Chaque jour, la France engage des dépenses pour ses citoyens — selon leur situation, leur fragilité, leur histoire.
Un demandeur d’emploi perçoit en moyenne environ 40 euros par jour d’indemnisation. C’est peu, mais c’est ce qui permet, dans bien des foyers, de payer le loyer, l’électricité, ou simplement de tenir jusqu’à une embauche.
Derrière les hauts murs de la Maison d’arrêt de la Santé, le coût journalier d’un détenu atteint environ 117 euros en moyenne, et il grimpe nettement lorsqu’il s’agit d’un prisonnier placé à l’isolement ou sous surveillance renforcée.
Dans le cas de Nicolas Sarkozy (condamné à cinq ans de prison ferme, avec mandat de dépôt à effet différé, et ayant fait appel), l’aménagement d’une cellule sécurisée, le personnel supplémentaire affecté, une pièce attenante pour les policiers de garde : la facture réelle pourrait dépasser 250 euros par jour, selon les évaluations de la Cour des comptes et de l’administration pénitentiaire.
Ainsi, l’incarcération de Nicolas Sarkozy coûterait en moyenne à la collectivité une somme six fois supérieure à celle d’un chômeur. Et pourtant, dans l’opinion publique, le « profiteur » reste encore souvent le travailleur privé d’emploi, suspecté d’assistanat.
L’ancien président et le prix du protocole
À ces montants déjà vertigineux s’ajoute un autre chiffre : celui du coût d’un ancien président de la République.
Dans le cas de Nicolas Sarkozy, les dernières estimations établies (2016) par le député René Dosière avancent un total d’environ 3,3 millions d’euros par an — ce qui correspond à près de 9 000 euros par jour.
Ce montant comprend :
- une dotation publique équivalente à celle d’un haut fonctionnaire de l’État ;
- la mise à disposition de collaborateurs et de secrétaires ;
- un bureau et des moyens matériels ;
- et surtout, une protection rapprochée permanente assurée par des policiers ou des gendarmes.
Ces avantages ne sont pas illégitimes en soi : ils résultent d’un protocole en vigueur depuis 1985, censé garantir dignité et sécurité aux anciens chefs d’État. Cependant, aucun texte ne prévoit qu’ils soient suspendus en cas de condamnation judiciaire — ni même en cas d’incarcération effective.
Une question d’équité républicaine
Dans une France où les économies publiques s’imposent à tous — des enseignants aux soignants, des retraités aux demandeurs d’emploi —, où même les malades voient leur prise en charge évoluer, il devient nécessaire d’interroger un principe. Peut-on, au nom de la continuité républicaine, maintenir un tel train de vie à un ancien président condamné ? Faut-il réformer un protocole hérité d’une époque où la fonction présidentielle était sacrée ?
Le paradoxe est cruel : dans l’imaginaire collectif, l’assisté est celui qui touche quelques dizaines d’euros d’allocation par jour. Mais dans la réalité budgétaire, les « assistances » les plus coûteuses ne sont pas toujours les plus visibles.
La République protège tous ses citoyens — c’est l’un de ses fondements. Mais certains lui coûtent bien plus cher que d’autres.