Dans le dernier numéro de la revue Gibraltar, nous avons, Delphine Tayac et moi-même, fait paraître Somonte terre insoumise, un reportage sur la lutte menée par les journaliers agricoles andalous dans le domaine de Somonte.
Après impression de la revue, nous constatons que des modifications de notre texte ont été faites sans notre approbation. Elles ne correspondent pas à ce que nous avions voulu décrire de notre expérience, des personnes rencontrées et de leur lutte.
Sous la plume de la rédaction en chef, Lola Alvarez, la porte-parole de Somonte, devient ainsi la « gardienne de la discipline et de l'orthodoxie », la « pasionaria de Somonte », quelqu'un « d'intransigeant ».
Nous tenions donc à reproduire des passages du texte tels qu'écrits initialement. Pour des raisons juridiques de non-concurrence à la revue dans laquelle est publié notre papier, nous ne pouvons le reproduire intégralement ici.
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P. 28
Toly a le physique bonhomme. Barbu, le regard doux, sa voix s'éraille lorsqu'il évoque les tensions. D'un geste du menton, il montre la phrase peinte sur le mur “ Somonte est pour le peuple… ” : « Quand je lis ça, je suis ému. Voilà pourquoi j'ai lutté toute ma vie. Conflit ou pas, je resterai ici jusqu'au bout, personne ne m'en fera partir ». Pour Lola, ces dissensions proviennent de différends sur les efforts personnels à consentir.« L'alcool, les cigarettes ne sont pas des besoins vitaux. Quand on mène un combat politique, on doit se focaliser sur l'essentiel ». Si tous ne s'accordent pas sur les moyens, la finalité de la lutte n’est pas remise en question.
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P.31
“ Somonte Tierra Libre ”. Les journaliers ont déjà un nom pour leur coopérative, une fois que le système de banque de terres sera mis en place. À terme, elle pourrait employer quarante à soixante personnes par an. « Nous allons faire des campagnes de production d’ail, d'artichaut..., augmenter le cheptel. Le tournesol sera transformé en huile. Le blé en farine », explique Lola. L’objectif est de créer le maximum de postes de travail. « S’il faut, pour cela limiter la mécanisation, nous le ferons ». Une raison de plus pour cultiver en mode biologique. « En plus d’être saine, commente-t-elle, cette agriculture exige plus de main d’œuvre. Sur ce modèle, on pourrait en finir avec le chômage en Andalousie ».
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Javier distribue de généreuses parts de pastèque afin d’en récupérer les pépins. Outre la gratuité du geste, collecter les graines et les échanger avec Longo Maï ou le Réseau andalou de semences – une organisation de conservation de la biodiversité agricole – permet de pérenniser des variétés locales. Un nouvel acte politique face aux grands groupes de l’agro-alimentaire.
Céline Bagault et Delphine Tayac