conclure en répétant à plusieurs reprises : "on ne fait rien car on ne peut rien faire" (après avoir quand même affirmé que tout cela se terminera en "guerre civile" et en "révolte contre les élites").
Je ne vais pas faire un long billet, mais simplement rappeler que la théorie des accords Sykes-Picot (accords de partage entre Français et Anglais conclus en 1916 du Proche-Orient, qui a fixé les futures frontières des payes de la région), comme origine des désordres actuels est la thèse principale des jihadistes de l'Etat islamique eux-mêmes (il suffit de lire l'introduction d'un des livres fondateurs de l'Etat islamique : "la Gestion de la Barbarie " j'avais commencé à en parler ici).
Nous avons donc un député qui :
- reprend les thèses jihadistes (par lesquelles bien évidemment ils s'auto-légitiment)
- confirme toutes les thèses complotistes qui circulent sur le net (essentiellement dans la fachosphère, et dans la propagande pro-Poutine et pro-Assad) sur le prétendu "plan occidental/américain/de la CIA/du lobby juif/du Qatar (rayer la mention inutile)" de redécoupage du Proche-orient, de démembrement de l'Iraq, de la Syrie pour former un "sunnisland".
- réhabilite l'Etat islamique, organisation terroriste ultra-violente àl'idéologie totalitaire, abjecte et messianique, qui représente aujourd'hui notre ennemi direct (que j'étudie sur ce blog).
- nie la "barbarie" des crimes de l'Etat islamique, c'est vrai que c'est un terme "utilisé n'importe comment".
- flatte les discours xénophobes en niant le drame vécu par le peuple syrien, qui fuit l'enfer qu'il vit dans son pays, coïncé entre la dictature d'Assad, les exactions des milices jihadistes diverses et l'horreur de l'avance des forces de l'Etat islamique.
- et préconise de ne rien faire : logique (pour lui) puisque l'Etat islamique rempli un "vide", répare nos "erreurs de 1916" et redéssine une carte plus cohérente (avec quelques exactions ce qui est regrettable, mais bon, "on ne fait pas d'omelette sans casser quelques oeufs" comme on dit par chez nous hein ?).
Je pourrais placer là des milliers de vidéos et de clichés horribles, montrant les exactions et la barbarie ultra-violente savamment mise en oeuvre par l'Etat islamique (dans le cadre d'une stratégie cohérente).
Je me contenterai de rappeler que Monsieur Marsaud est d'après Wikipédia :
- Vice-président du Haut Comité Français pour la Défense Civile.
- Vice-président du conseil d'administration de l'Institut de relations internationales et stratégiques (sic)
- Député UMP de la 10e circonscription des Français de l'étranger.
La 10ème circonscription des Français de l'étranger l'Iraq, le Liban, la Jordanie (et aussi l'Egypte, le Nigéria...), en fait l'Afrique et le Proche Orient.
C'est donc dans la circonscription de Monsieur MARSAUD que se trouve la Syrie, qui - oh surprise - se trouve être un Etat majoritairement sunnite (mais dirigée par une dictature s'appuyant sur une minorité, les alaouites).
Il existe donc déjà un Etat majoritairement sunnite dans la région (ce qui est aussi le cas dela Jordanie mais on ne va pas trop bousculer un esprit si brillant par de basses réalités matérielles aisément vérifiables en quelques minutes sur le net), ce qui remet quelque peu en cause "l'utilité" de l'Etat islamique, ou le "vide" auquel il répondrait avec un peu d'exagération certes.
Chacun jugera de la qualité d'une représentation nationale aussi au fait des réalités de ses propres circonscriptions (il faudra surtout s'en rappeler aux prochaines élections législatives).